1. Une terrifiante aventure de Mickey Mouse : Horrifikland (cote : BD MIC / rayon jeunesse)
Glénat publie un nouvel album dans sa collection « Disney by Glénat » en collaboration avec le géant américain. Le neuvième depuis la parution en 2016 de Une mystérieuse mélodie. On y retrouve Lewis Trondheim au scénario, un habitué de la collection (trois albums sur neuf à son actif). Rien à redire au niveau de l’histoire. Trondheim respecte le cahier des charges d’une version luxueuse de Mickey Parade. Il s’amuse à accentuer les traits de caractère des trois héros : Mickey est un peu trop sûr de lui, Dingo stupidement drôle et Donald froussard à l’excès au lieu d’être colérique. C’est qu’il fallait bien un poltron dans la bande pour rendre comique l’exploration du parc d’attractions Horrifikland, dans laquelle les trois amis se sont embarqués. La mise en image est assurée par Alexis Nesme qui livre des cases magnifiques : couleurs chatoyantes, patine délicieusement vintage, et décors biscornus dignes d’un Tim Burton. Pour petits et grands !
Extrait à découvrir sur le site de l’éditeur
2. LE PRINCE ET LA COUTURIÈRE (COTE : BD WAN / RAYON ADOS)
Féminin, masculin, non-binaire… ces derniers temps, il est de bon ton de remettre le genre en question. Le prince et la couturière de la dessinatrice américaine Jen Wang surfe gentiment sur cette vague transgressive. Gentiment parce que l’approche n’est pas scandaleuse, qu’elle reste très grand public, et qu’elle n’est pas sexuellement orientée. On s’explique : dans une fin dix-neuvième idéalisée, le prince Sébastien de Belgique séjourne à Paris. Un grand bal est organisé pour que le jeune monarque choisisse sa future épouse. La nouvelle met en émoi toutes les demoiselles à marier. Ça c’est la version officielle. Parce qu’en coulisse, le prince reluque les robes des donzelles. Oui, vous avez bien lu : le prince Sébastien aime les robes. Il se travestit et court les nuits parisiennes en compagnie de sa nouvelle couturière, la dévouée Francès. Une amitié solide unit ces deux-là. Voire plus si affinité. Jusqu’au jour où le talent de Francès ne peut plus se contenter du secret…
Des héros attachants, une histoire tendre malgré une fin invraisemblablement tolérante pour l’époque décrite, le tout servi par un graphisme agréable qui n’est pas sans rappeler la patte Disney des années 60-70. Primé au festival d’Angoulême 2019.
3. Le dieu vagabond (cote : BD DOR / rayon adultes)
Que d’influences dans cette bande-dessinée de l’italien Fabrizio Dori ! Un véritable voyage visuel à travers l’histoire de l’art. Les cases magnifiquement travaillées sont autant de tableaux où se mêlent céramiques grecques, estampes japonaises, préraphaélisme, paysages « van-goghiens », fantastique « blakien », silhouettes « klimtiennes » et tant d’autres choses. La formation aux Beaux-Arts de l’auteur est palpable. Côté scénario, on est encore dans l’évocation des grands anciens : on pense à Nijinski dans l’Après-midi d’un faune, aux épopées antiques, à Dante, à John Milton… mais pas de façon grandiloquente. Plutôt avec malice et loufoquerie. Et un peu de nostalgie aussi. La nostalgie d’un âge d’or oublié, d’un monde païen où l’on communiait avec l’univers et avec le sacré. Eustis, le héros, n’est pas qu’un dieu maudit. Il n’est pas qu’un clochard céleste faisant l’apologie de la marginalité. Il représente cette part à la fois sauvage et divine que nous portons tous en nous. Une part qui ne trouve plus sa place dans ce monde désormais aveugle à la magie de la vie…