Thriller français : Les heures du jour ne rattrapent jamais celles de la nuit par Vanessa Caffin
Quelle étrange machine que le cerveau ! Sous l’action d’on ne sait quel arcane, il décide de ce dont on doit se souvenir et de ce qu’il faut oublier. Parfois à nos propres dépens. C’est l’expérience que va vivre Alice, héroïne du roman de Vanessa Caffin. Si, comme elle, vous découvriez parmi vos affaires une vieille boîte à chaussures remplie de lettres de jeunesse et que vous ne vous rappeliez aucun des prénoms cités dessus, que feriez-vous ? Refermeriez-vous la boîte pour retourner paisiblement à votre vie quotidienne, ou chercheriez-vous à comprendre pourquoi votre cerveau a préféré occulter toute cette partie de votre existence ? Alice, elle, veut comprendre. Sauf qu’à mesure que l’intrigue évolue, le lecteur en vient à se demander si le cerveau d’Alice n’avait pas une excellente raison de jouer la carte de l’amnésie. En effet, Alice risque fort de ne pas aimer ce qu’elle va découvrir sur son passé… Sommes-nous vraiment qui l’on croit être ou bien une personne plus sombre que l’on préfère ignorer ? C’est la question que nous pose Vanessa Caffin au travers de ce roman captivant.
Aux douceurs enchantées, tome 1 : Les sablés de la Métamorphose par Aurélie Gerlach Mignonne tout plein, la série Aux douceurs enchantées parle de magie… et de pâtisseries ! Dans ce premier tome, nous faisons connaissance avec la jeune Candy dont la grand-mère, Madeleine Ladouceur, tient une pâtisserie où elle confectionne des gâteaux magiques grâce à un grimoire secret se transmettant de générations en générations. Afin de lui léguer la boutique, Madeleine va mettre à l’épreuve sa petite-fille en lui faisant préparer tout un tas de recettes qui permettront de déterminer si elle possède les pouvoirs magiques nécessaires. Candy deviendra-t-elle une pâtissienne comme sa grand-mère ? Ce n’est pas forcément gagné d’avance ! Idéal pour les premières lectures, ce petit roman facile à lire est accompagné de jolis dessins en couleurs pour mieux mettre un visage sur les personnages sympathiques et attachants de l’histoire. À la fin du livre, les gourmands pourront même tester une recette de sablés de métamorphose fort appétissante… à partager avec leurs bibliothécaires préférés, bien sûr ! À partir de 7 ans.
A silent voice de Yoshitoki Oima (série en 7 tomes)
Entre amitiés et drames, ce manga nous plonge dans le quotidien d’Ishida, un écolier qui harcèle Shoko, malentendante essayant de trouver sa place au sein de leur école. Lorsqu’il ira trop loin, Ishida sera dénoncé et subira à son tour le harcèlement de ses camarades. Ce retournement de situation le changera en profondeur et continuera d’avoir un impact sur sa vie de jeune adulte. Des années plus tard, Ishida décidera de retrouver Shoko pour lui demander pardon. Au travers de thèmes difficiles, le récit de Yoshitoki Oima nous entraîne dans une histoire riche en émotions, dépeignant la vie de deux adolescents qui finissent par se retrouver. Une belle tranche de vie à lire. À partir de 14 ans.
Pendant les vacances d’été, la Médiathèque emploie des étudiants comme agents saisonniers pour assurer la continuité du service. Brice, le saisonnier du mois de juillet, nous a laissé quelques coups de cœur en guise de souvenirs. Des œuvres, au choix pour le moins bluffant, qui ont marqué son passage parmi nous. Après ça, qui osera encore parler de l’inculture de la jeunesse ? Pas nous en tout cas :
Littérature américaine : La petite boutique aux poisons de Sarah Penner
Un livre très prenant ! Écrit sous la forme toujours aussi efficace du roman choral, nous y suivons les histoires croisées de trois héroïnes. Celles de Nella, apothicaire spécialisée dans la conception de poisons afin de protéger les femmes contre leurs maris violents ; d’Eliza, jeune fille de douze ans vive et naïve qui deviendra l’amie et apprentie de la précédente ; et de Caroline, américaine venue à Londres pour remettre son mariage en question et s’accomplir. Le tout sur deux époques différentes (1791 et de nos jours) qui vont finir par s’entremêler autour des poisons pour installer lentement une intrigue pleine de suspense… À lire absolument !
Dans le cadre de notre table thématique consacrée aux “Femmes dans le sport”, en partenariat avec le Service des Sports de la Commune de Lattes, nous avons testé les trois nouvelles séries mangas achetées pour l’occasion. Qu’en avons-nous pensé ? Verdict tout de suite :
Nos auteurs locaux ont du talent. Charles Aubert, Villeneuvois d’adoption, nous en apporte une nouvelle fois la preuve avec ce cocktail de thriller et de nature writing des plus envoûtants. Nous y suivons Jonas Duval, biographe en pleine crise existentielle ayant quitté son confort parisien pour s’aventurer dans un archipel d’îles sauvages, sorte de nord fantasmé entre Scandinavie et Amérique. Jonas est à la recherche de son père qu’il n’a jamais connu. Dès le premier jour, il s’attache les services de l’inquiétant Sam Svensen. Ce dernier lui servira de skipper au travers du labyrinthe d’îles à explorer. Jusqu’à ce que tout ne dérape, et que la quête d’identité ne se transforme en chasse à l’homme. Charles Aubert maîtrise l’une autant que l’autre. La psychologie ambiguë de ses personnages, ses descriptions de nature ou encore ses multiples hommages à la littérature nous interrogent sur le sens de nos vies et notre rapport au monde. Quant au suspense, il est installé progressivement, avec efficacité, malgré quelques coïncidences exagérées qui donnent au dénouement des allures de tragédie antique.
Ultimage le maître des magies, tome 1 : Les quatre éléments d’Adrien Tomas Maël a perdu son père. Sa mère et lui sont contraints de déménager en Bretagne où vit le reste de leur famille. Le garçon y découvre un gros livre marqué de signes étranges qui fait basculer sa vie. Un corbeau doué de parole l’entraîne dans le monde d’Oara, où la magie des éléments existe. Pour rentrer chez lui, Maël devra devenir un Ultimage, comme son arrière-grand-mère avant lui. Le problème c’est qu’un sortilège vieux de 400 ans a fait disparaître tous les Ultimages d’Oara. Heureusement, Maël pourra compter sur Quana, apprentie mage du feu, pour l’aider dans sa quête… Il y a du Avatar, le dernier maître de l’air dans cette trilogie dont le premier tome nous a particulièrement emballé. Les pages s’enchaînent sans temps mort. Les belles illustrations d’Elisabeth James contribuent à une immersion totale dans l’histoire. Les manipulations magiques du monde d’Oara pourront servir de réflexion aux jeunes lecteurs : à quel moment un bien individuel devient-il un mal collectif ? À partir de 9 ans.
Littérature anglaise : La forêt ivre de Gerald Durrell
Célèbre naturaliste et défenseur des animaux, Gerald Durrell a vécu de 1925 à 1995. Ses ouvrages autobiographiques, telle la truculente Trilogie de Corfou narrant une partie de son enfance dans l’île grecque, ont fait son succès. Dans La forêt ivre, Durrell relate un autre épisode de sa vie : un voyage entrepris avec sa première épouse Jackie en Amérique du Sud. C’était dans les années 1950. Durrell devait capturer des animaux sauvages pour le compte de grands zoos anglais. Si un tel trafic est désormais largement condamné, il ne reflète pas moins les pratiques d’une époque. Par ailleurs, Durrell est si attaché à ses animaux, il les observe si amoureusement au point de les humaniser, qu’on lui pardonne volontiers. Avec un indéniable talent de conteur et un humour plein d’autodérision, il nous régale d’épisodes variés à la rencontre de la faune paraguayenne et argentine, mais aussi de la population locale. Dépaysement garanti !
Les enfants des saules de Charlotte Bousquet Melvin, Imaya et Jade sont tous les trois des élèves de l’école alternative “Au blé en herbe”. Ils vivent dans un agréable village de campagne. Mais depuis quelques temps, des évènements étranges se produisent. Des animaux sont blessés, voire tués, les récoltes ne donnent plus rien. Quand Théo et Morgane viennent s’ajouter au groupe des trois autres, une connexion entre eux se créée, leur permettant d’accomplir des prodiges. Ensemble, ils vont essayer de venir en aide aux animaux et à la nature contre le mal qui les gagne. Mais malgré leurs incroyables pouvoirs, Melvin et ses amis restent avant tout des enfants, avec les problèmes liés à leur âge. Ce qui ne leur facilitera pas la tâche… À partir de 9 ans.
C’est l’histoire de deux types : Caleb et Harry. Le premier est paysan, marqué par la forte personnalité de sa mère qui l’a nourri de superstitions et de méfiance vis-à-vis de son prochain. Elle a fait de Caleb un marginal vivant reclus dans les limites de son exploitation quand elle vient à décéder. Le deuxième type est un auteur ayant rencontré le succès avec son premier roman. Il est en panne d’inspiration pour le suivant. Il se retire à la campagne, dans une bicoque sinistre, avec l’espoir de retrouver le goût d’écrire. Son voisin est insaisissable. Il se faufile chez lui en son absence pour l’espionner. Ce n’est autre que le premier type, Caleb, le paysan reclus…
L’île au manoir d’Estelle Faye
Estelle Faye s’est taillé une réputation dans la littérature de genre pour adultes. Avec cette histoire de fantômes, elle s’adresse maintenant au jeune public. Nous y suivons Adam et ses deux amis Gaël et Adelis, sur une île perdue au milieu de l’Atlantique. À la nuit venue, Adam voit sur la plage une jeune fille du nom de Sélène. Elle implore son aide…
De son vrai nom Sanne Putseys, dite Selah Sue, est autrice-compositrice et interprète flamande. Son premier album au titre éponyme, sorti en 2011, l’a propulsée sur le devant de la scène. Elle a travaillé avec Guizmo, Nekfeu, et Prince. Son titre Raggamuffin est classé dans les pépites, les incontournables. Après sept ans d’absence discographique, Selah Sue est de retour avec un 3ème album.
En phase avec son époque, la jeune chanteuse belge est capable de tout : du R’n’B très américain comme de la ballade cotonneuse, du rap européen à la soul éternelle, et même un peu de bossa nova dans All Day All Night. Enregistré à la maison et produit par Matt Parad, Persona, aligne les titres comme autant de singles potentiels. Premier paru, Pills fait le bilan de quatorze années à gober quotidiennement des antidépresseurs et appelle à la danse. TOBi et Benjamin Epps ont prêté leur concours à Hurray , Mick Jenkins l’accompagne sur Celebrate, et – événement – son compatriote Damso, duettiste avec elle sur Wanted You to Know, avec balancement trap et humeur noire. Selah Sue en tournée dans toute la France : le 1er octobre à l’Opéra Comédie de Montpellier dans le cadre des internationales de la guitare 2022.
2. LA VRAIE VIE DE BUCK JOHN de Jean-Louis Murat (Scarlett, 2021)
Même si Jean-Louis Murat pose tel un chanteur de blues avec sa guitare dobro sur la pochette de La vraie vie de Buck John et en dépit du fait que le titre du disque évoque un célèbre cowboy héros de Bandes Dessinées, ce n’est pas un album de Folk/Blues. En effet, comme sur ses deux derniers disques, Jean-Louis Bergheaud utilise ici moult synthétiseurs et sons typés “années 80/90”. Mais à la différence de ces derniers qui semblaient aller un peu nulle part, la dernière livraison du parolier auvergnat permet de constater un retour en forme, avec douze titres entre deux et trois minutes chacun, précis et directs, très concis, légers, souvent animés par un groove funky et truffés de petits gimmicks accrocheurs qui pourraient en faire des tubes. Dans cette catégorie très recherchée, on pense à l’enlevé et drôle Traverser la France, à la percutante pop synthético soul de Battlefield, à la catchy et bluesy Nana (Je Vois Ton Ombre) ou encore au hit sexy avec guitare rock ‘n roll Ma Babe.
Un album par an, c’est le rythme tenu depuis des années par l’increvable auvergnat. Un disque donc enregistré avec toutes les contraintes du confinement, pour un artiste jamais rassasié… Mais que Jean-Louis Murat soit encore là, ragaillardi après la pandémie, reste indubitablement une très bonne chose. Cet album s’accompagne également d’un retour sur les routes, avec un passage notamment par Paris, et la province, dont Montpellier le 22 septembre dans le cadre des Internationales de la Guitare.
Roukiata Ouédraogo est une humoriste originaire du Burkina Faso qui s’illustre en France depuis quelques années. Dans ce roman autobiographique, elle raconte comment, en 2019, elle fut la marraine de la Journée Internationale de la Francophonie. L’événement raviva en elle de vieux souvenirs de famille. Ceux de sa mère qui, à la suite de l’emprisonnement injustifié de son mari, dut subvenir seule aux besoins de ses sept enfants. Le combat de cette Mère Courage offre au lecteur une excellente immersion dans le quotidien des Burkinabés.
Ouédraogo évoque la fierté maladive des hommes, l’endurance héroïque des femmes. La débrouillardise, le système de transport chaotique, l’hypocrisie administrative… des réalités de terrain qui ne sont pas que du folklore et avec lesquelles il faut composer.
La simplicité du style n’empêche pas quelques belles réflexions sur la condition humaine, les différences culturelles ou l’excision, question chère à l’autrice. Un beau moment de lecture.
Ce livre fera l'objet d'un cercle de lecture animé par l'association Teriya Solidarité le samedi 05 novembre à 10h00.
Venez en discuter avec nous!
Il fallait de l’audace pour reprendre l’écriture des enquêtes du fabuleux Hercule Poirot. Pour autant, Sophie Hannah n’a pas à rougir de sa prestation. Elle a relevé le défi avec brio. Chapitre après chapitre, on a plaisir à retrouver sa version du détective belge, aux petites cellules grises si perspicaces. Autant dire qu’il n’a pas pris une ride. Toujours aussi maniaque. Toujours aussi rigoureux. Rien ne lui échappe. Pas même le plus insignifiant détail.
Tout commence dans un restaurant de Londres, avec une mystérieuse Mademoiselle Jennie. Elle a peur pour sa vie. Elle vient de parler à Poirot et s’enfuit. Plus tard, ce sont trois victimes qui seront retrouvées dans trois chambres d’un grand hôtel londonien. Il n’en faudra pas plus à notre cher détective pour s’atteler à la résolution de ces crimes. Dans cette affaire, il sera aidé du jeune inspecteur de police Edward Catchpol.
Une enquête bien ficelée avec le grand final traditionnel réunissant tous les suspects.
Vous voulez plus d'Hercule Poirot revisité ?
Regardez donc le film Le crime de l'Orient Express, version 2018, de et avec Kenneth Branagh.
À emprunter au secteur cinéma !
Tout part de Grégoire Coblence, ébéniste de son état. En réparant un étui à violoncelle, il découvre une partition apparemment ancienne. Plusieurs personnages vont être mis dans la confidence, directement ou indirectement. Très vite, on soupçonne la partition d’être une sonate inédite du claveciniste Scarlatti. Une telle découverte ferait l’effet d’une véritable bombe dans le milieu de la musique. Mais on n’est pas à l’abri d’une supercherie. Quand la partition est volée, tout le monde s’affole. Il faut la retrouver à tout prix, être le premier à percer son mystère…
Roman choral aux allures de thriller artistique, 555, du nombre des sonates de Scarlatti, vous happe dès les premières lignes. Sa construction polyphonique, ses chapitres courts, ses personnages attachants autant que son intrigue teintée d’histoire de la musique, tout y est passionnant du début jusqu’à la fin. Un pur chef d’œuvre à ne manquer sous aucun prétexte!
Vous voulez plus de fiction sur l'art ?
Lisez donc La femme périphérique de Sophie Pointurier, mystère se déroulant dans le Berlin artistique des années 90.
À résoudre au secteur adulte!
Voici un petit livre bien singulier. D’emblée, le narrateur nous fait entrer dans son intimité. Ses premières phrases reprennent le titre “Ici, ça va”. Comme si nous étions un proche lui demandant des nouvelles de sa récente installation à la campagne. Les chapitres très brefs s’enchaînent. Le narrateur y décrit ses journées, les travaux qui l’occupent, les saisons qui défilent, sur le ton de la confidence. Petit à petit se dessine l’histoire d’un homme ayant entamé une triple reconstruction : la sienne, celle de la maison familiale, ainsi que du lien avec la nature. On devine un drame refoulé depuis l’enfance. On admire le soutien de l’épouse aimante. Tout est suggéré avec pudeur et délicatesse.
En fin d’ouvrage, Thomas Vinau dévoile l’intention derrière son roman. Les mots qu’il emploie sont exactement ceux auxquels on pense en parvenant au terme de l’histoire. Preuve que l’objectif de l’auteur est atteint haut la main, en à peine 130 pages.
Vous voulez plus de mise au vert ?
Lisez donc Par la force des arbres d'Édouard Cortès, ou l'histoire vraie d'un homme réfugié au sommet d'un arbre, façon Baron Perché.
À découvrir au rayon adulte!
Il y a d’abord deux femmes : Kamar la Syrienne et Acia l’Italienne. La première fuit son pays avec sa fille. Elle vit le drame de tous les migrants : la guerre, les passeurs, les camps d’internement. La seconde se retrouve totalement démunie après une énième galère. Un livre de cuisine, trouvé par hasard sur un banc, la pousse à se rendre dans un village perdu d’Ombrie.
C’est là qu’entre en scène la troisième larronne : la vieille Nebbe, propriétaire d’une auberge sur le déclin. Ensemble, ces trois femmes vont reprendre goût à la vie, par le biais de la cuisine…
Roman tant social que feel-good , Le pays aux longs nuages s’avère puissant dans son évocation des migrants, un peu plus mélodramatique quand il s’agit d’Acia et ses innombrables malheurs. Il n’en demeure pas moins un livre savoureux avec son énumération de plats typiques et ses paysages de campagne italienne.
Vous voulez plus de romans gourmands ?
Lisez donc Le fermier qui parlait aux carottes et aux étoiles de Julia Mattera, pour saliver de plaisir avec la cuisine alsacienne.
À déguster au rayon adulte!
Il y a ce cinéma qui nous effraie, ce cinéma qui repousse, qui choque comme un coup de poing dans les convenances artistiques, politiques et sociales.
Get Out (2017) fait partie de ce genre de films qu’on nomme cinéma de genre, réunissant le fantastique, le thriller, l’épouvante…Néanmoins, il ne faut pas réduire le genre à une sorte de ghetto dans lequel on catégoriserait les films pour les initiés.
Évidemment, les films d’horreur ne sont pas du goût de tout le monde et pourtant…bien des spectateurs réfutant l’horreur et ses différentes faces, par la peur d’être dérangé, passent bien souvent à côté de grandes œuvres qu’ils ou elles pourraient apprécier. Get Out pourrait en être.
Avec Get Out, Jordan Peele, acteur, scénariste et réalisateur, nous fait voyager dans un cauchemar paranoïaque aux couleurs glaciales et d’un réalisme puissant sur fond de racisme.
Dans son manque de subtilité parfois très (trop) gras, le cinéaste y développe malgré tout des scènes véritablement jouissives et n’hésite aucunement à mélanger les genres, rééquilibrant les séquences malsaines avec une touche d’humour que l’on doit à ses premières expériences dans la comédie et le duo qu’il forma avec Keegan-Michael Key dans la série Key And Peele (2012) et le film Keanu (2016).
Daniel Kaluuya
Le long-métrage ne serait rien sans son brillant casting avec dans le rôle du photographe Chris Washington, Daniel Kaluuya, oscarisé meilleur acteur dans un second rôle. (Black Panther, Judas And The Black Messiah). Mais aussi Allison Williams (Girls, Horizon Line), Catherine Keener (Dans La Peau De John Malkovich), Bradley Withford (The Handmaid’s Tale, Tick TickBoom…), Caleb Landry Jones (3 Billboards, Finch), Betty Gabriel (Unfriended :Dark Web, American Nightmare 3 Elections) et Lakeith Stanfield (Uncut Gems, Judas And The Black Messiah).
Si ce long-métrage donne des sueurs froides, c’est aussi grâce à son compositeur, Michael Abels jouant ici d’un gospel tordu.
Avec Get Out, Jordan Peele bouleverse les codes horrifiques et remporte l’oscar du meilleur scénario. Sa filmographie s’étendra par la suite avec l’intriguant Us (2019), conte paranoïaque où une famille afro-américaine est confrontée à leur propre double avec dans le rôle principal une Lupita Nyong’o au sommet de sa forme.
Il hérite du rôle de showrunner pour la série The Twilight Zone (2019) sur OBS, tout droit tiré de l’univers de la série des années 60, à l’origine présentée par Rod Serling.
Enfin, son dernier long-métrage Nope, un nouveau délire aride à la sauce OVNI sort ce 10 août 2022 au cinéma avec une nouvelle fois Daniel Kaluuya aux côtés de Keke Palmer (Alice, Queens) et Steven Yun, oscarisé meilleur acteur en 2021 (MINARI, Okja).
Bien au-delà du côté « high-concept » de son cinéma (film axé sur l’accroche à l’univers et l’idée plus que sur les protagonistes), terme avec lequel bien trop de critiques vulgarisent sa filmographie, Jordan Peele ouvre des perspectives, questionnant sans cesse l’idée d’obsession, de représentation, qu’elle soit dans ses personnages ou dans la manière de les filmer… Jordan Peele brise le 4ème mur (il n’y a qu’à lire les titres), s’amuse avec le public pour mieux l’inclure dans une expérience qui le met face à l’inconfort, mais un inconfort qu’il pourra apprécier.