On a doublement frissonné avec FANTÔMES D’HIVER de Kate Mosse

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Fantômes d’hiver
Auteur : Kate Mosse
Pays : Grande-Bretagne
1ère année de publication : 2009

Cote : R. MOS

 

« Les morts laissent une ombre derrière eux, l’espace où ils vécurent résonne encore de leur écho. »

 

Jeune poilu

Kate Mosse fait partie de ces Anglais épris de culture française, qui sont là pour nous rappeler « l’inquiétante étrangeté » de nos régions et de notre histoire millénaire. Amoureuse du Languedoc, elle a mis en scène la cité de Carcassonne dans son best-seller international Labyrinthe.

Avec Fantômes d’hiver, Kate Mosse nous entraîne cette fois-ci en Ariège pendant l’entre-deux-guerres. Nous y suivons Frederic « Freddie » Watson, jeune Anglais dépressif ne se remettant pas de la mort de son frère tombé au combat. Freddie a entamé un voyage curatif dans le sud de la France. Sa voiture accidentée lors d’une tempête, il est contraint de se réfugier dans le village perdu de Néans, où il participe à une fête médiévale plus vraie que nature. Il y fait la connaissance de Fabrissa, mystérieuse jeune femme à laquelle il s’attache inexplicablement. Celle-ci disparaît le lendemain-même de la fête, et lorsque Freddie interroge les villageois à son sujet, personne ne semble la connaître.
Comme Fabrissa le lui a demandé avant leur séparation, Freddie va tenter de la « retrouver ». En même temps, il exhumera l’un des drames oubliés du village.

Tarascon sur Ariège

Rédigé à la manière d’une longue nouvelle fantastique, Fantômes d’hiver s’inspire notamment des écrits d’Algernon Blackwood qui, au début du 20ème siècle, faisait déjà de la France sauvage le théâtre de phénomènes paranormaux.
Mais le livre ne se résume pas qu’à cela. Le fantastique n’est qu’un prétexte pour évoquer des sujets plus concrets : le catharisme, le poids des morts, et les persécutions qui se répètent inlassablement d’une époque à une autre, jusque dans l’humiliante obligation de porter la marque jaune.

Coup de ♥ musique : PAINTED RUINS de Grizzly Bear

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Painted ruins
Artiste : Grizzly Bear
Éditions : RCA, 2017
Genre : Rock

Cote : 2 GRI 20

 

Cela fait déjà treize ans que Grizzly Bear nous enchante les oreilles à coups de titres impressionnistes teintés de mélodie volontiers baroques.
Painted Ruins ne déroge pas à la règle. Enregistrée entre deux concerts d’une tournée gigantesque, cette cinquième galette ne livre pas ses secrets à la première écoute. Il faut du temps pour apprivoiser l’ours californien. Onze titres. Des mélodies toujours aussi évaporées, une plume qui s’obscurcit et se fait beaucoup plus intimiste.

Coup de ♥ BD : AZIMUT de Wilfrid Lupano et Jean-Baptiste Andréae

AZIMUT, éditions Vents d’ouest, 2012
Style : Conte onirique, aventure fantastique
Secteur : Adultes-ados

« L’épopée tragi-comique de héros qui ne se résignent pas.
Quelque part dans le vaste capharnaüm des mondes possibles, il en existe un où, plus qu’ailleurs, on reste profondément outré par l’idée de la vieillesse et de son issue tragique : la mort.
Mais a-t-on la possibilité d’y échapper ? Ailleurs peut-être pas, mais dans ce monde-là, il est permis de le penser. C’est en tout cas la théorie du vieux professeur Aristide Breloquinte, qui occupe son temps à étudier les caprices du temps à bord du Laps, son navire laboratoire. C’est aussi l’avis de la belle Manie Ganza, qui semble convaincue que le temps, c’est de l’argent, et même des espèces sonnantes et trébuchantes.
Chimère ! Diront certains. Non-sens diront les autres. Et puisqu’on parle de non-sens, signalons tout de même ce fait étrange : depuis quelques temps déjà, on a perdu le pôle nord. Ça n’a probablement rien à voir… Ou alors, c’est tout l’inverse. »

Lupano le scénariste et Andréae l’illustrateur  ont inventé un univers flamboyant et baroque, dans lequel ils nous font voyager. Leur monde alternatif est le croisement improbable d’un univers de cirque ambulant et d’un conte pour adultes. Rendez-vous de tous les possibles, Andreae et Lupano inventent une « fantaisie » aux accents dramatiques.

Disponibles dans votre médiathèque :
 Tome 1 : Les aventures du temps perdu (BD AZI 1)
 Tome 2 : Que la belle meure (BD AZI 2)

Coup de ♥ jeunesse : AU BUREAU DES OBJETS TROUVÉS de Junko Shibuya

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Au bureau des objets trouvés
Auteur : Junko Shibuya
Année publication : 2016

Cote : A. SHI

 

Monsieur Chien travaille au bureau des objets trouvés.
L’occasion pour lui et pour nous de faire connaissance avec un tas d’animaux et d’apprendre que les apparences sont parfois trompeuses…

À chaque page, l’enfant tente de deviner quel est l’animal qui a perdu son ou ses accessoires.

Un livre à partager, qui suscite l’intérêt des jeunes lecteurs par ses répétitions et devinettes.

Coup de ♥ DVD : FOOD COOP, de Tom Boothe

Non, Food Coop n’est pas un énième documentaire sur le bio, les circuits courts, les petits producteurs, les hippies, les hipsters, les bobos. Ce n’est même pas un film sur une « belle-aventure-humaine » (bien que ça en soit une !).

Caméra au poing, Tom Boothe nous entraîne au cœur de la coopérative alimentaire de Park Slope. Fondé en 1973, ce super-marché compte pas moins de 16 000 membres. Une énorme ruche, donc. Car il ne faut pas se fier aux apparences : si l’idée ressemble sur le papier à une douce utopie (chaque membre donne 3h de son temps pour avoir le droit de faire ses courses), sa mise en œuvre demande une organisation qui n’a rien à envier aux mille-feuilles administratifs les plus savoureux (ici la recette est garantie 100 % locale !). Au fil des échanges avec les « associés-patrons-employés-clients », on y aborde des questions aussi diverses que l’état des supérettes de quartier, la dramatique absence de qualité et de variété de l’offre alimentaire aux États-Unis (à faire pâlir un français !) ou encore la gentrification du quartier.

Finalement, Food Coop serait plutôt une peinture sociologique toute en finesse…

Référence
Food Coop, de Tom Boothe (2017)
Cote : 338.1 BOO

 

On a été électrisé par LES DERNIERS JOURS DE L’ÉMERVEILLEMENT de Graham Moore

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Les derniers jours de l’émerveillement
Auteur : Graham Moore
Pays : États-Unis
1ère année de publication : 2016

Cote : RH. MOO

 

« Un filament porté à incandescence le révélait à lui-même tel qu’il ne se serait jamais imaginé. »

 

George Westinghouse

Englués dans notre confort moderne, nous n’avons plus conscience de ce qui se cache derrière les petits gestes du quotidien. Par exemple : allumer la lumière. Qu’y a-t-il de plus anodin et de plus insignifiant ? Nous avons oublié que pour en arriver là des cerveaux brillants, des juristes plus ou moins bien intentionnés et des financiers souvent cupides se sont livrés une âpre bataille.
C’est cette bataille que Graham Moore, jeune scénariste hollywoodien auréolé d’un Oscar, se propose de nous raconter dans Les derniers jours de l’émerveillement.

Thomas Edison

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, son livre n’est pas un documentaire. C’est un roman, dans la plus pure tradition. Son héros, Paul Cravath, n’est autre que l’avocat de Georges Westinghouse, rival de Thomas Edison dans la « Guerre des courants électriques ». Une guerre qui eut pour cadre le New-York de la fin du dix-neuvième siècle, et qui, comme toutes les guerres, ne se fit pas sans victimes. On pense notamment à la scène d’ouverture, ou encore à celle de la chaise électrique, horribles, l’une comme l’autre. Et pourtant tout ce qu’il y a de plus authentiques.

Nikola Tesla

L’ambitieux Paul mène une enquête juridique passionnante, pleine de rebondissements, d’échecs et de déconvenues jusqu’au coup de théâtre final. Grâce à lui et à sa méconnaissance scientifique, on rentre progressivement dans l’univers des inventeurs, sans jamais être noyé sous le jargon technique. Les explications sont simples, claires et justement dosées. Les chapitres courts facilitent la lecture et donnent envie d’aller toujours plus loin. Autour du jeune avocat gravitent quantité de personnages historiques hauts en couleur. Mention spéciale à Nikola Tesla, irrésistible savant fou au phrasé si particulier. Ainsi qu’à la jeune et jolie Agnes Huntington qui apporte quasiment à elle seule la touche féminine dans cette aventure essentiellement virile. Jeune et jolie, certes, mais pas potiche pour autant !

Coup de ♥ DVD : A VOIX HAUTE, de Stéphane de Freitas

Fleurs d’éloquence, Oratio, Démosthène, La parole de Socrate… Autrefois confidentiels (ils étaient surtout l’apanage des étudiants en droit), les concours d’éloquence connaissent ces dernières années un véritable retour en grâce. Car le langage, c’est le pouvoir. Parler, c’est dialoguer, haranguer, dénoncer, exprimer… Bref, c’est être au monde.

Fort de cette conviction, Stéphane de Freitas, le réalisateur du film, a fondé Eloquentia, une association d’art oratoire.  La particularité de son concours ? Il s’adresse aux étudiants de l’université Paris 8, située en Seine-Saint-Denis. Son documentaire nous entraîne au sein d’une session de formation avec la promotion 2015…

Il n’y a aucun doute : Stéphane de Freitas maîtrise à merveille l’art de raconter. On rit, on s’émeut, on s’interroge… Il joue aussi habilement avec les contrastes : la grande aventure collective côtoie les portraits intimistes, le réquisitoire fusionne avec le quatrain, la truculence de Maître Bertrand Périer nous transporte tout autant que la poésie du slameur Loubaki… Le montage est fluide, le propos coule et on se laisse littéralement happer !

Un documentaire rafraîchissant et résolument optimiste !

Référence
A voix haute : la force de la parole, de Stéphane de Freitas (2017) 
Cote : 808.51 FRE

On s’est régalé avec LES DÉLICES DE TOKYO de Durian Sukegawa

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Les délices de Tokyo
Auteur : Durian Sukegawa
Pays : Japon
1ère année de publication : 2013

Cote : R. SUK

 

« Dans la vie aussi, il y a des changements de saison. »

 

Dorayakis

Le dorayaki est une pâtisserie japonaise constituée de deux pancakes fourrés à la confiture de haricots rouges. Avant janvier 2016, qui, dans l’Hexagone, connaissait cette sucrerie aux saveurs inhabituelles ?
Sans doute peu de monde en dehors des amateurs de culture nipponne.
Puis vint le film de Naomi Kawase,  Les délices de Tokyo, qui contribua largement à populariser le dorayaki. Le film permit aussi au public français de découvrir le livre de Durian Sukegawa dont il est une adaptation.

Ce livre s’ouvre sur la rencontre de Sentarô, ancien détenu en perdition, avec Tokue, sympathique grand-mère aux doigts tordus. Malgré son grand âge, Tokue insiste pour travailler avec Sentarô dans la boutique de dorayakis qu’il dirige tant bien que mal. Telle une bonne fée tombée du ciel, elle lui apprend à confectionner une confiture de haricots rouges digne de ce nom. Les dorayakis gagnent en qualité et la boutique en clientèle.
Mais un jour les clients ne viennent plus. Des rumeurs circulent à propos de Tokue. Ses doigts tordus cacheraient un secret inavouable…

Cerisier en fleur

Qu’on se le dise, Les délices de Tokyo ne parle pas que de pâtisserie. Ce n’est pas une success-story américaine où tout réussit aux héros. Sentarô et Tokue sont des naufragés de la vie qui cherchent à garder la tête hors de l’eau. À l’image du style épuré de l’auteur, leur relation froide et gênée devient, au fil des pages, plus humaine, plus poétique et philosophique. Il faut bien ça pour donner du sens à sa vie, quand elle a été broyée par une société pleine de tabous.
Comme souvent dans les œuvres japonaises, des humains brisés sont réunis par le destin et forment une improbable famille. C’est grâce à cette famille que l’espoir peut renaître, sous le patronage de l’éternel cerisier, dont les métamorphoses saisonnières évoquent le rythme bienveillant de la Nature.

 

Également disponible dans votre médiathèque, au rayon Cinéma :
Titre : Les délices de Tokyo (le film)
Réalisatrice : Naomi Kawase
Acteurs : Masatoshi Nagase, Kirin Kiki, Kyara Ushida…
Date de sortie en France : 27 janvier 2016

Cote : F KAW

On a dévoré NOS RICHESSES de Kaouther Adimi

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Nos richesses
Auteur : Kaouther Adimi
Pays : Algérie
1ère année de parution : 2017

Cote : R. ADI

 

« Il n’est jamais simple d’être heureux à Alger, même débarrasser une librairie et filer se transforme en épopée ! »

 

Rue d’Alger

Avec Nos richesses, Kaouther Adimi ne nous offre pas un ouvrage mais trois. Elle raconte d’abord Alger, magnifiée dans une superbe introduction touristique, où le style précis, épuré mais néanmoins poétique de l’auteure fait des merveilles. Dans cette Alger de 2017, la bibliothèque « Les vraies richesses » ferme définitivement ses portes. Le jeune Ryad est chargé de nettoyer l’endroit. Mais son travail ne se fera pas sans mal. Car la bibliothèque a une histoire. Autrefois c’était une librairie. Et son fondateur, Edmond Charlot, un pionnier, ami de Camus et de tant d’autres.

Même si le jeune Ryad n’aime pas les livres, il ne peut rester insensible à un tel passé qu’il sent peser sur lui. D’autant plus qu’Abdallah, ancien gardien des lieux, ne le lâche pas d’une semelle. Ah ! Les dialogues entre Abdallah et Ryad ! Un vrai régal ! Et toute la vie grouillante d’Alger, en toile de fond : c’est si drôle, si tendre, si authentique !

À côté de cette Alger contemporaine, nous découvrons le journal intime d’Edmond Charlot lui-même, entre 1935 et 1961, depuis l’ouverture de la librairie « Les vraies richesses » jusqu’à son retour au pays, après avoir tenté sa chance à Paris.

Edmond Charlot

On sait que l’Histoire avec un grand H n’a pas épargné l’Algérie pendant cette période : colonisation, seconde guerre mondiale, indépendance… C’est l’occasion pour l’auteure de resituer la petite histoire dans la grande. De rappeler toutes les vexations subies par le peuple algérien.

Tenant la promesse de son titre, Nos richesses est un concentré de deux-cents pages qui se lit d’une traite, comme on déguste un thé à la menthe : un tiers de sucre pour la douceur, un tiers de menthe pour la fraîcheur, un tiers de thé pour l’amertume.

On s’est laissé envoûter par LE TREIZIÈME CONTE de Diane Setterfield

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Le treizième conte
Auteur : Diane Setterfield
Pays : Grande-Bretagne
1ère année de parution : 2006

Cote : R. SET

 

« Le silence n’est pas l’environnement naturel des histoires. Elles ont besoin de mots. Sans eux, elles se fanent, s’étiolent et meurent. Et pour finir, elles vous hantent. »

 

Manoir hanté ?

Mieux que Jane Austen, Agatha Christie et J.K.Rowling réunies, Vida Winter, personnage central du Treizième conte, est la plus grande écrivaine que l’Angleterre ait donnée au monde. C’est aussi « une raconteuse d’histoires, une fabulatrice, une menteuse ».  À tous les biographes qui sont venus frapper à sa porte, elle n’a servi que bobards, fables, salades. Elle s’est inventé mille vies, sans jamais vraiment raconter la sienne.

Mais le temps n’est plus aux duperies. L’énigme vivante qu’incarne Vinda Winter se meurt. Il faut maintenant passer aux aveux. Le besoin se fait pressant. Alors Miss Winter engage une biographe, Margaret Lea. Margaret n’est pourtant qu’une libraire. Elle n’écrit qu’en dilettante. Mais Miss Winter l’a choisie elle. C’est à Margaret qu’elle veut confier son histoire et parler de sa famille, les Angelfield.

Hallucination ou vraies jumelles ?

Manoir biscornu, secrets de famille, folie, apparitions et brouillard qui vous pénètre jusqu’à la moelle… Diane Setterfield a réuni tous les ingrédients pour recréer une Angleterre mystérieuse, digne des sœurs Brontë et consorts, auxquels son roman rend hommage. Dans ce jeu de miroirs et de faux-semblants, chaque personnage porte en lui ses propres blessures, recherche ses propres réponses, tout en faisant écho à celles des autres protagonistes.

Diane Setterfield décrit avec un style puissant la quête de soi et de ses origines, le désespoir et l’absence, mais aussi le processus d’imagination. Beaucoup de ses phrases ont l’étoffe d’une citation. Elles contribuent à faire du Treizième conte une de ces histoires qui, même formalisées avec des mots, vous hantent durablement. Pas étonnant que la BBC en ait tiré un téléfilm en 2013, avec Vanessa Redgrave dans le rôle de Vida Winter !

On a été conquis par LE TOUR DU MONDE DU ROI ZIBELINE de Jean-Christophe Rufin

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Le tour du monde du roi Zibeline
Auteur : Jean-Christophe Rufin
Pays : France
1ère année de parution : 2017

Cote : R. RUF

 

« Il y a deux manières opposées et cependant comparables de punir un homme : le condamner à l’enfermement ou le jeter dans l’infini. »

 

Maurice Auguste Benjowski

Avec un titre digne des Mille et une nuits, Le tour du monde du roi Zibeline n’est pas moins inspiré de faits réels. Plus encore, de faits historiques.

Pour construire son roman, Jean-Christophe Rufin s’est servi des authentiques mémoires d’Auguste Benjowski, nobliau hongrois du dix-huitième siècle. Déshérité et exilé du pays natal, condamné au bagne du grand nord kamtchadale, Benjowski va devenir successivement esclave, rebelle, capitaine de navire, explorateur, missionnaire pour le compte du roi de France et lui-même roi éphémère de Madagascar, où il laissera une empreinte durable.

Mais Benjowski va aussi connaître l’amour, le seul, le vrai, en la personne de son épouse Aphanasie. Aphanasie qui renoncera à tout pour le suivre au travers des pires dangers. Aphanasie qui, même si elle est un personnage autant fictif que réel, contribue grandement à toucher le lecteur. Grâce à elle, Rufin instaure un procédé narratif original : le récit à deux voix.

En route pour l’aventure !

Face à un Benjamin Franklin tout yeux et tout oreilles, le couple Benjowski, venu en visiteur, raconte son périple. Auguste évoque les faits avec détachement, voire insensibilité, tandis qu’Aphanasie n’est que sentiments et sincérité. Avec elle, nous découvrons l’époque, ses mondanités, ses froufrous, ainsi que les tracas de la vie conjugale. L’homme et la femme se relaient. Ils se complètent à merveille.

Alors, certes, dans ce Tour du monde du roi Zibeline, il n’y a pas de djinns ni de tapis volants. Mais il y a tout de même une forme de magie. On pense à Marco Polo, aux grands navigateurs et aux flibustiers. Bref, c’est la magie de l’aventure, la découverte de territoires mystérieux, en même temps qu’un bel enseignement sur un pan méconnu de l’Histoire.

On a lu et on a aimé : MORWENNA de Jo Walton

FICHE TECHNIQUE
Titre : Morwenna
Auteur : Jo Walton
Pays : Grande-Bretagne
1ère année de parution : 2010

Cote : SF. WAL

 

« Y a-t-il simplement des fées en Amérique ? S’il y en a, parlent-elles toutes gallois là-bas aussi ? »

 

Une fée-insecte ?

Grande-Bretagne, à la fin des années soixante-dix.
Morwenna Phelps, adolescente de quinze ans, meurtrie dans sa chair et dans son âme suite à l’accident qui l’a estropiée et qui a coûté la vie à sa sœur jumelle, nous ouvre les pages de son journal intime.

Dans ce journal, il n’y a pas que des drames. Morwenna n’est d’ailleurs pas du genre à s’apitoyer. C’est une héroïne tragique mais courageuse. Et lunaire. Parce que Morwenna croit en la magie. Elle voit les fées. Ces créatures n’ont pourtant rien à voir avec la Clochette de Disney. Elles lorgneraient plutôt du côté de la fée-insecte du Labyrinthe de Pan. Elles sont aussi sauvages et mystérieuses que le Pays de Galles où Morwenna a grandi. Un Pays de Galles riche en folklore, mais aussi ouvrier, déshérité, à l’image des films de Ken Loach. Pour preuve : c’est dans ses ruines et ses usines désaffectées que les fées ont élu domicile.

Mais la magie est-elle bien réelle ? N’existe-t-elle pas que dans la tête de Morwenna, comme un soutien l’aidant à surmonter les dures épreuves de la vie ?

Collines du Pays de Galles

Roman d’ambiance, le livre de Jo Walton explore cette période trouble qu’est l’adolescence, entre fantasme et réalité. Il y est question du deuil, de la famille et de la complexité de ses relations, de l’infirmité et de la volonté, plus forte que tout, de se reconstruire. Des sujets universels, qui touchent tous les âges.

C’est aussi une déclaration d’amour à la littérature de science-fiction, passion salvatrice qui va permettre à la jeune héroïne d’aller de l’avant. Une héroïne si attachante, qu’on la regrette sitôt la lecture achevée.

Coups de cœur BD

Mickey Mouse, Café « Zombo » de Régis Loisel (Glénat, 2016).

1930, les États-Unis subissent la Grande Dépression. Comme tous les matins, Mickey et Horace font la queue devant le bureau pour l’embauche. Sauf qu’une fois de plus, il n y a rien pour eux… Dépités, ils décident d aller rendre visite à leur ami Donald pour se changer les idées. Au programme : camping au bord de la rivière avec leurs compagnes Minnie et Clarabelle.
Sauf qu’à leur retour, ils ont la surprise de découvrir que la ville a complètement changé. Rock Fuller, un banquier véreux, a racheté toutes les propriétés du quartier et compte les raser afin de construire un terrain de golf. Pire encore, les travailleurs, embauchés en masse pour ce grand projet, sont devenus accros à une mystérieuse substance, « café Zombo », qui fait d’eux de véritables zombies !

(source : bdnet.com)