Les coups de cœur du saisonnier

Pendant les vacances d’été, la Médiathèque emploie des étudiants comme agents saisonniers pour assurer la continuité du service. Brice, le saisonnier du mois de juillet, nous a laissé quelques coups de cœur en guise de souvenirs. Des œuvres, au choix pour le moins bluffant, qui ont marqué son passage parmi nous.
Après ça, qui osera encore parler de l’inculture de la jeunesse ? Pas nous en tout cas :

Cinéma :
Rocco et ses frères de Luchino Visconti

Avec Rocco et ses frères, Visconti retrace le dépaysement d’une famille populaire du sud de l’Italie, prise dans des ficelles funestes, traversant caves, appartements et rings de boxe, des décors évolutifs, à l’image des protagonistes se mouvant dans la pauvreté, l’ascension et finalement la déchéance.
Le maestro du sulfureux Ossessione (genèse du néo réalisme italien en 1943), livre, avec ce deuxième long-métrage, une mise en scène fluide, pointilleuse et généreuse avec une alternance dynamique entre plans larges et gros plans, souvent accompagnée d’une profondeur renversante (on sait qui est derrière l’appareil), dépeignant la misère et les contrastes d’un Milan grisâtre, froid et enneigé, tableau d’un pays torturé, où se mêlent tragédies amoureuse et fraternelle sur le noir et blanc tranché du talentueux Giuseppe Rotunno.
Alain Delon et Renato dégagent une performance fabuleuse, campant des figures fracturées et pathétiques, sans oublier la richesse de jeu de la magnifique Annie Girardot, crevant l’écran tout du long.
À (re)découvrir absolument…


Bande-dessinée :
Les chimères de Vénus tome 2 d’Alain Ayrolles et Étienne Jung

En 2021, Alain Ayroles nous a proposé une série parallèle à l’extraordinaire saga Jules vernienne Le Château des étoiles d’Alex Alice, Les chimères de Vénus, dessinée cette fois-ci par Étienne Jung, avec un tracé beaucoup plus lisse mais pas moins dénué de couleurs.
Le premier tome de cette série dérivée était une introduction plutôt sympathique et prometteuse à de futures aventures vénusiennes sur fond d’émancipation (qui ne se dérouleront que sur trois tomes et c’est bien dommage…). À travers ce deuxième volet, la série se renouvelle avec virtuosité.
Alain Ayrolles développe avec générosité et originalité son univers où se profilent des mystères préhistoriques voire lovecraftiens qui tiennent le spectateur en haleine jusqu’à la dernière case. Étienne Jung déploie des planches vertigineuses retranscrivant la démesure déjà employée pour les fonds interstellaires du Château des étoiles, mais ici pour les fonds marins, qui, jusqu’alors n’avaient pas encore été explorés.
On a hâte de lire la suite et fin !


Poésie :
L’art du haïku, Pour une philosophie de l’instant de Pascale Senk

Figer le moment présent, observer le spectacle que nous offre le microcosme et accepter l’imperfection… À travers cet ouvrage, que l’on peut qualifier d’introductif, voire d’initiatique, Pascale Senk et Vincent Brochard nous font voyager à travers l’histoire du haïku (poème court japonais).

Avec une philosophie de l’humilité qu’ont adoptée les maîtres Bashô, Issa et Shiki, les auteurs nous emportent dans une enquête documentaire teintée de spiritualité qui diverge du chemin de l’intellect romanesque et pompeux occidental pour se recentrer sur les phénomènes de l’instant, les manifestations de la vie à travers l’art du poème bref…


Manga :
Berserk de Kentaro Miura

Après la mort de son auteur en 2021, la célèbre série de mangas pré-publiée en 89 dans la revue Monthly Animals House, est rééditée en France par Glénat en juin 2022 sous forme de 41 tomes à (re)découvrir.
Berserk est un must have du manga dark fantasy. Traçant un récit faussement simple (un anti-héros solitaire et torturé terrassant des créatures démoniaques à l’aide d’une épée plus grande que sa propre taille…), la série se démarque par le découpage de ses planches redoutablement détaillées et d’une violente précision.
Ceci sans oublier l’encrage profond de l’univers et des personnages contrastés d’un certain humour noir, ainsi que le bestiaire poisseux où se confondent démons et parasites inspirés de la mythologie yokaï livrant des combats spectaculairement généreux.
À dévorer !


Crédits image :
– Icône de l’entête : flaticon via Freepik

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