Pendant la Grande Guerre, à quelques centaines de mètres parfois de la ligne de front, les combattants inventent des chansons sur des airs populaires et jouent de la musique sur des instruments fabriqués avec des matériaux de récupération. La mobilisation a rassemblé dans les mêmes régiments musiciens des campagnes et concertistes, chefs d’harmonie et violoncellistes de salon, orchestres d’ici et d’ailleurs. Dans les tranchées, dans les bals avec travestis qu’on improvise après la bataille, on chante le désespoir et la révolte, la nostalgie aussi. La musique est la vie, l’antidote au malheur, au massacre, à l’interminable peine. Claude Ribouillault nous fait entrer dans ce monde parallèle, sur les scènes étranges du théâtre aux armées, des camps de prisonniers où la rage de rire n’est parfois que la rage de survivre. Ce sont des soldats de partout : Allemands, Italiens, Serbes, Anglais, Écossais, Français de France et des colonies… Ils créent des spectacles et constituent un répertoire de chansons joyeuses, dures, toujours plus désespérées à mesure que la guerre s’enlise dans les tranchées. Illustré par une collection unique de documents photographiques et d’instruments, ce livre étonnant sauve de l’oubli des visages et des mots, leur fol espoir de rester en vie.