Coup de ♥ DVD : BETTER CALL SAUL

Je vais vous faire une confidence : je n’aime pas les séries télé. Chronophages, opportunistes, exclusives… Après des débuts prometteurs la suite s’avère souvent décevante ; l’intérêt s’émousse, la lassitude s’installe, puis finalement le divorce est consommé. Mais ça, c’était avant. Avant que je ne tombe sur celle qui m’a révélé le charme et l’attrait de la chose : Better call Saul *. Et pourtant, sur le papier, les choses s’annonçaient mal : d’abord parce qu’il s’agit d’un spin-off, et que, de mon point de vue, ce genre de procédé relève souvent de la facilité scénaristique ; ensuite parce que l’intrigue, qui tient en une ligne (boire et déboires de Jimmy McGill alias Saul Goodman, avocat de Walter White dans la séminale Breaking bad *), n’excite pas vraiment la curiosité. Sauf que… Allez savoir pourquoi, la magie opère.

Ou plutôt si, voici pourquoi : une écriture au cordeau, qui ménage moult rebondissements sans sacrifier la vraisemblance de l’intrigue ; un travail sur les personnages d’une grande finesse psychologique, où chaque rôle est délicatement ciselé et parfaitement incarné par son acteur ; une réflexion tout en nuances sur des thèmes aussi universels que la justice, l’amour, la famille, le bien et mal… ; le tout servi par une réalisation virtuose : montage, photographie, musique, rien n’est laissé au hasard.

S’il ne fallait ne retenir qu’un seul moment, qui résumerait à lui seul tout cela : épisode 5, saison 3. Stratégiquement placé au cœur de la série (qui comprend au total 6 saisons de 10 épisodes chacune) et au cœur de la fabrique de la justice (au tribunal), ce chapitre met en scène la confrontation entre Jimmy McGill / Saul Goodman et son frère, Charlie McGill. Ce huis-clos, qui constitue un brillant hommage à un genre phare du cinéma américain, le film de procès, offre 45 min de pure voltige scénaristique…

Vous n’aimez pas les séries ? Appelez donc Saul !

*Que les puristes de la langue française nous pardonnent mais ces titres n’ont pas été traduits

Référence
Better call Saul, avec Bob Odendirk, Jonathan Banks, Rhea Seehorn...
Cote : F BET
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Nos coups de ♥ littéraires de la fin d’été…

Quels sont les livres qui nous ont fait craquer en cette fin d’été ? Étrangement, peu de nouveautés. On laisse nos adhérents en profiter en priorité. L’occasion pour nous d’explorer les vieilleries. Après tout, ne dit-on pas que c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe ? Alors, prêts à vous régaler ?

 

1. Le secteur adulte vous propose : IL ÉTAIT DEUX FOIS de Frank Thilliez

En 2008, Julie, dix-sept ans, disparaît en ne laissant comme trace que son vélo posé contre un arbre. Le drame agite Sagas, petite ville au cœur des montagnes de Savoie, et percute de plein fouet le père de la jeune fille, le lieutenant de gendarmerie Gabriel Moscato. Ce dernier se lance alors dans une enquête aussi désespérée qu’effrénée…

Un thriller bien construit, qui aborde le thème de l’illusion et de l’amnésie suite à un stress intense. Une intrigue découpée tel un puzzle. Du Thilliez comme on l’aime ! Et une vraie nouveauté par-dessus le marché !

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2. Notre saisonnier de l'été vous propose : MEG de Steve Alten

Meg de Steve Alten est à la fois un roman d’aventure et d’exploration maritime. On y suit le personnage de Jonas Taylor, un paléobiologiste et pilote de submersible travaillant pour la Navy. Il est traumatisé par sa dernière plongée au cours de laquelle il a aperçu un Carcharodon megalodon – plus communément appelé Meg – dans les profondeurs de la Fosse des Mariannes. Le Meg, ancêtre des grands requins blancs, long de dix-huit mètres pour vingt tonnes, est considéré comme le plus féroce prédateur de toute l’histoire. Rescapé de la plongée, Jonas clame alors sa découverte : l’espèce Carcharodon megalodon, que l’on pensait disparue, existe bel et bien. Mais ses employeurs, pensant qu’il a perdu la raison, le renvoie. Jusqu’au jour où un biologiste marin, Masao Tanaka, propose à Jonas de replonger dans la Fosse des Mariannes, afin de prouver sa découverte…

Ce livre plaira aux fans de Jurassic Park, ou encore à ceux des Dents de la mer. Le côté préhistorique et « chasse au gros poisson » est effectivement très présent dans le livre et rappelle plusieurs scènes des deux classiques signés Steven Spielberg. Les passionnés de Jules Verne y trouveront également leur compte grâce aux nombreuses scènes sous-marines évoquant Vingt mille lieues sous les mers.

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3. Les secteurs adulte et jeunesse s'associent pour vous proposer : un double coup de ♥ sur le thème QUAND JANE AUSTEN RIME AVEC MAGIE !

Imaginez Jane Austen prenant le thé avec les frères Grimm et Napoléon Bonaparte. Bien sûr, cette rencontre historique n’a jamais eu lieu. Mais elle aurait pu, vu que ces quatre-là ont tous été contemporains. Bref, de quoi parleraient nos improbables convives pour accompagner leur earl grey ? De mœurs, de magie et de conquêtes, bien sûr !
Imaginez encore qu’un petit malin ait épié leur conversation et décidé d’en faire un livre. Cela aurait sans doute donné Jonathan Strange & Mr Norrell de Susanna Clarke. Car ce roman-univers (plus de mille pages !) contient tous les sujets susmentionnés : satire de la bonne société anglaise de la fin 18ème-début 19ème siècles ; renaissance d’une magie ancestrale donnant lieu à un débat idéologique entre un maître jaloux de son savoir et son élève prodige ; récit de batailles napoléoniennes pas tout à fait fidèles à la réalité, la magie venant en perturber le cours…
Foisonnant, érudit, passionnant, Jonathan Strange & Mr Norrell réunit les meilleurs ingrédients de ce que la littérature anglaise est capable de produire. Son auteure, Susanna Clarke, y fait preuve d’une imagination inépuisable. En témoigne le nombre ahurissant de notes de bas de page qui viennent enrichir le texte principal, sous la forme de contes de fées.
LE roman qu’on aimerait voir ne jamais s’arrêter. À découvrir sans tarder au rayon adulte !

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Côté littérature jeunesse, on constate avec étonnement que l’oeuvre de Jane Austen est source d’inspiration pour nombre de nouveaux auteurs. C’est le cas d’Alison Goodman, avec sa série Lady Helen. Dès les premières pages, Alison Goodman revendique haut et fort son amour précoce pour la période de la Régence anglaise, théâtre des romans de Miss Austen, et de l’épopée napoléonienne. Un amour qui n’est pas feint comme le prouve la reconstitution fidèle et détaillée de cette époque. On prend plaisir à suivre la jeune Lady Helen Wrexhall dans ses mondanités entre bals, promenades au parc, présentation officielle à la reine et  quête du meilleur parti conjugal. Mais aussi vexations diverses, liées à la condition féminine dans cette période conservatrice.
À cela vient s’ajouter l’élément fantastique : Lady Helen se découvre des pouvoirs hors du commun. Des pouvoirs qu’elle a hérité de sa mère et qui font d’elle l’objet de convoitise d’une mystérieuse société secrète, luttant contre de vicieux démons : le Club des Mauvais Jours. Si ce versant du roman est un peu excessif et parfois trop en décalage avec le volet historique, il n’en reste pas moins intéressant car il incarne pour notre héroïne une voie de salut, vers l’affranchissement des normes sociales.
Un roman jeunesse, certes, mais très mature dans son style et dans les thèmes abordés. À réserver aux plus âgés, 14 ans et au-delà !

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La playlist du moment : spéciale « Inclassables »

À la demande d’un adhérent qui restera anonyme, voici une playlist de musiques inclassables. Pourquoi un tel nom barbare ? Parce qu’à la Médiathèque nous mettons tout dans des cases, parfois en poussant un peu et qu’il faut bien qu’un artiste soit rangé en jazz ou en chanson.
Et parfois ça ne rentre pas. Où mettre ce Jon Hassell qui mêle musique ethnique et trompette jazz ? Ce Naked City entre musique surf et hardcore bruitiste ?
Par moments c’est le côté musique improvisée qui l’emporte, comme chez Sonic Youth, coutumiers du fait. Ou au contraire le côté très écrit d’un Chassol qui harmonise (c’est-à-dire qu’il transforme les sons en mélodies et harmonies) tout ce qui bouge. Enfin ce Hugues Le Bars recyclant le fameux discours de Malraux (« Entre ici, Jean Moulin… ») sur une rythmique guerrière de bruits de bottes qui fait froid dans le dos. Comme quoi expérimenter ne rime pas toujours avec s’amuser…
Bref, tous ces gens traçant leur chemin dans un entre-deux (ou trois ou quatre ou… plus) cohabitent dans notre boite Inclassables, la fameuse cote 450 de notre classement, faute de mieux.
Que cela ne vous empêche pas d’en profiter…

Pour lancer la playlist, cliquez sur la vidéo juste au-dessus.
Pour avoir plus d’infos sur les morceaux présentés, c’est en-dessous que ça se passe :

01

“L’arrivée des”
Noël Akchoté
Tiré de l’album Adult guitar, 2004


02

“Malraux”
Hugues Le Bars
Tiré de l’album J’en ai marre, 1991


03

“Courage”
Jon Hassell
Tiré de l’album Dream theory in Malaya, 1981


04

“Batman”
Naked City
Tiré de l’album Naked City, 1990


05

“Tearjerker”
Jarvis Cocker & Chilly Gonzales
Tiré de l’album Room 29, 2017


06

“Nefertari”
Pierre Bensusan
Tiré de l’album Altiplanos, 2005


07

“Entertain me”
Tigran Hamasyan
Tiré de l’album Mockroot, 2015


08

“One of nature’s mistakes”
Henry Kaiser & Fred Frith
Tiré de l’album Who needs enemies, 1983


09

“Le jeu de la phrase”
Chassol
Tiré de l’album Ludi, 2020


10

“Disco chinois (Rubin Steiner re-re-remix)”
Rubin Steiner, Julien Ribot & Fugu
Tiré de l’album Oumupo 3, 2006


11

“White mischief”
Penguin Cafe Orchestra
Tiré de l’album Broadcasting from home, 1984


12

“Anagrama”
Sonic Youth
Tiré de l’album Anagrama, 1997

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Thématique « Sorcières » : nos coups de cœur…

Vos bibliothécaires adorés vous proposent de découvrir leurs coups de cœur en lien avec la thématique « Sorcières » mise en avant depuis le déconfinement :

1. Littérature adulte : UN BÛCHER SOUS LA NEIGE de Susan Fletcher

1692. Année traumatisante dans l’histoire des sorcières, inévitablement associée au nom de Salem, à l’hystérie collective, aux simulacres de procès, aux exécutions sommaires. Ça c’est pour le Nouveau Monde.
Et dans la vieille Europe ? Pas plus réjouissant ! Le roman Un bûcher sous la neige nous en donne un aperçu. Il nous emmène sur les landes sauvages d’Ecosse, au-delà d’une Angleterre crasse et obscurantiste. En 1692, le village de Glencoe a été le théâtre d’un massacre. Quasiment tout le clan MacDonald y est passé. Mais ces MacDonald, qui sont-ils ? Des querelleurs. Des fauteurs de troubles. Des partisans du roi Jacques II qui a fui en France après l’usurpation de Guillaume d’Orange. Personne ne les regrettera. Personne sauf Corrag la sorcière. Elle a survécu au massacre. Elle est aux fers. On va la pendre. Le révérend Charles Leslie a fait un long voyage pour recueillir son témoignage. Il veut savoir ce qui s’est réellement passé à Glencoe. Il y a des enjeux politiques derrière tout ça. Corrag accepte de lui révéler ce qu’elle sait. Mais d’abord il faudra que le révérend écoute l’histoire de sa vie. L’histoire de sa mère, femme bien trop libre et bien trop indépendante pour l’époque. L’histoire de sa fuite vers l’ouest sur le dos de sa jument grise. L’histoire de sa survie au contact d’une nature rude et magnifique. L’histoire de tous les marginaux qui ont croisé son chemin et en qui elle s’est retrouvée. Enfin l’histoire de ces rustres highlanders qui l’ont accueillie, elle, l’étrangère, elle, la sorcière.
Un bûcher sous la neige est un roman de femmes, de nature, de solitude, de liberté, d’Histoire… un roman émouvant. Corrag est une héroïne attachante par sa fragilité et la simplicité de ses croyances. Son rapport au monde est d’une grande profondeur. Sa volonté d’y trouver sa place, universelle.

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2. Documentaire adulte : SORCIÈRES, LA PUISSANCE INVAINCUE DES FEMMES de Mona Chollet

Une place… à condition de s’y tenir ! C’est le cruel constat qui émerge à la lecture du galvanisant essai de Mona Chollet, Sorcière : la puissance invaincue des femmes. Partant d’un fait historique établi, l’Inquisition, la journaliste en propose une relecture anthropologique inédite. Si l’idée selon laquelle la sorcière peut être considérée comme un symbole des femmes opprimées n’est pas nouvelle – Jules Michelet ayant développé cette thèse dès 1862 dans son livre La sorcière – Mona Chollet prolonge la réflexion pour en livrer une analyse sociologique. De ce travail de déconstruction ressort que les attentes de la société envers les femmes n’ont au fond pas vraiment évolué en deux siècles : maternité, soumission, beauté*. Et gare à celles qui s’écartent de la Sainte Trinité… Mais pourquoi tant de haine ? Par ignorance du féminin, et par peur. Car savoir, c’est pouvoir : les femmes, détentrices d’un savoir inédit, sont donc fabuleusement, dangereusement puissantes… Et La peur de quelque chose est la graine qui mène à la haine des autres, et la haine portée en soi finit par détruire celui qui la nourrit **. En réhabilitant la figure de la sorcière et en la sortant de son statut de victime, Mona Chollet déplace donc le curseur de la force, conférant à la femme toute sa place. Un essai lumineux et éclairant.

* A ce sujet nous vous recommandons la lecture du passionnant essai de l’auteur consacré au sujet, Beauté fatale.

** George Washington Carver, dont la citation passera à la postérité grâce à Maître Yoda dans La menace fantôme (1999)

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3. Littérature jeunesse et cinéma : KIKI LA PETITE SORCIÈRE de Eiko Kadano et Hayao Miyazaki

Louées soient les éditions Ynnis ! Grâce à elles, le public français va enfin découvrir ce grand classique de la littérature jeunesse japonaise : Kiki la petite sorcière ! Série en 6 tomes, inédite en France, nous y suivons Kiki, apprentie sorcière de 13 ans, au moment où elle quitte ses parents. En compagnie de son chat Jiji, l’adolescente enfourche de nuit son balai à la recherche d’une ville où s’installer. C’est la tradition chez les sorcières. Mais choisir sa ville ne fait pas tout. En plus de s’établir, il faut mettre ses talents au service de la population. Or, des talents, Kiki n’en possède pas tant que ça. La seule chose magique qu’elle sait faire, c’est voler ! Heureusement que la boulangère Osono est là pour la guider. Grâce à ses conseils, Kiki trouve la solution : elle fera de la livraison à domicile sur son balai volant ! L’occasion de se faire plein d’amis et de démêler des situations plus farfelues les unes que les autres !
Une vraie friandise à lire, simple, gentille, légère, plus inspirée des classiques jeunesse occidentaux que du folklore japonais, et qui a contribué à créer, au pays du soleil levant, une iconographie de la sorcière toujours actuelle.

Mais on ne saurait parler de Kiki la petite sorcière, sans évoquer l’adaptation cinématographique du maître Miyazaki. Sortie en 1989, soit 4 ans après la parution du livre, elle en respecte l’esprit, surtout l’introduction très fidèle à l’original, tout en revisitant nombres d’épisodes dans la suite du récit.
Une fois de plus, les studios Ghibli livre une oeuvre enchanteresse, visuellement splendide et agréablement mis en musique par l’incontournable Joe Hisaishi. Les décors de la ville, ses maisons fleuries, ses commerces et ses automobiles rétro sont particulièrement soignés et détaillés. On aurait presque envie de prendre un billet pour aller y séjourner !
Pas étonnant qu’Eiko Kadono, initialement opposée aux changements apportés par le célèbre studio de dessins animés, ait finalement été séduite par un tel résultat !

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4. Bande-dessinée : SACRÉES SORCIÈRES de Pénélope Bagieu

Un petit garçon orphelin vit avec sa grand-mère excentrique, fumeuse de cigare. Cette dernière lui révèle un secret : les sorcières existent, elles sont parmi nous et s’en prennent aux enfants… et ce n’est pas une blague !
La dessinatrice Pénélope Bagieu s’attaque au chef d’oeuvre de la littérature jeunesse du Britannique Roald Dahl (1916-1990), Sacrées sorcières. Elle s’inscrit d’abord dans une forme de continuité, en profitant de l’expertise du petit-fils de l’auteur, Luke Kelly. Le fil narratif reste inchangé : l’orphelin, la grand-mère loufoque et attachante, les sorcières qui masquent leur apparence horrifique sous un profil de normalité, le dessein morbide de tuer tous les enfants après les avoir réduits à l’état de souris, etc. L’autrice fait ensuite honneur au livre en créant un ouvrage dense, aux traits vifs, colorés et expressifs. Elle n’édulcore pas non plus les aspects sombres : la mort, omniprésente, que ce soit à travers l’accident des parents, l’action des sorcières ou l’âge de la grand-mère qui préoccupe le petit-garçon. Elle reste fidèle aussi à l’esprit déjanté : la grand-mère trop maquillée, fumeuse compulsive dont les traits traduisent générosité et amour.
Par ailleurs, elle s’affranchit du roman pour faire entrer Sacrées sorcières dans le XXIe siècle. Le petit garçon sans prénom va se faire une amie qui ne figurait pas dans le roman original. L’autrice reste cette artiste résolument féministe, déterminée à faire voler en éclats clichés et stéréotypes à travers ce personnage de petite fille foncièrement bonne, courageuse et autonome. De plus, les dialogues sont adaptés au ton d’aujourd’hui, mais sans effet de modernité abusive. Enfin, Pénélope Bagieu donne une véritable identité visuelle à l’histoire, s’affranchissant habilement des dessins de Quentin Blake, l’illustrateur des romans de Roald Dahl.
Presque 40 ans après sa sortie, Sacrées sorcières s’offre une adaptation flamboyante, qui non seulement ravira les jeunes lecteurs, mais agira aussi comme une madeleine de Proust sur les adultes.

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5. Manga : FLYING WITCH de Chihiro Ishizuka

On parlait du prototype de la sorcière créé par Eiko Kadano dans son oeuvre Kiki la petite sorcière. On en retrouve des traces dans le manga Flying Witch. Son héroïne, Makoto, plus âgée de 2 ans que Kiki, suit le même chemin qu’elle, mais en sens inverse : elle se met au vert pour parfaire son apprentissage de sorcière, et gagner son indépendance.
Avec 7 tomes publiés à ce jour, la série Flying Witch est une véritable ode à l’amitié et à la famille, à la douceur de vivre et à la vie au contact de la nature, aux instants partagés et à la rêverie. Rêverie parce que la magie  que côtoient Makoto et ses proches en a tout l’air. C’est une magie innocente qui colore le quotidien comme une imagination fertile, une vision merveilleuse du monde. Avec elle, les nuages deviennent des baleines volantes, vestiges d’anciennes civilisations, on pourchasse les raies géantes qui se cachent dans les flaques de pluie, les cheveux noirs des demoiselles permettent d’invoquer des corbeaux, les petits garçons font pleuvoir dans la maison quand ils pleurent.
Pas d’intrigue suivie, de lutte contre le mal et de héros prophétiques, juste une succession de tableaux plus créatifs les uns que les autres, histoire de prendre son temps, de déguster la magie de la vie…

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Thématique « Japon » : nos coups de cœur…

Une sélection de romans adultes qui nous ont emballé, en lien avec la thématique Japon du 1er trimestre 2020 :

1. KONBINI DE SAYAKA MURATA ( COTE R. MUR)

Keiko travaille à temps partiel dans un konbini, une supérette de quartier ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Sa vie tout entière est vouée à son job. Employée modèle, mémoire de la boutique, elle est « une pièce du mécanisme », « un outil ». Il y a quelque chose de robotique dans sa dévotion professionnelle. Mais son instrumentalisation ne la gêne pas. Au contraire. Grâce au konbini, notre héroïne a trouvé sa place dans le monde. Sauf que Keiko approche de la quarantaine et qu’elle est célibataire. Au Japon on préfère les femmes de son âge, mariée, ou occupant un poste à responsabilités. Bien que vaguement consciente de sa situation, Keiko ne s’en préoccupe pas outre mesure. Jusqu’à l’arrivée d’un employé peu commode : Shirata…
Tranche de vie inspirée de la propre expérience de l’auteure, Konbini traite de la marginalisation dans une société japonaise où la pression sociale est si forte qu’elle confine à la violence morale. Pour s’en protéger certains adoptent des attitudes extrêmes : ils vivent en parasite au fond d’une baignoire ou trouvent un équilibre mental dans les rayonnages d’une supérette…
Un roman beaucoup moins léger qu’il n’y paraît, où s’entremêlent description du quotidien et questionnement existentiel, dans un style efficace et dépouillé.

2. LES MENSONGES DE LA MER DE KAHO NASHIKI (COTE R. NAS)

On a tendance à l’oublier : le Japon est un archipel d’îles qui s’étendent sur une vaste longitude. Les plus au sud bénéficient d’un climat chaud, ainsi que de coutumes singulières, teintées d’animisme. La réalisatrice Naomi Kawase en a donné un aperçu dans son film Still the water.
C’est dans l’une de ces îles méridionales, Osojima, que se déroule l’action des Mensonges de la mer. On y suit Akino, jeune professeur en géographie humaine, venu explorer les lieux pendant ses vacances. Nous sommes dans les années trente. Conversations érudites, rencontres amicales et explorations topiques vont constituer le programme des vacances d’Akino.
D’emblée, la description de l’île et de ses différents sites transporte le lecteur. À tel point qu’on ne sait plus s’il s’agit d’un endroit réel ou merveilleux. Le passé religieux de l’île, fait de superstitions, de constructions énigmatiques et de massacres entre bouddhistes et shintoïstes, contribue à créer une atmosphère mystérieuse, presque irréelle.
Mais quand Akino revient cinquante ans après son premier séjour, les infrastructures touristiques ont envahi l’île. La magie d’antan a disparu. Il ne reste que des souvenirs, des fantômes et des interrogations. Tout n’est que mirage, autrement dit « mensonge de la mer », selon l’expression locale. Peut-être même la vie…
Un livre riche, aux sujets abondants et aux réflexions variées.

3. QUAND LE CIEL PLEUT D’INDIFFÉRENCE D'IZUMI SHIGA (COTE R. SHI)

Le livre d’Izumi Shinga fait partie de ces ouvrages, représentatifs d’une certaine écriture japonaise, qui décrivent une brève incursion dans la vie d’un personnage, souvent narrateur de l’histoire. Il n’y a pas vraiment de début ni de fin, sinon la vie qui continue. Le style y est sans fioritures, mais non pas dénué de poésie. C’est la poésie du quotidien et de la simplicité.
En l’occurrence, le quotidien de Yohei a pour décor la ville d’Okuma, dévastée par le tsunami de 2011 et l’accident de Fukushima qui s’ensuivit. Là, les morts côtoient les survivants, par leurs cadavres abandonnés dans les décombres, mais aussi par le souvenir…
Pourquoi Yohei reste-t-il malgré les injonctions des autorités ? Parce que sa mère se trouve à Okuma. Gravement malade, elle ne peut pas être déplacée. Mais la dévotion filiale de Yohei ne cacherait-elle pas autre chose ? Cette autre chose n’aurait-elle pas un rapport avec la petite Misuzu qu’il a connue enfant ?
La gamine possédait un paon.
Dans la quête de sens de Yohei, face à l’inacceptable réalité, l’oiseau devient une figure symbolique. Il fait office de lien. Les situations et les époques entrent en résonance. Par un magnifique jeu de miroirs, la double catastrophe naturelle et nucléaire devient une allégorie du parcours de Yohei, lui-même allégorie de la catastrophe.
Le calvaire présent de Yohei prend des allures de rédemption. L’homme règle ses comptes avec les drames de l’existence, avec la ville dévastée et sa mère tout aussi dévastée par l’âge.
Quoi qu’il en soit, la vie continuera.
Elle pourrait bien prendre les traits d’une certaine Reiko Mimura…

ET AUSSI :
- Les délices de Tokyo de Durian Sukegawa
- Le restaurant de l'amour retrouvé de Ito Ogawa
- La péninsule aux 24 saisons de Mayumi Inaba

 

Coup de ♥ DVD : 303 x OH LUCY ! x RETOUR DE FLAMME

L’amour, c’est mieux à trois.

N’y voyez là rien de scandaleux, c’est juste qu’à la médiathèque de Lattes, quand on aime on ne compte pas ! Cette fois-ci ce ne sont donc pas un, mais trois films qui ont conquis nos cœurs ces dernières semaines. Et puis ne dit-on pas : 1+1 = 3 ?!

… ou plutôt 303. Derrière ce drôle de titre se cache une pépite de fraîcheur : un road trip à travers l’Europe, de l’Allemagne jusqu’au Portugal, en passant par la Belgique et la France. Et oui, 303 n’est pas une référence à un quelconque numéro de chambre d’hôtel mais bien au modèle de van dans lequel Jule, une étudiante idéaliste, et Jan, un jeune auto-stoppeur, vont voyager, s’affronter, se confronter, se réconcilier… Car que fait-on en voiture sinon discuter ? Dans ce cocon hors du temps Jan et Jule vont parler, parler, parler… de tout, de rien, mais au fond, d’eux ; au rythme bucolique des paysages champêtres et des lieux traversés ils vont débattre : de la mort, de la vie, de l’amour. Jusqu’à une magnifique scène de baiser, d’une délicate sensualité…  Servi par une photographie très 70’s, le film baigne dans une atmosphère empreinte de douceur et nous laisse complètement chaviré…

De road trip sentimental aussi, il est question dans Oh Lucy !. Où l’on suit Setsuko, une tokyoïte dont la vie terne et solitaire va brusquement s’ouvrir à la fantaisie à la faveur d’une improbable rencontre avec un professeur d’anglais aux méthodes peu orthodoxes (Josh Harnett, à contre-emploi). Quand ce dernier disparaît du jour au lendemain, Setsuko part à sa recherche et embarque sa sœur dans une quête qui la mènera jusqu’à la Californie… Sur fond de choc des cultures (ressort toujours efficace à la cocasserie, dont le climax figure ici dans la scène du cours d’anglais. Une leçon d’où notre héroïne ressortira affublée d’une improbable perruque blonde !), le film dépeint les 1001 nuances de l’amour. Autant de touches de couleurs dans un monde citadin largement dominé par le gris, les tons sourds et éteints. Voir peu à peu cette femme s’épanouir et se révéler à elle-même nous rappelle à quel point l’amour peut nous ramener à la vie, pour le meilleur…

… et pour le pire. Ce pire-là que goûtent Marcos et Ana, c’est celui du nid vide, de l’usure du temps, des sentiments qui se fanent, de l’indifférence qui s’installe, des conversations qui se meurent… Marcos et Ana, 25 ans de mariage et une séparation au bout du compte. Mais comment faire face à soi après une vie passée à deux ? Au-delà du seul thème du divorce (tracasseries administratives et autres joyeusetés incluses) se profile celui de la crise existentielle et, à ce titre, le film pose une question cruciale : l’individu est-il soluble dans l’eau de vaisselle du couple ? Épineuse question, que Juan Vera, le réalisateur, se laisse le temps d’explorer. Scrutant les mouvements infimes, les hésitations et le pas de deux de ses personnages sur plusieurs années. Se séparer pour mieux se retrouver ? A chacun ses secrets…

Références
303, de Hans Weingartner (2018)
Cote : F WEI
Référence
Oh Lucy !, d'Atsuko Hirayanagi (2017) 
Cote : F HIR
Référence
Retour de flamme, de Juan Vera (2018) 
Cote : F VER

Calendrier de l’avent spécial « films de noël »

Parce que Noël, ce n’est pas que pour les enfants, nous vous avons « suédé »* un calendrier de l’avent cinématographique ! Cliquez sur chaque image pour découvrir nos suggestions de films pour vous accompagner tout au long de ce mois de décembre.

Calendrier de l’avent cinématographique 2019

*Le suédage est le remake d’un film réalisé dans des conditions artisanales voire rudimentaires, avec des acteurs qui en rejouent les scènes plus ou moins fidèlement, parfois seulement de mémoire. Confinant au pastiche, cette activité a été nommée d’après le film Soyez sympas, rembobinez, de Michel Gondry, sorti en 2008 (source : wikipedia)

On écoute en ce moment à la Médiathèque… novembre 2019

Téléchargement de la liste des titres au format PDF

Mais pourquoi n’y a-t-il plus de playlists des écoutes musicales sur le site de la Médiathèque ?!

Tout simplement parce qu’il n’y a plus d’écoutes musicales à la Médiathèque en ce moment. La faute aux vieux os du chef qui l’ont obligé à s’absenter pour un temps tout à fait défini. Et comme les écoutes musicales, ce sont les bébés du chef, eh bien plus d’écoutes en attendant son retour !

Ce n’est pas pour autant que la musique doit s’arrêter (The show must go on comme disait le regretté Freddie…). Alors le reste de l’équipe s’est mobilisé pour vous proposer une sélection de sons nouveaux, de coups de cœur… bref de ce qui passe en ce moment sur les platines de la Médiathèque. D’où le titre de la rubrique.

Bien sûr, l’ensemble des disques est empruntable aux conditions habituelles. Donc si vous repérez quelque chose qui vous plait, n’hésitez pas à venir nous le réclamer !

 

Coup de ♥ BD adulte : CULOTTÉES de Pénélope Bagieu

À l’heure où certain.e.s balancent leur.s porc.s, il est urgent de se repencher sur les destins hors du commun d’une trentaine de femmes d’exception dans cette bande-dessinée de Pénélope Bagieu, qui a été l’un des plus gros succès de ces dernières années.
Même s’il parait ahurissant de voir encore ranger de manière thématique cette « minorité » qui ne compte que la moitié de l’humanité (excusez du peu…), il est toujours bon de rappeler les bâtons et objets divers que les sociétés patriarcales, voire machistes, ont mis (on pourrait garder le présent) dans les roues des femmes.
Si les plus connues croquées par Bagieu vous diront quelque chose (Joséphine Baker, Hedy Lamarr, Betty Davis -mais si, vous savez bien, la femme de Miles-) la plupart sont demeurées invisibles et inconnues du grand public.
Malgré son talent à synthétiser, à fixer l’anecdote, avec le graphisme rapide et efficace qu’on lui connait, Bagieu est condamnée à voir le fond l’emporter infiniment sur la forme dans les deux volumes que compte son œuvre, une publication si nécessaire qu’elle devrait être remboursée par la Sécu…
À lire séance tenante ! Il y a quelques siècles à rattraper…

Extraits à lire sur le site de l’éditeur : tome 1, tome 2

 

Coup de ♥ littéraire sur le thème des FEMMES SAVANTES, version jeunesse

CALPURNIA DE JACQUELINE KELLY (COTE J. KEL)

« C’est étonnant tout ce qu’on peut voir quand on reste simplement assis en silence, et qu’on regarde autour de soi. »

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Calpurnia, l’héroïne du roman de Jacqueline Kelly, porte un prénom inhabituel. Il y a bien une épouse de César qui s’appelait Calpurnia. Et une aïeule de la famille Addams, « brûlée pour sorcellerie en 1706 », si l’on en croit Morticia Addams dans le premier film de Sonnenfeld…
Que l’on se rassure, notre petite texane de « presque douze ans » ne connaîtra pas le même sort ! Seule fille d’une fratrie de sept enfants, l’été 1899 sera pour elle le théâtre d’une véritable épiphanie. Partant de l’observation des sauterelles, Calpurnia va se découvrir une âme de naturaliste. Elle sera encouragée dans ce sens par son grand-père, personnage fantasque et savant, qui l’initiera aux théories de Darwin.
Le quotidien de Calpurnia, c’est aussi celui de toutes les fillettes aisées de son époque : l’école, les leçons de piano, les repas en famille, les chamailleries avec ses frères, la pression maternelle pour la transformer en parfaite candidate au mariage. Sous des extérieurs innocents et puérils, les actes journaliers de Calpurnia laissent transparaître les réalités plus sombres de son temps : la guerre de Sécession, l’esclavagisme et surtout la condition féminine.
Le siècle nouveau, avec son cortège d’innovations technologiques, redistribuera-t-il les cartes ? Calpurnia y compte dessus pour échapper à la vie conjugale et se consacrer à la science.
Un roman jeunesse intelligent, rafraîchissant, qui change des sempiternelles aventures magiques et fait revivre avec douceur ce coin d’Amérique d’un autre siècle.

Egalement disponible dans votre Médiathèque au rayon Bande-dessinée :
Calpurnia, la bande-dessinée
Mise en images par Daphné Collignon
Cote : BD CAL 1

Coup de ♥ littéraire sur le thème des FEMMES SAVANTES, version adulte

PRODIGIEUSES CRÉATURES DE TRACY CHEVALIER (COTE R. CHE)

« Il est parfois extrêmement assommant d’être une dame. »

Qu’attendre de la vie lorsqu’on est une femme du début 19ème ?
Un bon mariage, à défaut d’un bon mari.
Mais quand on est une femme sans grandes ressources, et pas très jolie de surcroît ?
La disgrâce. L’exil à la campagne. L’étiquette de vieille fille qui vous colle à la peau tel un maléfice sclérosant.
C’est ce qui arrive aux sœurs Philpot dans Prodigieuses créatures, roman de Tracy Chevalier. Pour les Philpot pas de campagne comme point de chute. Direction la petite ville côtière de Lyme Regis, au sud de l’Angleterre.
Si Margaret, la benjamine, désespère de se faire passer la bague au doigt, Elizabeth, elle, accepte froidement son sort.
Cependant, que faire de sa peau de vieille fille ? Se trouver un passe-temps salvateur.
Pour Elizabeth, ce sera la chasse aux fossiles. Cette activité la rapprochera de la toute jeune Mary Anning, véritable prodige en la matière.
C’est l’histoire de l’amitié entre ces deux femmes, qui ont réellement existé. Une amitié qui n’est pas exempte de tumultes. Mais qui est portée par quelque chose de plus grand que les petites mesquineries humaines : la passion pour la paléontologie naissante. Cette passion commune permettra à Mary de se rendre célèbre en découvrant les premiers spécimens de dinosaures marins.
C’est aussi l’histoire de la condition féminine à une époque où les femmes restent la propriété des hommes. Une époque contemporaine de la romancière Jane Austen, habilement évoquée dans le texte. On serait d’ailleurs tenté de voir en Prodigieuses créatures une oeuvre de Jane Austen elle-même. Pour la chronique sociale du 19ème siècle anglais et le style châtié d’Elizabeth, le livre alternant les points de vue des deux héroïnes. Mais ces dernières sont trop féministes pour être « austeniennes », trop assumée pour Elizabeth, trop rugueuse pour Mary. Ce qui les rend aussi plus attachantes.
Une œuvre magnifique, à la fois historique et profondément humaine.

Lectures de l’été 2019 : nos suggestions…

2. C'EST COSY CHEZ VOUS...

Pour tous ceux qui aiment les bons vieux romans policiers façon Agatha Christie, la tout aussi bonne vieille Angleterre avec son humour pince-sans-rire, ses jolis coins de campagne et son inévitable tea-time, voici un style littéraire qui fait florès ces derniers temps : le cosy mystery !

Un meurtre à élucider, une petite communauté bien sous tous rapports, une sympathique mamie friande d’enquêtes criminelles : voici les quelques éléments qui ont permis de fixer les codes du genre. Ceux que l’on retrouve dans les aventures de l’inoxydable Miss Marple ou de sa contemporaine plus discrète, Miss Silver.

Des séries plus récentes telle qu’Agatha Raisin permettent de dépoussiérer le genre tout en respectant le cocktail de base : humour-satire sociale-enquête policière gentillette.

Œuvres disponibles en rayon :

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À propos d’Agatha Raisin, voyons ce qu’en pense Thibault, notre saisonnier du mois d’août :
« Agatha Raisin trouve son inspiration dans l’univers de Miss Marple. L’auteur, M. C. Beaton, tisse des intrigues qui se déroulent dans un petit village anglais où tout le monde se connaît.
Il y a de nombreux personnages aux caractères bien trempés et tout se passe à huis-clos. Là où Agatha Raisin se distingue, c’est que l’enquête est mise en retrait au profit de l’humour. Les titres en témoignent : La quiche fatale, Remède de cheval
L’héroïne est une quinquagénaire qui prend une retraite anticipée et part s’installer dans les Costwolds. Personnage truculent et haut en couleur, qui n’a pas sa langue dans sa poche, elle va devenir détective amateur et résoudre les enquêtes au cours des quelques vingt livres que comptent déjà la série (et l’auteur continue d’en écrire !). Des livres faciles à lire, divertissants et terriblement addictifs !
En résumé, chers adhérents, lisez du Agatha… et mangez du Raisin ! »

Egalement disponible dans votre Médiathèque, au rayon Cinéma :
Agatha Raisin, la série télévisée, saison 1
Avec Ashley Jensen, plus déjantée que jamais !
Cote : F AGA

Coup de ♥ DVD : NO GRAVITY, de Silvia Casalino

Parler de la conquête spatiale au féminin reviendrait-il à conjuguer science et fiction ? C’est pourtant bel et bien la réalité : les femmes ont joué un rôle de choix dans les aventures extra-terrestres de l’humanité. En témoigne la réalisatrice de ce film passionnant, Silvia Casalino, elle-même ingénieure spatiale au Centre National d’Etudes Spatiales (CNES).

Mêlant réflexion personnelle, images d’archives, interviews, et extraits de films (dont La femme sur la lune (1929 !) du visionnaire Fritz Lang), ce documentaire s’emploie à rétablir une vérité historique en donnant la parole aux pionnières de la conquête spatiale. Les interviews de Claudie Haigneré, Mae Carol Jemison*, Jean Nora Jessen** ou Adilya Kotovskaya*** mettent ainsi en lumière cette « face cachée de la lune ». Mais, au-delà du seul témoignage historique, la réalisatrice propose une relecture féministe des technosciences en s’appuyant sur les théories développées par Donna Harraway. Cette primatologue et philosophe américaine, dont la pensée est à l’origine du  cyberféminisme, s’emploie ainsi depuis les années 70 à dénoncer le poids du patriarcat et l’omniprésence d’une hyper-normativité des modèles dans le domaine des technosciences.

Au final, le travail de Silvia Casalino aboutit à cette question aussi fondamentale qu’universelle qui, au-delà du seul cas des femmes, touche l’humanité dans son ensemble : comment concevoir les technologies de façon à mieux prendre en compte la multitude et la diversité au lieu de toujours nous réduire à un seul et unique standard ?

* 1ère femme afro-américaine à avoir été dans l’espace, ellea également fait un caméo dans un épisode Star Treck

** elle a participé au programme de recrutement de femmes astronautes lancé dès 1959 par le Dr Lovelace. Le projet sera brutalement interrompu. Au final ce sera la russe Valentina Terechkova qui sera la 1ère femme à voyager dans l’espace.

*** docteur en physiologie et médecin de Gagarine

Référence
No gravity, de Silvia Casalino (2011)
Cote : 305.4 CAS
Ce DVD est actuellement mis en avant sur la table thématique dédiée à Appollo 11.

Lectures de l’été 2019 : nos suggestions…

1. WOUAW !!! I FEEL GOOD...

Vous avez été nombreux/euses à apprécier notre thématique de l’année dernière sur le roman feel good… mais aussi déçus/es de ne pas la retrouver sur nos tables cette année !

C’est pourquoi nous vous proposons un petit récapitulatif des romans feel good acquis depuis l’été dernier, au cas où vous souhaiteriez profiter des grandes vacances pour continuer d’explorer ce style littéraire sympathique et léger :

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À dénicher directement dans nos rayons !

 

Coup de ♥ DVD : MIRAI, MA PETITE SOEUR, de Mamoru Hosoda

Japanime : un mot-valise pour un coup de cœur dépaysant ! Mirai, ma petite sœur, nous vient en effet tout droit du Japon, où le film d’animation est une industrie (qui a bercé l’enfance de toute une génération à coup de kamehameha ravageurs) mais aussi un art à part entière, avec ses réalisateurs stars et ses studios phares.

Passé par le mastodonte Toei Animation (à qui l’on doit les cultissimes Dragon Ball, Sailor Moon ou plus récemment One piece) et par les studios Ghibli, Mamoru Hosoda a longtemps été considéré comme l’héritier de Miyazaki. Si son trait se rapproche effectivement de celui du Maître, il a su développer un univers à part entière, qui mêle l’imaginaire à l’ordinaire pour en révéler toute la poésie*.

C’est finalement cet art de la nuance qui caractérise le mieux l’œuvre du réalisateur. C’est ainsi que, dans un pays fortement marqué par l’antagonisme entre tradition et modernité, Hosoda refuse la confrontation et lui préfère la synthèse : si le titre du film, Miraï, signifie avenir, c’est à l’ancienne qu’il travaille ses dessins, tous minutieusement réalisés à la main. La finesse du trait n’a d’égal que la précision des détails : la maison, modèle de réalisme (dont le plan a été travaillé avec un véritable architecte !), va paradoxalement devenir le théâtre de l’imagination du petit Kun, tout juste promu grand frère, et qui voit l’arrivée de sa petite sœur Miraï d’un mauvais œil…

Mais au-delà de Kun et de son attendue jalousie, c’est chacun qui doit trouver sa place au sein de la famille. Une des forces du film réside d’ailleurs dans cette honnêteté : une naissance est un séisme pour les enfants autant que pour les adultes. Aucune difficulté n’est éludée : fatigue des parents, crises de colère de l’enfant, logistique**… Chaque problème est traité avec toute l’attention et la légitimité qu’il mérite, sans manichéisme, permettant une totale empathie avec chacun des personnages.

Foisonnant, Miraï, ma petite sœur, aborde également en filigrane des thèmes aussi variés que le handicap, la guerre, la filiation…

Un film d’une grande finesse et d’une rare humanité, à partager en famille !

* C’est ainsi que le groupe LVMH s’est alloué les services de ce réalisateur connu et reconnu pour signer un (très joli) spot publicitaire pour sa marque Louis Vuitton. Car le propre du luxe n’est-il pas de faire rêver le commun des mortels (et ainsi d’accessoirement s’assurer l’audience la plus large possible dans cet el dorado financier que représente le Japon pour le très prosaïque secteur du luxe…).

** c’est assez rare pour le souligner : c’est ici le père qui s’occupe des enfants et travaille à la maison tandis que la mère reprend le travail. A cet égard aussi le film fait preuve de modernité dans ses représentations.

Référence
Miraï, ma petite soeur, de Mamoru HOSODA (2018)
Cote : A HOS