Quelque part entre la banlieue et la campagne, là où leurs parents avant eux ont grandi, Jonas et ses amis tuent le temps. Ils fument, ils jouent aux cartes, ils font pousser de l’herbe dans le jardin, s’entraînent sur le ring avec monsieur Pierrot, et quand ils sortent, c’est pour constater ce qui les éloigne des autres. Leur “fief”, ils l’ont construit avec les moyens du bord. Ils s’appellent Jonas, Sucré, Poto ou Farid, ils se connaissent depuis l’école maternelle et se serrent les coudes en rêvant d’un ailleurs qui n’existe pas. Les parents ont acheté leurs maisons sur plan, quand les terrains étaient encore voués à l’agriculture et qu’on écoutait les grenouilles dans l’étang. Aujourd’hui, ils continuent de rembourser leurs prêts, avachis sur le canapé devant la télé, finissant éventuellement les joints que leurs fils ont oublié d’éteindre. Parfois, le groupe décide d’aller voir au-delà, de descendre dans des bars plus chics où on les regarde de travers. Mais ils reviennent vite chez eux pour “slamer” leur vie ou chercher le meilleur partenaire pour le prochain combat de boxe qui aura lieu le lendemain au club.