Coup de ♥ littérature adulte : Fabcaro sort de sa bulle !

Et oui nous parlons bien du même auteur, Fabrice Caro alias Fabcaro, celui qui nous a fait rire dans la bande-dessinée Zai Zai Zai, unanimement plébiscitée. L’auteur de BD signe cette fois son deuxième roman Le discours, publié aux éditions Gallimard dans la collection Sygne.
Très agréable à lire, il nous plonge dans un interminable repas de famille. Le récit à la première personne d’un huis clos familial, mêlant mélancolie et comédie, au cœur des tribulations intérieures d’un « quadra » en quête d’espoir.

Cet antihéros, Adrien, fête ses quarante ans chez ses parents en présence de sa sœur Sophie et de son futur beau-frère Ludovic. Entre gratin dauphinois et échanges sans intérêts, Adrien se livre alors à un réel combat intérieur pour survivre à ce déjeuner familial anxiogène. Et le coup de grâce est donné dès le début du repas, lorsque justement Ludovic, le beau-frère,  exprime une requête auprès d’Adrien, qui va prendre des proportions démesurées : « Tu sais, ça ferait très plaisir à ta sœur si tu faisais un petit discours le jour de la cérémonie. » 
Plutôt introverti et mal dans sa peau, il n’en fallait pas moins pour anéantir ce quarantenaire. Parler en public devant un parterre d’invités aux têtes inconnues, pendant la cérémonie de mariage de sa sœur, c’est plus qu’il ne peut supporter ! Et puis comment lui demander ça à lui, aujourd’hui, alors qu’il vient de se séparer de Sonia ? Comment vanter l’amour et l’engagement alors qu’il navigue lui-même dans les flots d’une récente rupture ?

C’est avec un style simple, direct, sans fioritures, que Fabrice Caro fait passer de belles émotions où se mêle une bonne dose d’humour. Il manie à merveille le running gag et l’art de la chute. Il sait aussi soudainement partir en vrille dans l’absurde. Au passage, il raille la mièvrerie contemporaine, type « la vie est un vélo rouge sans petites roues », les petites lâchetés amoureuses au temps du SMS, et les convives insupportables qui vous parlent du permafrost pendant des heures.

En un mot comme en mille, c’est bien la première fois qu’on aurait aimé qu’un discours de mariage soit plus long ! Le discours est en quelque sorte un panaché de tous nos petits travers relationnels, de notre incapacité à communiquer nos failles, un roman qui raconte l’Humain et où l’on rit du début à la fin en s’apercevant que, finalement, c’est peut-être bien de nous dont on rit le plus…

Référence :
Le discours, de Fabrice CARO, éditions Gallimard (2018)
Cote : R. CAR

On a dompté LE POUVOIR DU CHIEN de Thomas Savage

« On est ce qu’on est, on fait ce qu’on est obligé de faire, et on finit comme le sort le veut. »

Il y a des héros de romans qui sont de véritables ordures. Vous devriez les haïr. Et pourtant vous vous attachez à eux. Vous êtes à l’affût de leur prochain coup bas.
C’est le cas de Phil Burbank, cow-boy quadragénaire mis en scène par Thomas Savage dans son Pouvoir du chien. Disons-le sans ambages : Phil est un beau salopard. Personne ne trouve grâce à ses yeux. Ni les « chochottes ». Ni les Juifs. Ni les Indiens. Ni ces étrangers naïfs qui envahissent les terres du far-west sans se douter de ce qui les attend. Personne donc, sauf Bronco Henry, le cow-boy qui l’a formé dans sa jeunesse et que Phil a érigé en modèle de virilité. Et un peu aussi son frère George, surnommé affectueusement « Gras-double », avec qui Phil gère le ranch familial.

Le pouvoir du chien décrit un univers triplement rude. Rude le paysage. Rude le climat. Rudes les hommes. Il s’ouvre sur une scène choc qui donne le ton : la castration des bœufs, orchestrée par un Phil expert en la matière. S’ensuit une autre castration : celle du brave docteur Johnny Gordon. Castration morale cette fois-ci. À laquelle Phil (encore lui) n’est pas totalement étranger. Mais qui poussera tout de même le brave toubib au suicide.

Alors quand « Gras-double » s’entiche de la veuve du défunt et qu’il la ramène au ranch, c’est comme une déclaration de guerre. Mais pas une guerre avec du bruit et de la fureur. Une guerre psychologique qui prend des allures de tragédie grecque, et dont la clé pourrait bien être Peter, le fils du toubib trépassé.

Si le livre fut salué par la critique à sa sortie, il ne rencontra pas le succès auprès du public. Peut-être parce qu’il dynamite le stéréotype du cow-boy au grand cœur et interroge les limites de l’Amérique profonde des années vingt  : quelle place pour les femmes dans ce monde où testostérone fait loi ? Quelle vie pour les Indiens spoliés ? Quid du rêve américain dans ces territoires arides qui prennent plus qu’ils ne donnent ?

FICHE TECHNIQUE :

Titre : Le pouvoir du chien
Auteur : Thomas Savage
Pays : États-Unis
1ère année de publication : 1967
Éditeur : Belfond

Cote : R. SAV

Coup de ♥ littérature : WONDER, de R.J. Palacio

C’est l’histoire d’August Pullman, un petit garçon de 10 ans né avec une malformation faciale, ce qui lui donne un visage plutôt effrayant. Il n’est jamais allé à l’école.

Lors de son entrée au collège, il est rejeté par les autres parce qu’il n’est pas comme eux. Il rencontre Jack et Summer qui deviennent ses seuls amis. Mais une rumeur circule selon laquelle celui qui le touche attraperait la peste. Mais en fin d’année la situation s’inverse, tous le monde l’accepte tel qu’il est.

J’ai aimé ce livre car la situation de ce jeune garçon m’a touchée, malgré sa différence il arrive à se faire accepter par les autres.

Agathe (notre stagiaire de 3ème)

Références
Titre : Wonder
Auteur : R.J. Palacio
Editeur : Fleuve noir
Année de publication : 2013
Cote : R. PAL

Coup de ♥ littérature adulte : LA TRILOGIE DU SUBTIL CHANGEMENT de Jo Walton

Big Ben

Présente sur nos tables lors de la thématique « Uchronie »La Trilogie du Subtil Changement nous entraîne, après le Blitz et après-guerre, dans une Grande Bretagne qui a réussi à arracher une paix « convenable » à Hitler (un autre « Peace in our time »).

Le fil conducteur des trois tomes réside dans l’inspecteur Carmichael de Scotland Yard qui, renoncement après renoncement, va se retrouver à trahir ce qu’il a de plus cher et se retrouver à la tête du Guet, sorte de Gestapo britannique. Nous le suivons en trois points clé : la mise en place du gouvernement qui va muscler le pouvoir, la venue d’Hitler à une représentation d’Hamlet et enfin la commémoration des vingt ans de la paix et la banalisation des actes antisémites.

Hamlet

Voir le pays parangon de la démocratie basculer imperceptiblement, mois après mois, loi après loi, dans le fascisme le plus infect est pour le moins troublant et l’on s’attache dès le premier instant à ce flic torturé entre son devoir et son besoin de liberté. La narration, parfaite, nous propose dans chaque volume un point de vue féminin en alternance, symétrique à celui du héros, qui nous happe dans une spirale infernale.

Anciens locaux de Scotland Yard

Au final, c’est toujours une déchirure de quitter le monde imaginé par Walton, romancière galloise à qui l’on doit également le sublime Morwenna.
Un bijou.

Références : La Trilogie du Subtil Changement, Jo Walton, éditions Folio SF

Tome 1 : Le cercle de Farthing
1ère année de publication : 2006
Cote : SF. WAL 1


Tome 2 : Hamlet au paradis
1ère année de publication : 2007
Cote : SF. WAL 2


Tome 3 : Une demi-couronne
1ère année de publication : 2008
Cote : SF. WAL 3

On a eu le vertige avec VANGO de Timothée de Fombelle

Le Graf Zeppelin

 

« Il s’était fait à l’idée d’un Vango en creux, un peu terne, sans la moindre aspérité et, tout à coup, il avait l’impression de poursuivre un caméléon globe-trotter qui lui tirait une langue multicolore. »

Notre-Dame de Paris

Dans un article du mois de septembre, le magazine Lire met en lumière les nouvelles pratiques de lecture des familles françaises. Ces pratiques permettent un véritable décloisonnement des genres. Parents et enfants n’hésitent pas à échanger leurs livres cultes. Les auteurs fétiches des uns deviennent ceux des autres. Ou quand la littérature permet une réconciliation des générations…

L’écrivain Timothée de Fombelle illustre parfaitement ce phénomène. D’abord édité comme un ouvrage jeunesse, son diptyque Vango a ensuite paru au format poche sans discrimination d’âge.

Salina, îles éoliennes

Mais qui est Vango exactement ? C’est ce que le héros qui se cache sous ce sobriquet va tenter de découvrir. Mystérieux, farouche, insaisissable, Vango cherche à lever le voile sur ses origines. Pendant près de deux fois quatre-cent pages, cette énigme va tenir le lecteur en haleine. Mais pas que !
L’épopée de Vango, c’est aussi celle du monde d’entre-deux-guerres. C’est la montée du nazisme en Allemagne, la Russie de Staline, les Amériques avec leurs gangsters et le fantôme de la prohibition.

Empire State Building

C’est aussi des lieux qui font rêver : les îles éoliennes où Vango a échoué avec sa nourrice lorsqu’il était enfant, le monastère caché d’Arkudah, le zeppelin du commandant Eckener ou le domaine écossais d’Everland. On y croise une multitude de personnages secondaires, le plus souvent loufoques et attachants. Pour chacun, l’auteur a imaginé une ligne de vie complexe qui va croiser de près ou de loin celle de Vango et s’en voir perturbée.

Ecosse

Avec cette œuvre qui ne laisse pas une minute de répit, Timothée de Fombelle se révèle le digne héritier de Dumas, Verne ou Leroux. Il mêle astucieusement Histoire, aventure, voyage et humour dans une langue raffinée et néanmoins moderne.
À consommer sans modération, de zéro à quatre-vingt-dix-neuf ans !

 

Références : Vango, Timothée de Fombelle, éditions Folio

Tome 1 : Entre ciel et terre
1ère année de publication : 2010
Cote : R. FOM 1


Tome 2 : Un prince sans royaume
1ère année de publication : 2011
Cote : R. FOM 2

 

On a été happé par UN OCÉAN, DEUX MERS, TROIS CONTINENTS de Wilfried N’Sondé

« L’esclavage était une gangrène qui nous menaçait tous, sa logique consistant à redéfinir la nature humaine à sa guise. »

Il y a des livres dont vous appréciez la lecture.
Il y a en d’autres qui vous mettent de véritables claques.
Un océan, deux mers, trois continents fait partie de ceux-là. Son style tragique et puissant, la gravité de son sujet, en font un véritable chef-d’œuvre.

On pourrait réduire l’ouvrage de Wilfried N’Sondé à une énième dénonciation de l’esclavage. Ou comment un authentique prêtre congolais du XVIème siècle est envoyé en ambassade auprès du Pape, et découvre l’horreur du commerce humain sur le navire négrier censé le transporter. Son périple ne lui épargnera aucune vicissitude ni aucune désillusion. Réduit à l’impuissance, il fera néanmoins preuve d’une détermination sans faille en ne perdant pas de vue sa mission, dans laquelle il voit le salut du peuple africain.

Buste de Nsaku Ne Vunda au Vatican

Mais le thème prédominant de Un océan, deux mers, trois continents est peut-être moins l’esclavage que la violence. Violence d’une époque en particulier et de l’Homme en général. Parce qu’il n’y a pas que les Africains qui souffrent de la situation. Et qu’il n’y a pas que les Européens qui profitent du trafic. N’Sondé n’hésite pas à dénoncer l’implication des premiers comme le calvaire des seconds. Tous sont les maillons d’un système infernal qui broie l’humain et le transforme en instrument, en accessoire ou en objet. Un procédé qu’utilise une autre institution présente dans le livre : l’Inquisition.

Au milieu de tant d’atrocités, N’Sondé nous accorde quelques bouffées d’oxygène. D’abord par le souvenir d’une Afrique lumineuse et syncrétique, image du paradis perdu. Ensuite par l’aventure, car le périple du prêtre Dom Antonio Manuel, né Nsaku Ne Vunda, en reste une. Enfin, par ces fragiles lueurs d’humanité rencontrées au milieu de l’horreur, l’une d’elles portant le nom de Martin…

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Un océan, deux mers, trois continents
Auteur : Wilfried N'Sondé
Pays : Congo
1ère année de publication : 2018
Éditeur : Actes Sud

Cote : RH. NSO

On s’est ressourcé avec LA PÉNINSULE AUX 24 SAISONS de Mayumi Inaba

« Les choses changent, les choses passent, et c’est bien ainsi. Ce n’est pas l’homme qui ajoute ou qui retranche, c’est la nature. »

 

Qui n’a jamais eu envie de tout plaquer pour se mettre au vert ? Certains osent sauter le pas, écœurés par le rythme de dingue que nous impose la vie citadine. Au Japon aussi, on observe ce phénomène. Là-bas comme ailleurs, le retour à la campagne est motivé par un besoin d’authenticité. C’est devenu tellement tendance que même les mangas s’emparent du sujet.

Mais La péninsule aux 24 saisons n’est pas un manga. C’est un roman à caractère autobiographique. On pourrait même le qualifier de réflexions. Mieux encore de méditations, pour rester dans l’ambiance zen. Ces méditations sont inspirées par l’installation de l’auteure sur la presqu’île de Shima, loin de la folie de Tokyo. Pendant un an, l’auteure va vivre au rythme de la nature et de ses vingt-quatre saisons, dont elle découvre le principe grâce à un calendrier traditionnel. Les vingt-quatre saisons tiennent davantage compte des multiples changements de la nature. Elles guident pas à pas celui qui tire sa subsistance de la terre.

Dans la presqu’île de Shima, on réapprend la lenteur. Les petites choses qui s’y déroulent sont anodines : le rucher de la voisine, la vieille barque échouée dans le marais, les moustiques et la chaleur assommante, la décharge sauvage, le séjour de la mère vieillissante, les lucioles à la nuit tombée, la fête au milieu des bambous, le cimetière des camélias… autant de tableaux qui poussent l’auteure à s’interroger sur la vie -la sienne et celle des autres-, sur la mort, sur tout ce qui passe, s’enfuit, s’écoule, ainsi que sur le rapport de l’homme à son environnement.
Simple et poétique comme un haïku.

 

FICHE TECHNIQUE :
Titre : La péninsule aux 24 saisons
Auteur : Mayumi Inaba
Pays : Japon
Editeur : Philippe Picquier
1ère année de publication : 2014

Cote : R. INA

 

On a été grisé par MILLÉSIME 54 d’Antoine Laurain

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Millésime 54
Auteur : Antoine Laurain
Pays : France
Editeur : Flammarion
1ère année de publication : 2018

Cote : R. LAU

 

 » Mes amis, nous allons boire plus qu’un vin, commença-t-il, nous allons boire… du temps. »

 

Recette pour un coup de cœur désopilant : prenez Le fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet. Mélangez-le à Minuit à Paris de Woody Allen. Saupoudrez le tout d’une bonne dose de soucoupes volantes. Vous obtiendrez Millésime 54, le nouveau grand cru signé Antoine Laurain !

Ces références vous font un peu tiquer ? Trop loufoques pour vous ? Trop « science-fiction » ? Ne vous méprenez pas, Millésime 54 est avant tout une reconstitution colorée du Paris des années cinquante. Il permet de faire revivre avec force détails cette France rétro dont le charme continue d’opérer à l’étranger, et que les touristes croient innocemment retrouver en visitant notre beau pays…
Les soucoupes volantes ne sont qu’un prétexte pour expliquer le voyage dans le temps des quatre héros du roman. Un prétexte qui est lui aussi un clin d’œil intelligent à un fait authentique : en 1954, la France connut une vague d’observations d’ovnis exceptionnelle, dont nous parle encore Wikipédia.

Derrière cette histoire rocambolesque, on sent qu’Antoine Laurain veut nous délivrer un message. Il nous rappelle un temps où les inconnus s’interpelaient amicalement dans la rue, où les vedettes de cinéma se laissaient aborder à une table de restaurant. Un temps où, certes, il n’y avait pas de téléphones portables, mais où il y avait de la convivialité. Sans tomber dans le passéisme malhonnête du « C’était mieux avant », l’auteur pointe du doigt ce que notre société a perdu en simplicité et en sociabilité, en la confrontant avec celle qu’elle était il y a tout juste une soixantaine d’années.
Une époque pas si éloignée, que beaucoup d’entre nous ont connu, et dont certains se souviendront peut-être avec bonheur…

 

On s’est réjoui avec LA TRILOGIE DE CORFOU de Gerald Durrell

« Nous retournions vers les oliveraies enchantées et la mer bleue, vers la chaleur, vers le rire de nos amis, vers les longues journées douces et ensoleillées. »

Eté 2017. France 3 diffuse la série La folle aventure des Durrell adaptée des livres de Gerald Durrell. L’occasion pour le public français de découvrir ce classique de la littérature anglaise. Gerald Durrell, célèbre naturaliste défenseur de la cause animale, y raconte un épisode de son enfance, à l’origine de sa vocation.

Entre-deux-guerres, presque sur un coup de tête, sa famille part vivre sur l’île de Corfou. Il y a la mère, la sœur Margot, le chien Roger et les deux frères aînés, Leslie et Larry. Larry qui n’est ni plus ni moins que Lawrence Durrell, autre grand nom de la littérature anglaise. C’est dire s’il y a du beau linge chez les Durrell.
Pour autant, ce ne sont pas des gens coincés. Loin de là. Sur la famille Durrell souffle un vent de folie. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Margot est écervelée, Leslie obsédé par la gâchette. Larry possède un humour british vitriolé et Gerald « Gerry » joue les SPA ambulantes. Face à ces démons, « Mère » reste d’un flegme quasi exaspérant. Autour d’eux gravite quantité de personnages plus loufoques les uns que les autres, des improbables amis de Larry aux précepteurs successifs de Gerry, en passant par les notables corfiotes.

Au contact de ce petit monde, on rit beaucoup. En suivant Gerry dans ses explorations zoologiques, on découvre aussi le paradis terrestre qu’était Corfou à l’époque. Un paradis à la fois exotique et familier, parce que méditerranéen.
Il règne dans ces livres un parfum de vacances, de joie de vivre et d’authenticité pittoresque qu’on aimerait sans fin.
Une lecture idéale pour l’été.

Références : La Trilogie de Corfou, Gerald Durrell, éditions La table ronde

Tome 1 : Ma famille et autres animaux
1ère année de publication : 1956
Cote : R. DUR 1


Tome 2 : Oiseaux, bêtes et grandes personnes
1ère année de publication : 1969
Cote : R. DUR 2


Tome 3 : Le jardin des dieux
1ère année de publication : 1978
Cote : R. DUR 3
Egalement disponible dans votre Médiathèque :

Titre : La folle aventure des Durrell
Réalisateurs : Steve Barron, Roger Goldy, Edward Hall
Acteurs : Keeley Hawes, Josh O'Connor, Callum Woodhouse, Daisy Waterstone, Milo Parker...
Date de diffusion en France : 16 juillet 2017

Cote : F FOL 1

 

Coup de ♥ littérature adulte : BLITZ de Connie Willis

Voyage dans le temps…

Dans notre futur, à Oxford, les historiens remontent le temps pour observer le passé (par exemple, ici, les héros du Blitz de 1940 au quotidien sous les bombes) en prenant bien soin de ne pas interférer ni modifier le futur. Car les risques sont considérables : et si, en sauvant la vie d’un seul soldat à Dunkerque ou d’une vendeuse d’Oxford Street, les Alliés perdaient la guerre ?

L’auteure, la plus anglaise des Américaines, va leur tendre énormément de pièges. Evidemment, le premier est l’empathie. Nos chercheurs du futur ne peuvent s’empêcher de souffrir avec ceux qu’ils observent et essayer de les secourir. Au risque d’y rester, dans les deux sens du terme car les zones de transfert semblent ne plus fonctionner.

Ce diptyque, qui suit d’autres aventures temporelles du même acabit au temps de Victoria ou de la Grande Peste, est déjà un classique, bardé de prix de science fiction (Hugo, Nebula, Locus, la dame est une habituée…). On est emporté dans ce flot de vie côtoyant la mort, on navigue entre 1940 et 1944 (attention, V1 !), Londres, Dunkerque et la verte campagne anglaise, on rit et on pleure devant ce génie britannique qui soude nuit après nuit une nation qui prend son thé, chante et joue Shakespeare dans le métro avant d’aller « botter les fesses de M. Hitler ».
Et, surtout, le magnifique final nous pose la question de notre place dans le monde. Magistral, captivant et émouvant.

Références :

Titre : Blitz, tome 1 : Black Out
Auteur : Connie Willis
1ère année de publication : 2010
Editeur : J'ai lu
Cote : SF. WIL 1


Titre : Blitz, tome 2 : All clear
Auteur : Connie Willis
1ère année de publication : 2010
Editeur : J'ai lu
Cote : SF. WIL 2

Les photographies en noir et blanc utilisées dans cet article sont des images d’archives provenant en partie du site de l’Imperial War Museum.

 

On s’est beaucoup amusé avec ZORRO de Isabel Allende

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Zorro
Auteur : Isabel Allende
Pays : Chili/Amérique
1ère année de publication : 2004

Cote : R. ALL

 

« Comme le renard, tu devras découvrir ce qui se cache dans l’obscurité, dissimuler, te cacher le jour et agir la nuit. »

 

Que connait-on de Zorro ? La série des studios Disney qui tourne en boucle depuis des décennies sur nos chaînes télévisées ? Les quelques adaptations cinématographiques avec Alain Delon ou Antonio Banderas dans le rôle titre ?

Ce que l’on sait moins, c’est que le justicier masqué a quasiment le même parcours que d’autres héros populaires, tels Conan le Barbare ou Tarzan. Personnage de roman feuilleton, il naquit au début du XXe siècle sous la plume de l’américain Johnston McCulley et connut un succès immédiat. Aujourd’hui, Zorro est une marque déposée.

Zorro signifie « renard » en espagnol

En 2004, la marque en question s’est associée à la romancière Isabel Allende pour raconter la genèse du héros. Mêlant aventures, Histoire et exotisme, le Zorro de Allende est un roman de cape et d’épée jubilatoire se déroulant fin XVIIIe-début XIXe siècle. On y croise des indiens, des pirates, des gitans, des sociétés secrètes et des hidalgos sans scrupules. Tous vont contribuer à façonner l’image de Zorro dans l’esprit du jeune Diego de La Vega. Parti de sa Californie natale pour parfaire son éducation en Espagne, il ne tardera pas à revêtir le costume du justicier.
Pas de doute, ce Diego-là a beaucoup plus de consistance que dans la série signée Disney. Isabel Allende a fait de lui un métisse, tout comme Bernardo, son frère de lait. Leur destin est lié à celui des Amérindiens, à leur culture imprégnée de chamanisme, ainsi qu’aux persécutions subies sous le joug des colons espagnols.

Comme quoi, même les héros de notre enfance ont une personnalité plus complexe qu’il n’y paraît !

Double coup de ♥ littéraire autour d’ALEXANDRE LE GRAND

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Pour seul cortège
Auteur : Laurent Gaudé
Pays : France
1ère année de publication : 2012

Cote : R. GAU

« Je n’aurais jamais pensé que ce serait toi ma dernière pleureuse… Écoute-moi, Dryptéis »

Aucun personnage historique n’aura autant inspiré la légende qu’Alexandre le Grand. Son incroyable épopée, sa personnalité ambiguë, ont marqué plus de deux mille ans de littérature tant orientale qu’occidentale.
Dans Pour seul cortège, le romancier Laurent Gaudé imagine la mort du conquérant. Une autre mort, après celle du Roi Tsongor, racontée avec le même souffle épique. Une autre antiquité, fantasmée et crépusculaire plutôt qu’historique.
Pour seul cortège, c’est aussi le drame de Dryptéis, princesse de Babylone, contrainte de sortir de son exil volontaire, à la mort d’Alexandre. Gaudé aime les héroïnes tragiques. Dryptéis en est un bel exemple : digne et superbe dans sa déchéance, dans sa résignation, dans son courage.
Gaudé ne décrit pas des vérités factuelles. Il poursuit la légende d’Alexandre. Une légende vieille comme la civilisation. Avec son récit aux phrases courtes et répétitives, alternant les points de vue à la première et à la troisième personne, il sublime l’âme humaine.


FICHE TECHNIQUE :
Titre : Le mythe d’Er ou le dernier voyage d’Alexandre le Grand
Auteur : Javier Negrete
Pays : Espagne
1ère année de publication : 2002

Cote : SF. NEG

« Athènes avait atteint la gloire, Rome l’avait seulement convoitée. Chacune avait croisé la route d’Alexandre. »

Dans un autre registre, Javier Negrete appréhende le personnage d’Alexandre par le biais de l’uchronie. Ou comment changer le cours de l’Histoire en modifiant l’un de ses évènements. En l’occurrence, la mort d’Alexandre. Negrete imagine qu’elle n’a pas eu lieu. Un médecin athénien, Euctémon, l’a sauvé de l’empoisonnement. Ensuite, Alexandre a continué de conquérir le monde : Carthage, puis Rome. Maintenant il veut aller au Nord, vers la légendaire Hyperborée…
Mélange de genre, à la fois moderne et respectueux du monde ancien, le travail de Negrete étonne. Son dénouement inattendu bascule dans le récit d’anticipation. Il lorgne du côté de « Matrix ». On pourrait aussi y voir une allégorie de l’écrivain.
Negrete maîtrise son sujet. Cela se voit. Sa connaissance de l’Antiquité est l’une des forces du texte. Autre atout : la brièveté. Le livre est d’autant plus prenant qu’il est court. Une leçon qu’a malheureusement oubliée l’auteur quand, quelques années plus tard, il écrit Alexandre le Grand et les aigles de Rome. Encore une uchronie sur Alexandre avec les mêmes arguments de base. À quelques variantes près…

Autres romans sur Alexandre le Grand disponibles dans votre Médiathèque :
- Roxane l'éblouissante de Joséphine Dedet
- Le Lion de Macédoine volumes 1, 2, 3, et 4 de David Gemmell
- Alexandre et Alestria de Shan Sa

Coup de ♥ littérature adulte : MAGDA de Mazarine Pingeot

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Magda
Auteur : Mazarine Pingeot
Pays : France
1ère année de publication : 2018

Cote : R. PIN

 

Dans cette histoire librement inspirée d’une affaire judiciaire réelle (affaire de Tarnac), l’auteur aborde la question de la transmission, du secret et des origines, les notions de conviction politique.

C’est aussi une réflexion sur ce que c’est d’être engagé aujourd’hui.

On a savouré LE RESTAURANT DE L’AMOUR RETROUVÉ d’Ito Ogawa

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Le restaurant de l’amour retrouvé
Auteur : Ito Ogawa
Pays : Japon
1ère année de publication : 2008

Cote : R. OGA

 

« Un repas, c’est parce que quelqu’un d’autre le prépare pour vous avec amour qu’il nourrit l’âme et le corps. »

 

Campagne japonaise

Un soir après le travail, Rinco trouve son appartement vidé par son prétendu fiancé. Elle en reste sans voix. Littéralement. Le fiancé ne lui a rien laissé, hormis la jarre léguée par sa grand-mère. Une jarre « magique » contenant une saumure vieille d’un siècle où il suffit de « glisser les légumes pour qu’ils se réjouissent ». Totalement démunie, Rinco retourne instinctivement chez sa mère Ruriko, qui vit à la campagne. Les retrouvailles en disent long sur la relation qui unit les deux femmes : Ruriko manque tuer sa fille, qu’elle prend pour un cambrioleur.

Gastronomie

Rinco ne se formalise pas de cet accueil. Plutôt que sa mère, elle est heureuse de retrouver la nature et les montagnes, les « confidentes » de son enfance. Très vite lui vient l’idée d’ouvrir un restaurant dans ce coin reculé du monde. Avec ses petits moyens, son amour immense pour la cuisine et pour les gens, Rinco souhaite redonner à ses futurs clients le goût de vivre.

Grenades pour un bon curry…

Véritable enchantement des sens, Le restaurant de l’amour retrouvé est une ode à la nature autant qu’à la gastronomie. Souvent les deux se mélangent. C’est ainsi qu’au fil des pages le paysage hivernal devient une montagne de blanc en neige, le coucher de soleil un pot de miel ou de marmelade. C’est une apologie des choses simples et authentiques. Un bol d’optimisme et de légèreté à l’image de son héroïne, toujours enthousiaste, toujours émerveillée. Sauf dans les rapports qu’elle entretient avec sa mère, beaucoup plus complexes qu’il n’y paraît. Mais là encore, l’amour n’est jamais totalement perdu…

On a doublement frissonné avec FANTÔMES D’HIVER de Kate Mosse

FICHE TECHNIQUE :
Titre : Fantômes d’hiver
Auteur : Kate Mosse
Pays : Grande-Bretagne
1ère année de publication : 2009

Cote : R. MOS

 

« Les morts laissent une ombre derrière eux, l’espace où ils vécurent résonne encore de leur écho. »

 

Jeune poilu

Kate Mosse fait partie de ces Anglais épris de culture française, qui sont là pour nous rappeler « l’inquiétante étrangeté » de nos régions et de notre histoire millénaire. Amoureuse du Languedoc, elle a mis en scène la cité de Carcassonne dans son best-seller international Labyrinthe.

Avec Fantômes d’hiver, Kate Mosse nous entraîne cette fois-ci en Ariège pendant l’entre-deux-guerres. Nous y suivons Frederic « Freddie » Watson, jeune Anglais dépressif ne se remettant pas de la mort de son frère tombé au combat. Freddie a entamé un voyage curatif dans le sud de la France. Sa voiture accidentée lors d’une tempête, il est contraint de se réfugier dans le village perdu de Néans, où il participe à une fête médiévale plus vraie que nature. Il y fait la connaissance de Fabrissa, mystérieuse jeune femme à laquelle il s’attache inexplicablement. Celle-ci disparaît le lendemain-même de la fête, et lorsque Freddie interroge les villageois à son sujet, personne ne semble la connaître.
Comme Fabrissa le lui a demandé avant leur séparation, Freddie va tenter de la « retrouver ». En même temps, il exhumera l’un des drames oubliés du village.

Tarascon sur Ariège

Rédigé à la manière d’une longue nouvelle fantastique, Fantômes d’hiver s’inspire notamment des écrits d’Algernon Blackwood qui, au début du 20ème siècle, faisait déjà de la France sauvage le théâtre de phénomènes paranormaux.
Mais le livre ne se résume pas qu’à cela. Le fantastique n’est qu’un prétexte pour évoquer des sujets plus concrets : le catharisme, le poids des morts, et les persécutions qui se répètent inlassablement d’une époque à une autre, jusque dans l’humiliante obligation de porter la marque jaune.