Littérature jeunesse : on a lu pour vous…

1. Aberrations, tome 1 : Le réveil des monstres

Le cousin trash de Tom Ward !

Cote : J. DEL 1

Avis à tous ceux qui ont aimé L’épouvanteur de Joseph Delaney : les éditions Bayard publie une nouvelle série de l’auteur britannique ! Intitulée Aberrations, elle reprend les ingrédients qui ont fait le succès de sa grande sœur : dans une Angleterre aux allures médiévales-fantastiques, le jeune Crafty, que ses origines familiales dotent d’aptitudes magiques, est formé au dangereux métier de “mouche de porte” pour lutter contre le Shole, un brouillard maléfique transformant tous ceux qu’il recouvre en créatures cauchemardesques. Mais comme va très vite l’apprendre Crafty, il y a pire que les revenants, les monstres ou les sorcières cachés dans le Shole. Il y a les traîtres qui prennent un plaisir cruel à éliminer les “mouches de porte”…
Un premier tome efficace et prometteur, malgré la noirceur de l’atmosphère et la violence de certaines scènes (tortures, meurtres, transformations inhumaines). Pour lecteurs de 12 ans et plus. Âmes sensibles s’abstenir…


2. Arlo Finch, tome 1 : Le mystère des Longs Bois

Harry Potter chez les Castors Juniors !

Cote : J. AUG 1

On ne le dira jamais assez : la saga Harry Potter a révolutionné le monde de la littérature jeunesse. Elle a fixé des codes qui sont toujours d’actualité vingt ans après et que bon nombre “d’héritiers” se sont empressés de reprendre, y voyant la clé du succès. C’est le cas de John August, collaborateur du grand Tim Burton, avec sa nouvelle série Arlo Finch. Dans ce premier tome, le héros éponyme, Arlo, douze ans, se réfugie dans un village perdu du Colorado avec sa famille. Un village cerné par une forêt extraordinaire, les Longs Bois, qui pourrait bien être la frontière avec un autre monde. Autour d’Arlo, il y a les indispensables camarades façon Ron et Hermione, en compagnie desquels il découvrira la magie des lieux ainsi que son potentiel insoupçonné. Il ne manque plus qu’une école des sorciers pour parfaire le tableau. Oui mais non ! Parce que nos héros ne sont pas des sorciers mais des rangers. Ou si vous préférez des scouts, façon Castors Juniors cette fois-ci. C’est là la véritable originalité de cet univers au demeurant sympathique, qui mêle magie et apologie de l’esprit de groupe. Dès 10 ans.


3. L’île des disparus, tome 1 : La fille de l’eau

Une reine du polar en territoire jeune !

Cote : J. STE

Valeur montante des romans policiers pour adultes, Viveca Sten s’associe avec sa propre fille Camilla pour nous livrer une série jeunesse inédite L’île des disparus. Si ce premier tome ne manque pas de références (certaines parfaitement assumées comme Twilight), il n’en possède pas moins des atouts propres. Et quels atouts ! Un univers original, inspiré des croyances populaires nordiques. Une ambiance inquiétante et glacée à l’image des îles suédoises où l’action se déroule. Une intrigue bien ficelée où s’exprime la maestria de l’auteur en matière de suspense. Un style singulier, à la première personne et au présent, qui nous permet une empathie totale avec Tuva, héroïne et narratrice de l’histoire. Cette dernière est une collégienne de douze ans pas vraiment comme les autres. Parce que, bébé, elle a miraculeusement survécu à un accident de bateau qui aurait dû lui coûter la vie. Et parce que depuis, une réputation de monstre de foire lui colle à la peau. La situation ne s’arrange guère lorsqu’elle se retrouve mêlée à la disparition mystérieuse d’un garçon populaire du collège. Sans parler des phénomènes surnaturels qui accompagnent cette disparition ou de l’angoisse que ressent Tuva à proximité de la mer…
Totalement addictif ! Vivement la suite !
Pour ados et adultes décomplexés.

 

On en parle #3

On en parle ? Sélection de films autour de l’actu
Cannes 2019 : quand les zombis ouvrent les marches

De la pénombre de la série Z au zénith de Cannes, les zigzags des zombis les auront finalement menés très loin… Mi(z) à l’honneur à Cannes dans deux films d’auteurs (Dead don’t die, de Jim Jarmusch & Zombie child, de Bertrand Bonnello), on assiste aujourd’hui à une véritable reconnaissance du genre. Une bonne occasion de réviser ses classiques ! Nous vous propo(z)ons donc un zoom sur quelques films marquants (z)et cultes :

Vaudou, de Jacques Tourneur (1943)
aux racines du mythe

En situant l’action de son film à Saint-Sébastien, une île proche d’Haïti, Jacques Tourneur inscrit son récit au plus près des racines du mythe. Il est d’ailleurs intéressant de souligner que, si le titre français renvoie aux sources africaines des zombis, le titre original, I walked with a zombie, évoque quant à lui le berceau haïtien ; à eux seuls ces deux titres nous offrent une généalogie du mythe. Que l’histoire elle-même vient illustrer : qu’est ce que le personnage de Jessica Holland, malade apathique et apparemment incurable, sinon une illustration du zombi “traditionnel” ? Au-delà de son ancrage légendaire, Vaudou est un très beau film d’atmosphère tel que Tourneur sait les faire : l’art de la suggestion et du clair-obscur… Envoûtant. [Cote : F TOU]

La nuit des morts vivants, de G. Romero (1968)
des zombis aux zombies

Attention, film culte ! Et pour cause : La nuit des morts vivants a véritablement édicté les codes du genre. Mais plus encore que les seules trouvailles formelles (caméra portée, montage heurté), l’apport de Romero réside dans le discours : le zombie, métaphore d’une humanité aliénée, devient le porteur d’un message politique. Américanisation du genre, américanisation du mot : le terme portera désormais un -e final. [Cote : F ROM]

28 jours plus tard, de Danny Boyle (2002)
les zombies accélèrent

Oubliez le zombie avec sa démarche hiératique ; ici les morts-vivants ont pris un sérieux coup d’accélérateur. D’ailleurs le programme est annoncé dès le titre : 28 jours, et pas un de plus… Un symptôme révélateur d’une époque ? [Cote : F BOY]

[REC], de J. Balaguero & P. Plaza (2007)
un film à sensations (fortes)

Reprenant le dispositif de la caméra embarquée initié par Romero, [REC] creuse la veine du subjectif et lorgne du côté du jeu vidéo (et plus particulièrement du survival horror). Le spectateur est véritablement engagé dans l’action ; effets de surprise garantis…  Âmes sensibles s’abstenir ! [Cote : F BAL]

Les revenants (2012-2015)
la série TV

Amateurs d’hémoglobine et de sensations fortes, passez votre chemin ! Couleurs neutres, ambiance brumeuse : cette série télévisée française joue la carte de l’onirisme et explore la piste psychologique. Car au fond rencontrer des revenants, c’est aussi faire face au deuil et affronter la culpabilité des vivants face à leurs morts… [Cote : F REV]

Zombillenium, d’Arthur de Pins & Alexis Ducord (2017)
gentil zombie

Faisant sienne l’adage qui veut que l’on est jamais mieux servi que par soi-même, Arthur de Pins, aidé d’Alexis Ducord, est passé à la réalisation pour adapter sa propre bande-dessinée. Il nous livre ici une version sympathique de la figure du zombie (et de tout le panthéon horrifique par la même occasion), mêlant fantastique, humour mais aussi discours politique. Une bonne entrée en matière sur le thème à partir de 10/12 ans. [Cote : A PIN]

La nuit a dévoré le monde, de D. Rocher (2018)
le film de zombie “à la française”

L’originalité de ce huis-clos porté par l’acteur Anders Danielsen Lie réside dans le renversement des proportions : la solitude a désormais changé de camp. Là où La nuit des morts vivants s’attachait à observer la dynamique de groupe face à la menace, Rocher laisse son personnage évoluer dans un Paris vidé de toute présence humaine. La normalité a changé de camp… [Cote : F ROC]

On a vibré pour UNE HISTOIRE DES ABEILLES de Maja Lunde

“Pour vivre en harmonie avec la nature, nous devions nous libérer des pulsions propres à notre espèce. Or l’éducation avait un rôle à jouer dans cette prise de conscience.”

Trois héros malgré eux : William, chercheur dépressif ; George, apiculteur aux manières “d’espèce disparue” ; Tao, pollinisatrice d’arbres fruitiers.
Trois époques : 1851 pour le passé ; 2007 pour le présent ; 2098 pour le futur.
Trois nations : l’Angleterre victorienne ; les États-Unis agricoles ; la Chine post-apocalyptique.
Un drame universel qui les implique tous : l’inéluctable disparition des abeilles. Celle qui entraînera la raréfaction dramatique des ressources alimentaires. Celle qui causera la chute des civilisations.
Voilà ce que nous propose Maja Lunde dans sa passionnante Histoire des abeilles, habile mélange d’écofiction, de roman d’anticipation et de chronique familiale.

Que l’on soit ou non sensible à l’écologie, on est immédiatement embarqué dans ce récit où les voix des trois héros alternent d’un chapitre à l’autre. Des héros auxquels on s’attache d’emblée, parce qu’ils sont aussi humains, caractériels et imparfaits qu’on puisse l’être. Et parce que la famille est au centre de leurs préoccupations autant que le drame écologique qui s’insinue dans leur quotidien. Famille et cataclysme sont liés. L’un et l’autre forment chacun une moitié de l’héritage.

De la même façon, que l’on apprécie ou non la science-fiction, on adhère facilement à l’histoire. Parce que la science-fiction employée ici est légère. Et surtout parce qu’elle sert à décrire un futur plausible, conforme à celui que nous promettent les scientifiques étudiant la dégradation de l’environnement. Mais avec une lueur d’espoir en conclusion, où même ce que l’on croyait raté trouve sa raison d’être. Car nous avons tous notre rôle à jouer dans cette affaire.

Pour les amateurs de science-fiction, signalons tout de même que l’œuvre de Lunde possède un je-ne-sais-quoi du Cloud Atlas* de David Mitchell, porté à l’écran par les Wachowski en 2012. Dans l’installation progressive d’une catastrophe planétaire. Dans l’interpénétration des époques, des destins et de leur aboutissement.

*disponible dans votre médiathèque au rayon Cinéma

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Une histoire des abeilles
Auteur : Maja Lunde
Pays : Norvège
1ère année de publication : 2015
Éditeur : Pocket

Cote : SF. LUN

 

Chroniques BD : on a lu pour vous…

1. Une terrifiante aventure de Mickey Mouse : Horrifikland (cote : BD MIC / rayon jeunesse)

Glénat publie un nouvel album dans sa collection “Disney by Glénat” en collaboration avec le géant américain. Le neuvième depuis la parution en 2016 de Une mystérieuse mélodie. On y retrouve Lewis Trondheim au scénario, un habitué de la collection (trois albums sur neuf à son actif). Rien à redire au niveau de l’histoire. Trondheim respecte le cahier des charges d’une version luxueuse de Mickey Parade. Il s’amuse à accentuer les traits de caractère des trois héros : Mickey est un peu trop sûr de lui, Dingo stupidement drôle et Donald froussard à l’excès au lieu d’être colérique. C’est qu’il fallait bien un poltron dans la bande pour rendre comique l’exploration du parc d’attractions Horrifikland, dans laquelle les trois amis se sont embarqués. La mise en image est assurée par Alexis Nesme qui livre des cases magnifiques : couleurs chatoyantes, patine délicieusement vintage, et  décors biscornus dignes d’un Tim Burton. Pour petits et grands !

Extrait à découvrir sur le site de l’éditeur


2. LE PRINCE ET LA COUTURIÈRE (COTE : BD WAN / RAYON ADOS)

Féminin, masculin, non-binaire… ces derniers temps, il est de bon ton de remettre le genre en question. Le prince et la couturière de la dessinatrice américaine Jen Wang surfe gentiment sur cette vague transgressive. Gentiment parce que l’approche n’est pas scandaleuse, qu’elle reste très grand public, et qu’elle n’est pas sexuellement orientée. On s’explique : dans une fin dix-neuvième idéalisée, le prince Sébastien de Belgique séjourne à Paris. Un grand bal est organisé pour que le jeune monarque choisisse sa future épouse. La nouvelle met en émoi toutes les demoiselles à marier. Ça c’est la version officielle. Parce qu’en coulisse, le prince reluque les robes des donzelles. Oui, vous avez bien lu : le prince Sébastien aime les robes. Il se travestit et court les nuits parisiennes en compagnie de sa nouvelle couturière, la dévouée Francès. Une amitié solide unit ces deux-là. Voire plus si affinité. Jusqu’au jour où le talent de Francès ne peut plus se contenter du secret…
Des héros attachants, une histoire tendre malgré une fin invraisemblablement tolérante pour l’époque décrite, le tout servi par un graphisme agréable qui n’est pas sans rappeler la patte Disney des années 60-70. Primé au festival d’Angoulême 2019.


3. Le dieu vagabond (cote : BD DOR / rayon adultes)

Que d’influences dans cette bande-dessinée de l’italien Fabrizio Dori ! Un véritable voyage visuel à travers l’histoire de l’art. Les cases magnifiquement travaillées sont autant de tableaux où se mêlent céramiques grecques, estampes japonaises, préraphaélisme, paysages “van-goghiens”, fantastique “blakien”, silhouettes “klimtiennes” et tant d’autres choses. La formation aux Beaux-Arts de l’auteur est palpable. Côté scénario, on est encore dans l’évocation des grands anciens : on pense à Nijinski dans l’Après-midi d’un faune, aux épopées antiques, à Dante, à John Milton… mais pas de façon grandiloquente. Plutôt avec malice et loufoquerie. Et un peu de nostalgie aussi. La nostalgie d’un âge d’or oublié, d’un monde païen où l’on communiait avec l’univers et avec le sacré. Eustis, le héros, n’est pas qu’un dieu maudit. Il n’est pas qu’un clochard céleste faisant l’apologie de la marginalité. Il représente cette part à la fois sauvage et divine que nous portons tous en nous. Une part qui ne trouve plus sa place dans ce monde désormais aveugle à la magie de la vie…

 

Coup de ♥ littérature adulte : Fabcaro sort de sa bulle !

Et oui nous parlons bien du même auteur, Fabrice Caro alias Fabcaro, celui qui nous a fait rire dans la bande-dessinée Zai Zai Zai, unanimement plébiscitée. L’auteur de BD signe cette fois son deuxième roman Le discours, publié aux éditions Gallimard dans la collection Sygne.
Très agréable à lire, il nous plonge dans un interminable repas de famille. Le récit à la première personne d’un huis clos familial, mêlant mélancolie et comédie, au cœur des tribulations intérieures d’un “quadra” en quête d’espoir.

Cet antihéros, Adrien, fête ses quarante ans chez ses parents en présence de sa sœur Sophie et de son futur beau-frère Ludovic. Entre gratin dauphinois et échanges sans intérêts, Adrien se livre alors à un réel combat intérieur pour survivre à ce déjeuner familial anxiogène. Et le coup de grâce est donné dès le début du repas, lorsque justement Ludovic, le beau-frère,  exprime une requête auprès d’Adrien, qui va prendre des proportions démesurées : “Tu sais, ça ferait très plaisir à ta sœur si tu faisais un petit discours le jour de la cérémonie.” 
Plutôt introverti et mal dans sa peau, il n’en fallait pas moins pour anéantir ce quarantenaire. Parler en public devant un parterre d’invités aux têtes inconnues, pendant la cérémonie de mariage de sa sœur, c’est plus qu’il ne peut supporter ! Et puis comment lui demander ça à lui, aujourd’hui, alors qu’il vient de se séparer de Sonia ? Comment vanter l’amour et l’engagement alors qu’il navigue lui-même dans les flots d’une récente rupture ?

C’est avec un style simple, direct, sans fioritures, que Fabrice Caro fait passer de belles émotions où se mêle une bonne dose d’humour. Il manie à merveille le running gag et l’art de la chute. Il sait aussi soudainement partir en vrille dans l’absurde. Au passage, il raille la mièvrerie contemporaine, type “la vie est un vélo rouge sans petites roues”, les petites lâchetés amoureuses au temps du SMS, et les convives insupportables qui vous parlent du permafrost pendant des heures.

En un mot comme en mille, c’est bien la première fois qu’on aurait aimé qu’un discours de mariage soit plus long ! Le discours est en quelque sorte un panaché de tous nos petits travers relationnels, de notre incapacité à communiquer nos failles, un roman qui raconte l’Humain et où l’on rit du début à la fin en s’apercevant que, finalement, c’est peut-être bien de nous dont on rit le plus…

Référence :
Le discours, de Fabrice CARO, éditions Gallimard (2018)
Cote : R. CAR

On a dompté LE POUVOIR DU CHIEN de Thomas Savage

“On est ce qu’on est, on fait ce qu’on est obligé de faire, et on finit comme le sort le veut.”

Il y a des héros de romans qui sont de véritables ordures. Vous devriez les haïr. Et pourtant vous vous attachez à eux. Vous êtes à l’affût de leur prochain coup bas.
C’est le cas de Phil Burbank, cow-boy quadragénaire mis en scène par Thomas Savage dans son Pouvoir du chien. Disons-le sans ambages : Phil est un beau salopard. Personne ne trouve grâce à ses yeux. Ni les “chochottes”. Ni les Juifs. Ni les Indiens. Ni ces étrangers naïfs qui envahissent les terres du far-west sans se douter de ce qui les attend. Personne donc, sauf Bronco Henry, le cow-boy qui l’a formé dans sa jeunesse et que Phil a érigé en modèle de virilité. Et un peu aussi son frère George, surnommé affectueusement “Gras-double”, avec qui Phil gère le ranch familial.

Le pouvoir du chien décrit un univers triplement rude. Rude le paysage. Rude le climat. Rudes les hommes. Il s’ouvre sur une scène choc qui donne le ton : la castration des bœufs, orchestrée par un Phil expert en la matière. S’ensuit une autre castration : celle du brave docteur Johnny Gordon. Castration morale cette fois-ci. À laquelle Phil (encore lui) n’est pas totalement étranger. Mais qui poussera tout de même le brave toubib au suicide.

Alors quand “Gras-double” s’entiche de la veuve du défunt et qu’il la ramène au ranch, c’est comme une déclaration de guerre. Mais pas une guerre avec du bruit et de la fureur. Une guerre psychologique qui prend des allures de tragédie grecque, et dont la clé pourrait bien être Peter, le fils du toubib trépassé.

Si le livre fut salué par la critique à sa sortie, il ne rencontra pas le succès auprès du public. Peut-être parce qu’il dynamite le stéréotype du cow-boy au grand cœur et interroge les limites de l’Amérique profonde des années vingt  : quelle place pour les femmes dans ce monde où testostérone fait loi ? Quelle vie pour les Indiens spoliés ? Quid du rêve américain dans ces territoires arides qui prennent plus qu’ils ne donnent ?

FICHE TECHNIQUE :

Titre : Le pouvoir du chien
Auteur : Thomas Savage
Pays : États-Unis
1ère année de publication : 1967
Éditeur : Belfond

Cote : R. SAV

On en parle ? #2

On en parle ? Sélection de films autour de l’actu
Semaine du 4 mars 2019

Parce que nommer c’est faire exister, donner à voir, clamer à la face du monde, nous vous proposons à l’occasion de la Journée Internationale pour les Droit des Femmes une sélection de films qui portent (fièrement !) en titre le prénom de leur héroïne.

Aurore, de Blandine LENOIR (2017)
Jackie, de Pablo LARRAIN (2016)
Julieta, de Pedro ALMODOVAR (2016)
Tamara, d’Alexandre CASTAGNETTI (2016)
Carol, de Todd HAYNES (2015)
Fatima, de Philippe FAUCON (2015)
Marguerite, de Xavier GIANNOLI (2015)
Lucy, de Luc BESSON (2014)
Gloria, de Sebastian LELIO (2013)
Joséphine, d’Agnès OBADIA (2013)
Augustine, d’Alice WINOCOUR (2012)
Wadjda, d’Haifaa AL-MANSOUR (2012)
Martha Marcy May Marlene, de Dean DURKIN (2011)
Chloé, d’Atom EGOYAN (2009)
Juno, de Jason REITMAN (2007)
Marie-Antoinette, de Sofia COPPOLA (2006)
Elizabeth, de Shekhar KAPUR (1999)
Thelma et Louise, de Ridley SCOTT (1991)
Thérèse, d’Alain CAVALIER (1986)
Anna, de Pierre KORALNIK (1967)
Eva, de Joseph LOSEY (1962)
Lola, de Jacques DEMY (1960)
Ariane, de Billy WILDER (1957)
Sissi, d’Ernst MARISCHKA (1955)
Sabrina, de Billy WILDER (1954)
Monika, d’Ingmar BERGMAN (1953)
Eve, de Joseph L. MANKIEWICZ (1950)
Naïs, de Raymond LEBOURSIER (1945)
Laura, d’Otto PREMINGER (1944)
Rebecca, d’Alfred HITCHCOCK (1940)
Amanda, de Mark SANDRICH (1938)

Pour télécharger la filmographie, cliquez ici.

On en parle ? #1

On en parle ? Sélection de films autour de l’actu
Semaine du 18 février 2019

Pour faire écho à la sortie mouvementée – mais largement saluée – du dernier film de François Ozon, Grâce à dieu, nous vous proposons cette semaine une sélection de films disponibles à la médiathèque mettant en scène la religion catholique.

Entre hagiographies et réquisitoires, les œuvres réalisées sur ce thème sont représentatives de la relation qu’entretiennent religion et cinéma : quelque part entre l’attirance et la répulsion… Et si les églises subissent effectivement une désaffection, on peut néanmoins noter ces dernières années un retour en grâce du thème dans la production cinématographique, avec des réalisations originales qui tendent à renouveler le traitement du sujet.

L’apparition, de Xavier GIANNOLI (2018)
La prière, de Cédric KAHN (2018)
Sur le chemin de la rédemption, de Paul SCHRADER (2017)
Les innocentes, d’Anne FONTAINE (2016)
Marie Heurtin, de Jean-Pierre AMERIS (2014)
Noé, de Darren ARONOFSKY (2014)
Philomena, de Stephen FREARS (2014)
La religieuse, de Guillaume NICLOUX (2013)
La passion du christ, de Mel GIBSON (2004)
Habemus Papam, de Nanni MORETTI (2011)
Des hommes et des dieux, de Xavier BEAUVOIS (2010)
Agora, d’Alejandro AMENABAR (2009)
Da vinci code, de Ron HOWARD (2006)
Jeanne d’Arc, de Christian DUGUAY (1999)
La dernière tentation du Christ, de Martin Scorsese (1988)
Le nom de la rose, de Jean-Jacques ANNAUD (1986)
Thérèse, d’Alain CAVALIER (1986)
L’évangile selon Saint Matthieu, de Pier Paolo PASOLINI (1964)
L’extase et l’agonie, de Carol REED (1965)
Le septième sceau, d’Ingmar BERGMAN (1957)
Les 10 commandements, de Cecil B. DeMille (1956)
Ordet, de Carl Theodor DREYER (1955)
La passion de Jeanne d’Arc, de Carl Theodor DREYER (1928)

Pour télécharger la filmographie, cliquez ICI

Du cinéma & des bonnes résolutions

Qu’il nous paraît déjà lointain, ce 1er janvier où, l’esprit plus ou moins embrumé, mais résolument optimiste, nous avons décidé de nous lancer ce pari un peu fou : changer. Et en mieux en plus !

Alors pour vous soutenir dans vos efforts (et allier l’utile à l’agréable !) nous vous proposons quelques films sur le thème des traditionnelles bonnes résolutions. L’occasion aussi, au passage, de vous présenter un petit florilège des achats 2018.

Allez courage, on dit qu’il faut 21 jours pour adopter une nouvelle habitude, vous y êtes presque !

1- Faire du sport

> L’ascension, de Ludovic Bernard (2017) & Good luck algeria, de Farid Bentoumi (2016) : qu’il s’agisse de dévaler les pistes ou d’escalader les sommets, ces deux films vous offrent une virée aux sports d’hiver
> Free to runde Pierre Morath (2016) : un documentaire passionnant sur l’histoire de la course à pied.
> Comme des garçons, de Julien Hallard (2018) : une sympathique comédie familiale qui prouve que oui, on peut être une femme et jouer au foot !
> Les rebelles du foot, de Gilles Rof et Gilles Perez : portraits de 5 joueurs engagés.

2- Se déconnecter

> Unfriended, de Levan Gabriadze (2014) : traitant du cyber-harcèlement, ce film se déroule entièrement sur un écran d’ordinateur. Une expérience cinématographique surprenante.
> Ex-machina, d’Alex Garland (2014) : l’expérience de l’Intelligence Artificielle poussée à son paroxysme.
> Internet, la pollution cachée, de Coline Tison, Laurent Lichtenstein (2012) : “l’Effet papillon” au bout de nos souris…

3- Soigner ses névroses

> Jalouse, de David et Stéphane Foenkinos (2017) : Karine Viard en mère jalouse de sa fille. A la fois dérangeant et bien vu.
> L’amant double, de François Ozon (2017) : torturé, machiavélique, pervers… Impossible de rester indifférent !
> Augustine, d’Alice Winocour (2012) : une page de l’histoire de la psychiatrie interprétée par
> Psy, de Philippe de Broca (1980) : une comédie délicieusement kitsch servie par Patrick Dewaere et Annie Duperey, en grande forme.

4- Perdre du poids & manger sainement

> Chefs. Saison 1 (2015) : plongée dans la vie d’une brigade. Trépidant.
> La grande bouffe, de Marco Ferreri (1973) : un brûlot qui fit scandale à Cannes…
> Grave, de Julia Ducournau (2016) : un film d’horreur français original qui vous donnera envie de vous convertir au végétarisme.
> Sugarland, de Damon Gameau (2018) : ce documentaire sur les méfaits du sucre vous dissuadera de finir les boîtes de chocolats de Noël…

5- Consommer moins et mieux

> Downsizing, d’Alexander Payne (2017) : une solution originale pour remédier aux crises sociale et environnementale !
> Mr Selfridge. Saison 1 (2013) : une bonne manière de faire du shopping par procuration !
> Ma vie zéro déchet, de Donation Lemaître (2015) & Food Coop, de Tom Boothe (2016) : des pistes pour consommer autrement.

6- Arrêter de râler & cultiver son optimisme

> Le sens de la fête, d’Eric Toledano et Olivier Nakache (2017) : pour Jean-Pierre Bacri, le roi des râleurs et autres bougons !
> Tout le monde debout, de Franck Dubosc (2018) : une tendre comédie romantique sur le thème handicap.
> Les bêtises, de Rose et Alice Philippon : un “film-good” poétique qui louche du côté du Tati.

Coup de ♥ musical : LOOK NOW de Elvis Costello

Décidément voici une rentrée pleine de surprises, bonnes et inattendues : le dernier Costello est une merveille.
Pour certains, c’est le retour à la forme du groupe et des compositions de 1979. Souvenez-vous, ce qu’on appelait alors la “new wave” ou le “post punk” et qui n’était dans son cas “que” de la pop. Mais pas seulement. On a affaire ici à la quintessence-même de cette dernière : mélodies, arrangements, voix, textes… et le miraculeux assemblage du tout, qui fait que la sauce prend !

Elvis Costello

Tantôt on dirait un Joe Jackson vintage, tantôt un Motown des familles. Ici, ce sont les trompe l’oeil d’un Bacharach (qui coécrit et participe à trois titres), là, la distance du vaudeville victorien sorti tout droit d’un Divine Comedy. Et partout l’intelligence, l’évidence d’un McCartney !
C’est parce qu’il aime tout ça et qu’il le fait naturellement que Costello a réussi à transcender les genres et les influences.
Aucun rebut dans cet opus… à un bémol près sur le EP bonus, un titre chanté en Français approximatif…

Look now n’en reste pas moins un bijou de complexité, de finesse et d’efficacité.

Référence :
Look now, Elvis Costello & The Imposters, Concord Records (2018)
Cote 2 COS 20

 

Coup de ♥ littérature : WONDER, de R.J. Palacio

C’est l’histoire d’August Pullman, un petit garçon de 10 ans né avec une malformation faciale, ce qui lui donne un visage plutôt effrayant. Il n’est jamais allé à l’école.

Lors de son entrée au collège, il est rejeté par les autres parce qu’il n’est pas comme eux. Il rencontre Jack et Summer qui deviennent ses seuls amis. Mais une rumeur circule selon laquelle celui qui le touche attraperait la peste. Mais en fin d’année la situation s’inverse, tous le monde l’accepte tel qu’il est.

J’ai aimé ce livre car la situation de ce jeune garçon m’a touchée, malgré sa différence il arrive à se faire accepter par les autres.

Agathe (notre stagiaire de 3ème)

Références
Titre : Wonder
Auteur : R.J. Palacio
Editeur : Fleuve noir
Année de publication : 2013
Cote : R. PAL

Coup de ♥ BD : CHRONIQUES DU LÉOPARD, d’Appollo et Téhem

Nous suivons les pas de Lucien, jeune collégien, qui vient d’arriver à l’internat du Lycée Leconte De Lisle à Saint-Denis de la Réunion.  Il va rapidement se lier avec Charles, le narrateur de cette histoire. Chroniques d’une amitié créole…

La bande dessinée est découpée en plusieurs chapitres, très judicieux, et se lit ainsi plus facilement. C’est le quotidien de l’île qui est décrit dans cet album, durant la seconde guerre mondiale, à travers le regard de deux jeunes garçons qui rêvent d’aventures,  de lointains horizons et de coups d’éclats ! L’histoire mêle agréablement le quotidien de l’île et de ses habitants, la vie des deux jeunes garçons, l’adolescence,  les premiers émois amoureux, la littérature, les opinions politiques et la guerre.

Des rencontres, sur les bancs du lycée, Raymond Barre, les frères Paul et Jacques Vergès, des coups de gueules, des amours rythment cette bande dessinée agréable à découvrir. Le dessin est rond, simple et pourtant dynamique et doux. Une couleur dominante est choisie pour chacun des chapitres, apportant un petit plus à cette belle histoire.

Extrait à découvrir sur le site de l’éditeur

Références :
Titre : Chroniques du léopard 
Auteur : scénario d'Appollo et illustrations de Téhem
Editeur : Dargaud
Année de publication : 2018
Cote : BD APP

Coup de ♥ littérature adulte : LA TRILOGIE DU SUBTIL CHANGEMENT de Jo Walton

Big Ben

Présente sur nos tables lors de la thématique “Uchronie”La Trilogie du Subtil Changement nous entraîne, après le Blitz et après-guerre, dans une Grande Bretagne qui a réussi à arracher une paix “convenable” à Hitler (un autre “Peace in our time”).

Le fil conducteur des trois tomes réside dans l’inspecteur Carmichael de Scotland Yard qui, renoncement après renoncement, va se retrouver à trahir ce qu’il a de plus cher et se retrouver à la tête du Guet, sorte de Gestapo britannique. Nous le suivons en trois points clé : la mise en place du gouvernement qui va muscler le pouvoir, la venue d’Hitler à une représentation d’Hamlet et enfin la commémoration des vingt ans de la paix et la banalisation des actes antisémites.

Hamlet

Voir le pays parangon de la démocratie basculer imperceptiblement, mois après mois, loi après loi, dans le fascisme le plus infect est pour le moins troublant et l’on s’attache dès le premier instant à ce flic torturé entre son devoir et son besoin de liberté. La narration, parfaite, nous propose dans chaque volume un point de vue féminin en alternance, symétrique à celui du héros, qui nous happe dans une spirale infernale.

Anciens locaux de Scotland Yard

Au final, c’est toujours une déchirure de quitter le monde imaginé par Walton, romancière galloise à qui l’on doit également le sublime Morwenna.
Un bijou.

Références : La Trilogie du Subtil Changement, Jo Walton, éditions Folio SF

Tome 1 : Le cercle de Farthing
1ère année de publication : 2006
Cote : SF. WAL 1


Tome 2 : Hamlet au paradis
1ère année de publication : 2007
Cote : SF. WAL 2


Tome 3 : Une demi-couronne
1ère année de publication : 2008
Cote : SF. WAL 3

On a eu le vertige avec VANGO de Timothée de Fombelle

Le Graf Zeppelin

 

“Il s’était fait à l’idée d’un Vango en creux, un peu terne, sans la moindre aspérité et, tout à coup, il avait l’impression de poursuivre un caméléon globe-trotter qui lui tirait une langue multicolore.”

Notre-Dame de Paris

Dans un article du mois de septembre, le magazine Lire met en lumière les nouvelles pratiques de lecture des familles françaises. Ces pratiques permettent un véritable décloisonnement des genres. Parents et enfants n’hésitent pas à échanger leurs livres cultes. Les auteurs fétiches des uns deviennent ceux des autres. Ou quand la littérature permet une réconciliation des générations…

L’écrivain Timothée de Fombelle illustre parfaitement ce phénomène. D’abord édité comme un ouvrage jeunesse, son diptyque Vango a ensuite paru au format poche sans discrimination d’âge.

Salina, îles éoliennes

Mais qui est Vango exactement ? C’est ce que le héros qui se cache sous ce sobriquet va tenter de découvrir. Mystérieux, farouche, insaisissable, Vango cherche à lever le voile sur ses origines. Pendant près de deux fois quatre-cent pages, cette énigme va tenir le lecteur en haleine. Mais pas que !
L’épopée de Vango, c’est aussi celle du monde d’entre-deux-guerres. C’est la montée du nazisme en Allemagne, la Russie de Staline, les Amériques avec leurs gangsters et le fantôme de la prohibition.

Empire State Building

C’est aussi des lieux qui font rêver : les îles éoliennes où Vango a échoué avec sa nourrice lorsqu’il était enfant, le monastère caché d’Arkudah, le zeppelin du commandant Eckener ou le domaine écossais d’Everland. On y croise une multitude de personnages secondaires, le plus souvent loufoques et attachants. Pour chacun, l’auteur a imaginé une ligne de vie complexe qui va croiser de près ou de loin celle de Vango et s’en voir perturbée.

Ecosse

Avec cette œuvre qui ne laisse pas une minute de répit, Timothée de Fombelle se révèle le digne héritier de Dumas, Verne ou Leroux. Il mêle astucieusement Histoire, aventure, voyage et humour dans une langue raffinée et néanmoins moderne.
À consommer sans modération, de zéro à quatre-vingt-dix-neuf ans !

 

Références : Vango, Timothée de Fombelle, éditions Folio

Tome 1 : Entre ciel et terre
1ère année de publication : 2010
Cote : R. FOM 1


Tome 2 : Un prince sans royaume
1ère année de publication : 2011
Cote : R. FOM 2

 

Coup de ♥ musical : EGYPT STATION de Paul McCartney

Or donc, voici le héros revenu, cinq ans après New et sa poignée de titres lâchée en obole. Et Sisyphe repart en promo gaiement pour cet opus qui divisera. D’un côté que dire d’un type qui a forgé les tables de la Loi ? Il se répète, tout ici pourrait se retrouver sur ses cinq premiers disques, hormis certains sons et quelques cordes à la Björk.

Alors Papi Paul bégaye ? Non car de l’autre côté on a affaire à un album divers mais dense où tout est bon (rare chez lui : Ram, Band & Chaos, pas plus).

Et sa voix morte ? En puissance il pousse toujours le bougre (“Caesar rock”, magnifique lien entre “Smile Away” et Talking Heads) mais en douceur, on souffre ensemble. Sinon le long morceau anti Trump à tiroirs tient plus que la route, bien supérieur à ce qu’il a pu livrer ailleurs (“Morse Moose”…), idem pour le medley final.

Paul et sa défunte femme Linda dans l’épisode des Simpson de 1995 “Lisa la végétarienne”

Astuces, maîtrise, pêche, finesse, MÉLODIES. Le carton est plein et le choc tel qu’on peut presque parler d’aboutissement. N’importe qui (Lemon Twigs ?) aurait écrit le moindre de ces titres, on hurlerait au génie… En tout cas, une paye qu’on n’avait pas écouté un nouveau Macca dix fois d’affilée en deux jours. Impressionnant !

Titre “I don’t know” extrait de l’album

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Egypt station
Artiste : Paul McCartney
Label : Capitol Records
Année de publication : 2018

Cote : 2 MCC