Littérature adulte : nos dernières lectures…

Auteur local :
Tala Yuna de Charles Aubert

Nos auteurs locaux ont du talent. Charles Aubert, Villeneuvois d’adoption, nous en apporte une nouvelle fois la preuve avec ce cocktail de thriller et de nature writing des plus envoûtants.
Nous y suivons Jonas Duval, biographe en pleine crise existentielle ayant quitté son confort parisien pour s’aventurer dans un archipel d’îles sauvages, sorte de nord fantasmé entre Scandinavie et Amérique. Jonas est à la recherche de son père qu’il n’a jamais connu. Dès le premier jour, il s’attache les services de l’inquiétant Sam Svensen. Ce dernier lui servira de skipper au travers du labyrinthe d’îles à explorer. Jusqu’à ce que tout ne dérape, et que la quête d’identité ne se transforme en chasse à l’homme. Charles Aubert maîtrise l’une autant que l’autre. La psychologie ambiguë de ses personnages, ses descriptions de nature ou encore ses multiples hommages à la littérature nous interrogent sur le sens de nos vies et notre rapport au monde. Quant au suspense, il est installé progressivement, avec efficacité, malgré quelques coïncidences exagérées qui donnent au dénouement des allures de tragédie antique.


Vous voulez plus de quêtes du père ?
Regardez donc le film Le fils de Jean de Philippe Lioret, dans lequel Pierre Deladonchamps part au Québec sur les traces du père disparu.
À voir au rayon Cinéma !


Littérature rwandaise :
Consolée de Beata Umubyeyi Mairesse

On a beaucoup entendu parler des “Générations volées” d’Australie, enfants aborigènes arrachés à leurs familles pour être éduqués par des blancs. D’autres nations colonisatrices ont eu recours à ce procédé ignominieux. Comme la Belgique au Rwanda, entre 1920 et 1962. C’est ce dont il est question dans ce roman, au travers du personnage de Consolée. Née de mère noire et de père blanc, elle fut confiée de force à l’institut des mulâtres de Save à l’âge de 7 ans, et rebaptisée Astrida. Les souvenirs de son enfance volée alternent avec l’époque actuelle, quand, devenue vieille dans un EHPAD du sud de la France, Astrida commence à s’exprimer dans une langue inconnue. Seule Ramata, stagiaire en reconversion professionnelle et troisième voix du roman, tentera de recoller les morceaux de cette vie déracinée qui la pousse à s’interroger sur la sienne…
Dessous peu reluisants du colonialisme, spécificités liées au vieillissement des populations issues de l’immigration, conditions de vie des retraités en EHPAD, intégration : le livre aborde une multitude de sujets de société brûlants. Beaucoup d’émotions et de poésie dans l’histoire de Consolée/Astrida. Un peu plus de clichés dans celle de Ramata.


Ce livre fera l'objet d'un Cercle Littéraire animé par l'association Teriya Solidarité le samedi 13 mai 2023 à 10h00.
Venez en discuter avec nous!


Littérature anglaise :
Au large de Benjamin Myers

Pas facile d’avoir 16 ans dans l’Angleterre meurtrie d’après-guerre. Surtout quand on habite le nord ouvrier où les perspectives d’avenir se limitent à la mine de charbon. C’est pour échapper à cette dure réalité que Robert Appleyard prend la clé des champs, le temps d’un été. Ses errances le conduisent jusqu’à une bicoque assaillie par la végétation. Ici vit Dulcie Piper, vieille dame atypique à bien des égards. D’un gueuleton improvisé à la tonte de la prairie, tous les prétextes sont bons à Dulcie pour retenir Robert. Une rencontre qui changera à jamais le jeune homme et s’avèrera décisive pour son avenir…
Il n’y a pas de mots pour dire combien on a aimé ce roman. Cette Dulcie, quel personnage ! Une gouaille, un franc-parler totalement décomplexés ! On guette chacune de ses apparitions, la moindre de ses sorties.
Un vrai petit bijou d’humour et d’humanité. Une ode à la poésie, à la nature, à la tolérance, aux plaisirs de la vie !
À lire absolument !


Vous voulez plus de relations intergénérationnelles ?
Lisez donc le classique intemporel Harold et Maud de Colin Higgins, devenu un film tout aussi culte en 1971.
À emprunter au rayon Adultes pour la version écrite et au rayon Cinéma pour la version filmée !


Littérature anglaise :
Utopia Avenue de David Mitchell

Voici la biographie d’un groupe de rock n’ayant jamais existé, mais tellement vraisemblable, couvrant les années mythiques 1967 et 1968, à Londres pour l’année de l’amour, puis à la difficile conquête du monde pour celle de la haine.
Si l’on croise des figures mythiques (Bowie, Hendrix ou Brian Jones) l’essentiel est dans le parcours de ces quatre musiciens venus d’horizons très différents (le grand écart entre prolos et aristos…) et qui vont trouver leur épanouissement dans cette aventure à plusieurs. Bien sûr cela va demander compromis et sacrifices. Mais quand les morceaux sont couchés sur bande ou accouchés sur scène, le miracle se produit et les quatre amis touchent l’extase du doigt. Chaque détail est vrai, chaque anecdote vécue et l’on se laisse même emporter par la petite touche de fantastique, mais chut…
Le swingin’ London a rarement été aussi bien rendu en littérature et la musique par des mots. Cerise psyché sur le gâteau rock : formellement, les têtes des parties sont les faces des albums du groupe et chaque morceau donne son titre au chapitre, qui adopte le point de vue du compositeur du morceau. Les tranches de leur vie commune sont les (six) faces de ces galettes que l’on retourne et l’on aurait aimé les suivre sur cent titres et mille pages de plus. Quel enchantement !


Vous voulez plus de groupes de rock fictifs ?
Lisez donc le roman Daisy Jones & the six de Taylor Jenkins Reid, en version originale non sous-titrée !
À retrouver au rayon "Langues Étrangères" du secteur Adultes !

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