Rencontre d’auteur à venir :
Une magie ordinaire par Kossi Efoui
Dramaturge et romancier originaire du Togo, Kossi Efoui a dû s’exiler en France en raison de ses prises de position politiques.
Dans Une magie ordinaire, il évoque un coup de fil qui le surprend en plein festival d’Avignon. Depuis l’Afrique, son frère lui annonce l’hospitalisation de leur mère. Le choc de la nouvelle déclenche en Efoui un tourbillon de souvenirs, mais aussi de réflexions liées à son parcours intellectuel qui donne au livre des allures de journal intime et de recueil d’aphorismes autant que de roman autobiographique. Les anecdotes se déploient en chapitres très courts au fil d’association d’idées. Elles nous font découvrir l’enfant surprotégé par sa mère que fut Efoui, l’adolescent différent et mal dans sa peau, le militant, l’exilé. Outre l’attachement à ses parents, personnages particulièrement éclairés malgré le dénuement, Efoui s’exprime sur une multitude de sujets qui ne sont pas sans rappeler les bouleversements sociétaux actuels : l’antipatriotisme, le genre, la religion, l’acculturation, mais aussi l’écriture comme acte magique.
Une œuvre passionnée, révoltée, toujours poétique, qui touche autant à l’individuel qu’à l’universel.
Notre note : ★★★★★
Ce livre vous inspire ?
Vous aimeriez le lire ou l’avez déjà lu ?
Venez rencontrer son auteur le samedi 9 décembre 2023 à 10h30.
Littérature française :
Les mangeurs de nuit par Marie Charrel
En période de guerre, les peuples cherchent des boucs émissaires sur lesquels reporter la violence dont ils sont victimes. Parmi ces boucs émissaires, certains semblent tout désignés : les immigrés originaires du pays agresseur. Pris entre deux feux, ils deviennent des apatrides, des mal-aimés qui n’ont plus leur place nulle part.
Le livre de Marie Charrel traite de ce sujet. Il met en lumière le sort des immigrés japonais devenus la cible de la population canadienne pendant la seconde guerre mondiale. L’histoire s’étale sur plusieurs décennies, de la fin des années 20 aux années 50. Au fil de va-et-vient temporels, nous suivons plusieurs personnages : Aika, jeune picture bride japonaise pleine d’illusions ; Hannah, sa fille ; une autre mystérieuse femme victime de l’attaque d’un ours ; enfin, Jack, garde-forestier canadien proche des natifs américains. Intercalés au milieu des récits de ses personnages, des articles de presse et des légendes.
Le tout compose un roman prenant, habilement construit, qui parle de la violence des hommes, de la rudesse de la nature autant que de sa beauté salvatrice, du pouvoir de l’imagination et des mythes.
Notre note : ★★★★★
Littérature française :
Avant que le monde ne se ferme par Alain Mascaro
Anton naît entre-deux-guerres, dans le cirque tzigane des Torvath. Même si à cette époque, le monde a déjà changé, il n’est pas complètement enfermé derrière des frontières. Les tziganes peuvent encore circuler, incarnant toujours un idéal de liberté. Mais les signes funestes s’accumulent. Bientôt les tziganes sont parqués dans des ghettos voisins de ceux des Juifs, livrés à la malnutrition, aux maladies et aux sévices des SS…
N’y allons pas par quatre chemins : le livre d’Alain Mascaro est un petit miracle. Le style littéraire y est d’une beauté de plus en plus rare de nos jours. Roman initiatique, empruntant volontiers aux romans d’aventures du 19ème siècle, il ne se départit jamais d’une grande poésie qui n’est pas sans rappeler celle des contes, tout en retraçant une partie de l’histoire européenne. Mascaro parvient à décrire avec la même puissance évocatrice l’esprit tzigane, l’atrocité des camps de la mort ou la lumière de l’Inde. Grâce à la figure prophétique d’Anton, qui incarne à lui seul le destin de tout un peuple, Mascaro réveille la part libre et nomade qui sommeille en chacun de nous.
À lire absolument !
Notre note : ★★★★★
Thriller britannique :
Voyous par Doug Johnstone
Tout le monde n’a pas la chance d’être bien né. C’est le cas de Tyler Wallace, adolescent écossais vivant dans les quartiers défavorisés d’Edimbourg. De nature foncièrement bonne, Tyler doit néanmoins composer avec une mère toxicomane et un demi-frère ultra-violent qui l’oblige à cambrioler. Au cours d’un énième casse, ce dernier en vient même à poignarder une femme. Malheureusement, c’est la mère du clan Holt, famille de mafieux notoires. Le crime ne restera pas impuni. Pour le jeune Tyler commence alors une longue attente mêlée d’angoisse et de remise en question…
Dans ce thriller psychologique, Doug Johnstone décrit un univers des plus sordides où rien ne nous est épargné : drogue, alcool, maltraitance, crime, inceste. Un moyen extrême pour dépeindre les dégâts de l’addiction, la misère et les inégalités sociales, sans toutefois tomber dans le clivage stéréotypé des riches contre les pauvres. Ici, c’est plus la force morale qui va primer, et les éléments auxquels on se raccroche pour ne pas partir complètement en vrille.
Un roman dur qui interroge sur le bien et le mal en chacun de nous.
Notre note : ★★★☆☆
Merci beaucoup pour cette lecture d' »Avant que le monde ne se ferme ».
Amicalement,
Alain Mascaro
C’est nous qui vous remercions pour votre commentaire, Monsieur MASCARO.
Nous en sommes extrêmement flattés. Vous êtes le premier auteur qui réagit à l’un de nos coups de cœur, et ça fait tout bizarre !
Votre livre nous a beaucoup touchés. Nous aurions pu écrire davantage sur l’effet qu’il a eu sur nous.
Par exemple comment il a hanté nos nuits et nos rêves, chose rare pour un livre.
Mais il a fallu rester objectif et concis pour donner envie à nos abonnés de le lire sans trop en dire non plus.
Encore merci pour ces superbes moments de littérature, d’histoire, de voyage et d’humanité !
Nous serions tentés de vous demander « À quand le prochain ? » mais nous ne voulons pas vous mettre la pression non plus !