

À la demande d’un adhérent qui restera anonyme, voici une playlist de musiques inclassables. Pourquoi un tel nom barbare ? Parce qu’à la Médiathèque nous mettons tout dans des cases, parfois en poussant un peu et qu’il faut bien qu’un artiste soit rangé en jazz ou en chanson.
Et parfois ça ne rentre pas. Où mettre ce Jon Hassell qui mêle musique ethnique et trompette jazz ? Ce Naked City entre musique surf et hardcore bruitiste ?
Par moments c’est le côté musique improvisée qui l’emporte, comme chez Sonic Youth, coutumiers du fait. Ou au contraire le côté très écrit d’un Chassol qui harmonise (c’est-à-dire qu’il transforme les sons en mélodies et harmonies) tout ce qui bouge. Enfin ce Hugues Le Bars recyclant le fameux discours de Malraux (« Entre ici, Jean Moulin… ») sur une rythmique guerrière de bruits de bottes qui fait froid dans le dos. Comme quoi expérimenter ne rime pas toujours avec s’amuser…
Bref, tous ces gens traçant leur chemin dans un entre-deux (ou trois ou quatre ou… plus) cohabitent dans notre boite Inclassables, la fameuse cote 450 de notre classement, faute de mieux.
Que cela ne vous empêche pas d’en profiter…
Pour lancer la playlist, cliquez sur la vidéo juste au-dessus.
Pour avoir plus d’infos sur les morceaux présentés, c’est en-dessous que ça se passe :

“L’arrivée des”
Noël Akchoté
Tiré de l’album Adult guitar, 2004

“Malraux”
Hugues Le Bars
Tiré de l’album J’en ai marre, 1991

“Courage”
Jon Hassell
Tiré de l’album Dream theory in Malaya, 1981

“Batman”
Naked City
Tiré de l’album Naked City, 1990

“Tearjerker”
Jarvis Cocker & Chilly Gonzales
Tiré de l’album Room 29, 2017

“Nefertari”
Pierre Bensusan
Tiré de l’album Altiplanos, 2005

“Entertain me”
Tigran Hamasyan
Tiré de l’album Mockroot, 2015

“One of nature’s mistakes”
Henry Kaiser & Fred Frith
Tiré de l’album Who needs enemies, 1983

“Le jeu de la phrase”
Chassol
Tiré de l’album Ludi, 2020

“Disco chinois (Rubin Steiner re-re-remix)”
Rubin Steiner, Julien Ribot & Fugu
Tiré de l’album Oumupo 3, 2006

“White mischief”
Penguin Cafe Orchestra
Tiré de l’album Broadcasting from home, 1984

“Anagrama”
Sonic Youth
Tiré de l’album Anagrama, 1997
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Avez-vous remarqué ?
Que le secteur Jeunesse était, jusque-là, le grand lésé de notre site internet ?
Comment se fait-ce ?
Arf ! Tant de paramètres rentrent en jeu (parmi lesquels l’alignement des planètes) qu’il nous faudrait remonter à la création de la Médiathèque, voire du monde, pour l’expliquer. Ce serait beaucoup trop long et vous avez sans doute d’autres chats à fouetter.
Ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est que désormais, les choses vont changer ! Voui Madame ! Voui Monsieur ! Grâce à qui, on vous le demande ? Grâce au nouveau catalogue en ligne !
À partir de maintenant, promis-juré-craché, on va tâcher de vous communiquer les listes des nouveautés Jeunesse aussi régulièrement que celles des adultes. Et on commence tout de suite avec les nouveautés de l’été. Pour y accéder, rien de plus simple ! Suffit de cliquer sur les pastilles de couleurs ci-dessous, qui reprennent la signalétique utilisée dans les rayons :

Vos bibliothécaires adorés vous proposent de découvrir leurs coups de cœur en lien avec la thématique « Sorcières » mise en avant depuis le déconfinement :
1. Littérature adulte : UN BÛCHER SOUS LA NEIGE de Susan Fletcher
1692. Année traumatisante dans l’histoire des sorcières, inévitablement associée au nom de Salem, à l’hystérie collective, aux simulacres de procès, aux exécutions sommaires. Ça c’est pour le Nouveau Monde.
Et dans la vieille Europe ? Pas plus réjouissant ! Le roman Un bûcher sous la neige nous en donne un aperçu. Il nous emmène sur les landes sauvages d’Ecosse, au-delà d’une Angleterre crasse et obscurantiste. En 1692, le village de Glencoe a été le théâtre d’un massacre. Quasiment tout le clan MacDonald y est passé. Mais ces MacDonald, qui sont-ils ? Des querelleurs. Des fauteurs de troubles. Des partisans du roi Jacques II qui a fui en France après l’usurpation de Guillaume d’Orange. Personne ne les regrettera. Personne sauf Corrag la sorcière. Elle a survécu au massacre. Elle est aux fers. On va la pendre. Le révérend Charles Leslie a fait un long voyage pour recueillir son témoignage. Il veut savoir ce qui s’est réellement passé à Glencoe. Il y a des enjeux politiques derrière tout ça. Corrag accepte de lui révéler ce qu’elle sait. Mais d’abord il faudra que le révérend écoute l’histoire de sa vie. L’histoire de sa mère, femme bien trop libre et bien trop indépendante pour l’époque. L’histoire de sa fuite vers l’ouest sur le dos de sa jument grise. L’histoire de sa survie au contact d’une nature rude et magnifique. L’histoire de tous les marginaux qui ont croisé son chemin et en qui elle s’est retrouvée. Enfin l’histoire de ces rustres highlanders qui l’ont accueillie, elle, l’étrangère, elle, la sorcière.
Un bûcher sous la neige est un roman de femmes, de nature, de solitude, de liberté, d’Histoire… un roman émouvant. Corrag est une héroïne attachante par sa fragilité et la simplicité de ses croyances. Son rapport au monde est d’une grande profondeur. Sa volonté d’y trouver sa place, universelle.
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2. Documentaire adulte : SORCIÈRES, LA PUISSANCE INVAINCUE DES FEMMES de Mona Chollet
Une place… à condition de s’y tenir ! C’est le cruel constat qui émerge à la lecture du galvanisant essai de Mona Chollet, Sorcière : la puissance invaincue des femmes. Partant d’un fait historique établi, l’Inquisition, la journaliste en propose une relecture anthropologique inédite. Si l’idée selon laquelle la sorcière peut être considérée comme un symbole des femmes opprimées n’est pas nouvelle – Jules Michelet ayant développé cette thèse dès 1862 dans son livre La sorcière – Mona Chollet prolonge la réflexion pour en livrer une analyse sociologique. De ce travail de déconstruction ressort que les attentes de la société envers les femmes n’ont au fond pas vraiment évolué en deux siècles : maternité, soumission, beauté*. Et gare à celles qui s’écartent de la Sainte Trinité… Mais pourquoi tant de haine ? Par ignorance du féminin, et par peur. Car savoir, c’est pouvoir : les femmes, détentrices d’un savoir inédit, sont donc fabuleusement, dangereusement puissantes… Et La peur de quelque chose est la graine qui mène à la haine des autres, et la haine portée en soi finit par détruire celui qui la nourrit **. En réhabilitant la figure de la sorcière et en la sortant de son statut de victime, Mona Chollet déplace donc le curseur de la force, conférant à la femme toute sa place. Un essai lumineux et éclairant.
* A ce sujet nous vous recommandons la lecture du passionnant essai de l’auteur consacré au sujet, Beauté fatale.
** George Washington Carver, dont la citation passera à la postérité grâce à Maître Yoda dans La menace fantôme (1999)
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3. Littérature jeunesse et cinéma : KIKI LA PETITE SORCIÈRE de Eiko Kadano et Hayao Miyazaki
Louées soient les éditions Ynnis ! Grâce à elles, le public français va enfin découvrir ce grand classique de la littérature jeunesse japonaise : Kiki la petite sorcière ! Série en 6 tomes, inédite en France, nous y suivons Kiki, apprentie sorcière de 13 ans, au moment où elle quitte ses parents. En compagnie de son chat Jiji, l’adolescente enfourche de nuit son balai à la recherche d’une ville où s’installer. C’est la tradition chez les sorcières. Mais choisir sa ville ne fait pas tout. En plus de s’établir, il faut mettre ses talents au service de la population. Or, des talents, Kiki n’en possède pas tant que ça. La seule chose magique qu’elle sait faire, c’est voler ! Heureusement que la boulangère Osono est là pour la guider. Grâce à ses conseils, Kiki trouve la solution : elle fera de la livraison à domicile sur son balai volant ! L’occasion de se faire plein d’amis et de démêler des situations plus farfelues les unes que les autres !
Une vraie friandise à lire, simple, gentille, légère, plus inspirée des classiques jeunesse occidentaux que du folklore japonais, et qui a contribué à créer, au pays du soleil levant, une iconographie de la sorcière toujours actuelle.
Mais on ne saurait parler de Kiki la petite sorcière, sans évoquer l’adaptation cinématographique du maître Miyazaki. Sortie en 1989, soit 4 ans après la parution du livre, elle en respecte l’esprit, surtout l’introduction très fidèle à l’original, tout en revisitant nombres d’épisodes dans la suite du récit.
Une fois de plus, les studios Ghibli livre une oeuvre enchanteresse, visuellement splendide et agréablement mis en musique par l’incontournable Joe Hisaishi. Les décors de la ville, ses maisons fleuries, ses commerces et ses automobiles rétro sont particulièrement soignés et détaillés. On aurait presque envie de prendre un billet pour aller y séjourner !
Pas étonnant qu’Eiko Kadono, initialement opposée aux changements apportés par le célèbre studio de dessins animés, ait finalement été séduite par un tel résultat !
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4. Bande-dessinée : SACRÉES SORCIÈRES de Pénélope Bagieu
Un petit garçon orphelin vit avec sa grand-mère excentrique, fumeuse de cigare. Cette dernière lui révèle un secret : les sorcières existent, elles sont parmi nous et s’en prennent aux enfants… et ce n’est pas une blague !
La dessinatrice Pénélope Bagieu s’attaque au chef d’oeuvre de la littérature jeunesse du Britannique Roald Dahl (1916-1990), Sacrées sorcières. Elle s’inscrit d’abord dans une forme de continuité, en profitant de l’expertise du petit-fils de l’auteur, Luke Kelly. Le fil narratif reste inchangé : l’orphelin, la grand-mère loufoque et attachante, les sorcières qui masquent leur apparence horrifique sous un profil de normalité, le dessein morbide de tuer tous les enfants après les avoir réduits à l’état de souris, etc. L’autrice fait ensuite honneur au livre en créant un ouvrage dense, aux traits vifs, colorés et expressifs. Elle n’édulcore pas non plus les aspects sombres : la mort, omniprésente, que ce soit à travers l’accident des parents, l’action des sorcières ou l’âge de la grand-mère qui préoccupe le petit-garçon. Elle reste fidèle aussi à l’esprit déjanté : la grand-mère trop maquillée, fumeuse compulsive dont les traits traduisent générosité et amour.
Par ailleurs, elle s’affranchit du roman pour faire entrer Sacrées sorcières dans le XXIe siècle. Le petit garçon sans prénom va se faire une amie qui ne figurait pas dans le roman original. L’autrice reste cette artiste résolument féministe, déterminée à faire voler en éclats clichés et stéréotypes à travers ce personnage de petite fille foncièrement bonne, courageuse et autonome. De plus, les dialogues sont adaptés au ton d’aujourd’hui, mais sans effet de modernité abusive. Enfin, Pénélope Bagieu donne une véritable identité visuelle à l’histoire, s’affranchissant habilement des dessins de Quentin Blake, l’illustrateur des romans de Roald Dahl.
Presque 40 ans après sa sortie, Sacrées sorcières s’offre une adaptation flamboyante, qui non seulement ravira les jeunes lecteurs, mais agira aussi comme une madeleine de Proust sur les adultes.
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5. Manga : FLYING WITCH de Chihiro Ishizuka
On parlait du prototype de la sorcière créé par Eiko Kadano dans son oeuvre Kiki la petite sorcière. On en retrouve des traces dans le manga Flying Witch. Son héroïne, Makoto, plus âgée de 2 ans que Kiki, suit le même chemin qu’elle, mais en sens inverse : elle se met au vert pour parfaire son apprentissage de sorcière, et gagner son indépendance.
Avec 7 tomes publiés à ce jour, la série Flying Witch est une véritable ode à l’amitié et à la famille, à la douceur de vivre et à la vie au contact de la nature, aux instants partagés et à la rêverie. Rêverie parce que la magie que côtoient Makoto et ses proches en a tout l’air. C’est une magie innocente qui colore le quotidien comme une imagination fertile, une vision merveilleuse du monde. Avec elle, les nuages deviennent des baleines volantes, vestiges d’anciennes civilisations, on pourchasse les raies géantes qui se cachent dans les flaques de pluie, les cheveux noirs des demoiselles permettent d’invoquer des corbeaux, les petits garçons font pleuvoir dans la maison quand ils pleurent.
Pas d’intrigue suivie, de lutte contre le mal et de héros prophétiques, juste une succession de tableaux plus créatifs les uns que les autres, histoire de prendre son temps, de déguster la magie de la vie…
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Ne cherchez pas le dernier Musso, le dernier Dicker, le dernier Ferrante, le dernier Bourdin, le dernier Dupuy, le dernier Thilliez, le dernier Minier, bref, tous ces « derniers » tant attendus, dans les nouveautés de l’été !
La plupart a vu sa date de sortie en librairie repoussée à juin, pour cause de… confinement (comme c’est surprenant) ! Ajoutez à cela des ruptures de stocks chez le fournisseur, les délais de commandes, de livraisons, d’équipement et vous avez votre explication quant à leur absence de la présente sélection. Ce n’est que partie remise, vous les aurez tous à la rentrée !
En attendant, nous avons fait avec ce que nous avons trouvé pour vous aider à passer l’été : une bonne dose de polars, quelques feel good, deux séries SF, et un peu de littérature générale, française ou étrangère, notamment la grande fresque d’Amuldena Grandes sur l’Espagne franquiste.

En ce moment, la Médiathèque de Lattes vous propose de découvrir deux nouveaux magazines, hors collections :
VOILES ET VOILIERS n°589 de mars 2020 : Le leader de la presse nautique ! Pour découvrir, chaque mois, les temps forts de l'actualité et perfectionner sa technique de voile. Plus d'infos sur le site de l'éditeur. En présentation sur le portant des nouveautés du secteur adulte !
MIEUX VOIR n°261 de juin 2020 :Enfin un magazine en gros caractères pour les lecteurs à la vue défaillante ! Ce mensuel traite de sujets variés tels que l’histoire, la famille, les droits… sans oublier ses dossiers basse vision ! À découvrir sur le portant des nouveautés en gros caractères !

Plus aucune animation pour le moment, des restrictions sanitaires qui s’étirent en longueur, une réduction des services proposés… mais que reste-t-il de votre Médiathèque ?!
La faute à qui ? Ce satané covid-19, encore et toujours lui !
Il reste néanmoins une chose que ce maudit virus n’entamera pas : notre goût commun pour les nouveautés ! Il ne nous a pas empêché de vous en fournir pendant le confinement, il ne nous en empêchera pas plus maintenant que nous avons rouvert au public !
La preuve avec cet arrivage de 40 romans en gros caractères ! Un arrivage qui a bien tenu compte de vos remarques : il n’y a pas que du terroir dans cette sélection mais aussi plein d’auteurs « récents » ! Legardinier, Levy, Martin-Lugand, Minier, Moriarty, Musso, Valognes… de quoi faire profiter de la nouvelle scène littéraire à notre lectorat souffrant de faiblesse visuelle !
Circé, Mélusine, Morgane, Sybille, Freya, Ursula, Cassandre, Médée… Malgré les apparences il ne s’agit non pas de la liste des prénoms les plus en vogue en 2020 mais bien de quelques-unes des sorcières les plus célèbres du folklore. Hier chassées, aujourd’hui adorées, ces « diseuses de sort » font partie intégrante de l’imaginaire collectif. Est-ce parce qu’elles ont bercé notre enfance ? Elles nous sont familières, on pense les connaître… Mais qui sont-elles vraiment ?
Si de fait les sorcières, entendu ces femmes sages qui officient comme « médecin » à une époque où cette science n’est pas encore établie (ni confisquée par les hommes), existent depuis la nuit des temps, c’est au Moyen-Âge que le terme apparaît pour la 1ère fois dans un livre, Le Roman d’Enéas (1060). Quelques années plus tard la publication du Malleus maleficarum (1490), manuel de démonologie commis par deux inquisiteurs dominicains, Heinrich Kramer et Jacob Sprenger, finira de mettre le feu aux poudres.
Les pauvres vont alors être victimes de leur succès… Et surtout de leur statut de femme savante, gardienne de connaissances ancestrales et païennes, voire occultes. Deux fautes impardonnables au regard de l’Eglise et des puissants. On les affublera de tout ce que l’on considère comme des « tares » pour les femmes : vieilles, laides, méchantes, concupiscentes, infanticides… Mais surtout libres.
Assez ironiquement le mouvement de réhabilitation des sorcières est venu d’un homme, Jules Michelet. A travers son livre, La sorcière (1862), il invente une nouvelle symbolique : la sorcière est désormais le parangon de LA femme, entendre une créature « bienfaisante et victime ».
Un peu tard, ce sont les féministes des années 60-70 qui s’emparent de la figure de la sorcière pour en faire un symbole de résistance et de puissance des femmes.
Aujourd’hui le mouvement s’est hybridé avec la préoccupation contemporaine majeure qu’est devenue l’écologie, donnant naissance à l’écoféminisme. Ce retour à la nature, voire à une vision holistique du monde, s’incarne dans la spiritualité et les rites sacrés, le retour aux remèdes de « grand-mère » à travers l’herboristerie, les potions, les cristaux… Comme dit le dicton « ce sont dans les vieux chaudrons que l’on fait les meilleures soupes » : défiant le temps et les conventions, les sorcières continuent de faire recette ! N’est-ce pas là leur véritable subversion…

Derrière l’icône et le folklore qui sont réellement LES sorcières ? À vous de le découvrir au fil de notre sélection thématique !

Le dernier numéro de la revue gratuite Zin’o’script, consacré à la vertu de force est disponible !
Retrouvez-le en version papier dans votre Médiathèque, ou en version numérique en cliquant sur l’image ci-contre.
Vous pouvez également accéder à l’ensemble des numéros de la revue via la rubrique CONSERVATION & ARCHIVES du menu à gauche.
Loin des yeux mais près du cœur… Pendant le confinement nous avons continué à penser à vous : voici la liste des dernières nouveautés que nous avons acquises et préparées pour vous pendant ce temps !
Liste des acquisitions DVD – mars 2020

– L’accès à la Médiathèque n’est plus soumis au Pass Vaccinal
– Le port du masque n’est plus obligatoire mais il reste conseillé
– Le drive des mardis et jeudis matins est terminé
En dehors de nos horaires d’ouverture, n’hésitez pas à laisser vos documents dans la BOÎTE DE RETOUR.
> MASQUE OBLIGATOIRE à partir de 11 ans
> DÉSINFECTION DES MAINS à l’entrée
> 7 PLACES ASSISES accessibles aux adhérents de la Médiathèque, après inscription sur le planning
> 2 ORDINATEURS accessibles aux adhérents de la Médiathèque, après inscription sur le planning
> PHOTOCOPIEUR ET WIFI disponibles

Nous avons la chance d’être entourés de gens passionnés. Par exemple, l’une de nos collègues, à l’Hôtel de Ville, est passionnée d’insectes et de photographie. Comme c’est aussi une fidèle lectrice de notre newsletter, elle n’a pas résisté à l’envie de nous proposer cette chronique, accompagnée de plusieurs de ses magnifiques clichés :
Eh oui ! Nous nous en souviendrons de ce printemps 2020 qui voit la nature s’éveiller et sortir de sa torpeur hivernale. Les Hémiptères, Coléoptères, Diptères, Hyménoptères, Lépidoptères, Odonates… sans oublier les Araneae et les Mollusques, pointent le bout de leurs antennes sur une campagne vidée de la présence humaine…

Comme les journées peuvent s’avérer longues, et que les sorties sont limitées, c’est le moment idéal pour voyager au pied des brins d’herbes, à l’ombre des pissenlits et des cardamines en se replongeant dans l’excellente trilogie Les Fourmis* de Bernard Werber.
Sous le couvert d’un roman, vous apprendrez à connaître ces petits compagnons quelquefois très envahissants ! Changement d’opinion et de comportement garanti, après cette lecture !
Autre fiction digne d’intérêt, même s’il ne s’agit pas d’une trilogie : Une histoire des abeilles* de Maja Lunde. La Médiathèque en a parlé il n’y a pas si longtemps dans un vibrant coup de cœur ! Ce roman à trois voix, étalé sur trois époques différentes, abordent plusieurs thèmes : la disparition des abeilles, ses conséquences sur la société de demain, la famille, l’agriculture, les destins croisés… Une oeuvre profonde, humaine et écologique, aux personnages extrêmement attachants.
Enfin, dernier objet littéraire, pour le moins insolite : Insectes de Lafcadio Hearn. On connaissait les passions du célèbre auteur irlandais pour le surnaturel, les Antilles, et surtout le Japon (il y a changé de nom et de nationalité). On lui en découvre une nouvelle pour les insectes, dans ce recueil d’articles et d’extraits paru aux éditions du Sonneur. Des anecdotes poétiques, scientifiques ou culturelles, glanées au fil de ses voyages, en rapport avec fourmis, lucioles, cigales…
… ce sera plutôt le dernier Maxime Chattam Un(e)Secte*. Ou comment se faire peur en traversant son jardin ! La thématique des insectes tueurs, à ne pas mettre en toutes les mains, c’est du Chattam pur jus, même s’il ne s’agit pas forcément de son meilleur cru, et qu’il vous laisse un peu sur votre faim ! Ce qui est paradoxal quand certaines scènes ont tendance à vous couper l’appétit…
… un guide simple pour une première approche : Reconnaître facilement les insectes de Vincent Albouy et André Fouquet aux éditions Delachaux et Niestlé. Les professionnels vous diront qu’il n’existe pas UN guide référençant toutes les familles d’insectes et c’est vrai, il y a plus de 35000 espèces d’insectes en France, imaginez la taille du guide ! Celui-ci vous permettra d’identifier les plus communes et il y a déjà de quoi faire.
… s’est emparé depuis bien longtemps du sujet (1001 pattes, Fourmiz, Bee movie, Drôles de petites bêtes*, sans oublier l’incontournable Maya l’abeille*) et France 5 nous régale des épisodes de la série Minuscule*, une pépite qui rend sympathiques les plus terrifiants de nos insectes, grâce à sa touche humoristique omniprésente. À voir en replay sur le site de France TV :
… il n’y a qu’un pas ! On ne saurait parler d’insectes sans évoquer l’inoubliable Microcosmos : Le peuple de l’herbe*, sorti en 1996. Le film, mélange de documentaire, d’expérience onirique et musicale (la magnifique bande-son* est signée Bruno Coulais) a raflé pas moins de 5 Césars ! Soporifique pour les uns, immersif et poétique pour les autres, révolutionnaire pour les plus enthousiastes, Microcosmos* a eu le mérite d’ouvrir la voie des salles obscures à toute une ribambelle de documentaires animaliers sur le même modèle : Le peuple migrateur, La marche de l’empereur*, Océans, La planète blanche*, Saisons…
Et puisqu’on parle de documentaires, en voici un mini (pour ne pas dire micro) sur l’impressionnante migration annuelle du papillon monarque :
… il n’y a pas à chercher la petite bête, ce sera « Le vol du Bourdon »* de Nicolaï Rimsky-Korsakov ! Revu et corrigé par le prodige du violon : David Garrett !
… si vous avez la chance d’avoir un jardin, cherchez, observez, admirez ce petit monde caché qui peut révéler d’étonnantes découvertes, et… prenez des photos !
(*) Les documents suivis d’un astérisque sont disponibles dans votre Médiathèque
Un dernier tour d’horizon de nos lectures de confinement… toutes disponibles dans votre Médiathèque !
1. IL ÉTAIT UN FLEUVE de Diane Setterfield
On se souvient combien Le treizième conte, premier roman de Diane Setterfield, nous avait emballés. Bien que l’on retrouve sa patte dans Il était un fleuve (mystère et brouillard, amour de la fable, vieille Angleterre teintée de gothique) l’histoire et le cadre sont totalement différents. Ici, point de manoir biscornu, mais la Tamise, qui serpente dans la campagne, croit, décroit, s’insinue dans les maisons et dans les âmes. Et qui parfois rejette des morts sur les rives des vivants ! C’est ce qui se passe un soir, à l’auberge du Swan : un homme au visage tuméfié entre et s’écroule. Il porte dans ses bras le cadavre d’une petite noyée. Mais miracle ! La gamine revient à la vie ! Quant à l’homme, il est soigné par Rita, l’infirmière locale. Il s’agit d’un adepte d’une technologie révolutionnaire : la photographie. Car nous sommes à la fin du 19e siècle, une époque charnière où nouvelles sciences côtoient vieilles superstitions et doctrines spirites. Comment notre photographe s’est-il retrouvé à demi-mort au Swan, chargé d’une petite morte-vivante ? Et cette morte-vivante, qui est-elle ? La fille kidnappée des Vaughan ? La petite-fille de Robert Armstrong, le fermier métis dont la femme possède un œil clairvoyant ? La sœur ressuscitée de Lily White, simplette du coin ? C’est ce que tous les protagonistes du mystère vont tenter d’élucider.
Une histoire envoûtante par son atmosphère floue, où le fleuve joue son rôle de convoyeur du temps autant que celui de frontière mouvante entre le réel et son contraire…
2. LE BAL DES OMBRES de Joseph O'Connor
Restons en Angleterre. Restons à la fin du 19e siècle. Suivons à Londres Bram Stoker, avant qu’il ne devienne l’auteur mondialement reconnu pour le célébrissime Dracula. Cette reconnaissance, Stoker, comme bien d’autres, ne l’obtiendra qu’à titre posthume. De son vivant il sera journaliste, gratte-papier et surtout gestionnaire du théâtre du Lyceum, pour le compte de l’acteur Henry Irving, immense vedette de son temps. Le bal des ombres raconte la relation douce-amère entre les deux hommes (je t’aime moi non plus) dans laquelle vient s’interposer un troisième larron, l’actrice Ellen Terry. On y découvre la vie d’un théâtre dans une époque victorienne nimbée d’étrangeté, comme si le Edmond de Frédéric Michalik avait percuté Le prestige de Christopher Priest, les caprices, les cabotinages et tous les excès d’Henry Irving en plus.
Bram Stoker, lui, se révèle une personnalité trouble jusque dans sa sexualité, malgré un mariage et la naissance d’un garçon. Hanté par le besoin de réussir dans l’écriture, il demeurera frustré de ne jamais y parvenir. On suit son parcours créatif, on relève les détails inspirants de sa vie qui aboutiront à l’écriture du fameux Dracula.
Instructif, même s’il n’est pas une biographie classique, prenant, même si sa narration n’est pas linéaire, Le bal des ombres est construit comme son modèle vampirique : une juxtaposition de documents variés (articles, journaux intimes, enregistrements, narration romancée…). Ce choix de l’auteur peut dérouter au premier abord. Mais on aurait tort de se laisser rebuter. Un peu de persévérance permet de passer outre et d’apprécier toutes les qualités de ce roman expérimental, à la fois reconstitution stylée d’une époque, et réflexion sur la création.
3. LES MIRACLES DU BAZAR NAMIYA de Keigo Higashino
Atsuya, Shota et Kohei sont trois petites frappes dans le Japon des années 2010. Un larcin qui tourne mal les conduit à se réfugier dans un bazar abandonné. La planque idéale… si ce n’est qu’à peine entrés, les trois lascars reçoivent des demandes de conseil, sous la forme de lettres manuscrites. Apparemment c’est l’ancien propriétaire du bazar, Monsieur Namiya, qui avait initié cette pratique. Nos trois petites frappes se prêtent au jeu tout en observant des incohérences : les lettres qu’ils reçoivent semblent provenir d’un autre temps. Plus encore, on dirait bien que le temps, dans ce bazar abandonné, ne s’écoule pas comme il le devrait ! C’est comme ça qu’en l’espace d’une seule nuit, Atsuya, Shota et Kohei vont guider, avec plus ou moins de tact, une poignée d’individus sur plusieurs décennies. Ces individus, on fera leur connaissance progressivement, grâce à une ingénieuse narration en chorale. Leurs parcours nous toucherons car ils sont ceux du commun, jalonnés de choix maladroits, de déceptions, de prises de conscience plus ou moins douloureuses et d’une furieuse volonté de survivre, de se réinventer malgré les épreuves.
Qu’est-ce qui unit ces destins ? Qu’est-ce qui explique le phénomène à l’oeuvre dans le bazar Namiya ? Qu’est-ce qui relie nos trois voyous à cette trame arachnéenne, leur implication étant tout sauf hasardeuse ? Nous aurons bien sûr une réponse. Mais pas une réponse fantastiquement tarabiscotée. Une réponse belle, simple et finalement secondaire. Car ici le fantastique ne donne pas dans le sensationnel. Il n’est qu’un prétexte pour sublimer l’humain. Pour montrer que nos vies, toutes médiocres qu’elles paraissent individuellement, ne sont pas moins fantastiques dans leurs interconnexions.
Un livre fort, limpide, happant, dont on ressort avec une confiance retrouvée dans le Destin.