Mégapoles surpeuplées, transports saturés, violence des rapports sociaux, totale soumission à la hiérarchie masculine : les Japonais, c’est bien connu vivent comme des fourmis. Inépuisable créativité, solidarité nationale, coutumes séculaires, sens de l’honneur et du service, perfectionnisme, discrétion et politesse : le Japon, c’est une évidence, est le joyau de l’Extrême-Orient. Paradoxe? Peut-être. Incompréhension? Certainement. Qu’on ne s’y trompe pas : l’Archipel, sorti exsangue de la Seconde Guerre mondiale, est devenu en l’espace de quelques décennies la deuxième puissance économique planétaire, le pionnier des innovations technologiques, une référence culinaire et un formidable creuset artistique. Pourtant, il demeure un nain politique et diplomatique. Cette contradiction, entre son rayonnement commercial, technique ou culturel et un pouvoir d’influence géostratégique étriqué, reflète l’ambivalence polymorphe de la civilisation nippone. Le Japon, qui cultive les contrastes, qui s’enorgueillit de marier harmonieusement modernité et traditions ancestrales, paraît illisible. Reste la réalité. Témoin alerte et passionnée, Karyn Poupée scrute la vie quotidienne des Nippons et décrypte les ressorts historiques et socioculturels du fonctionnement troublant de cette société unique. L’auteur peint ainsi, par petites touches, un tableau nuancé du pays du Soleil-Levant et de ses habitants. Génie de l’électronique, capitaine d’industrie philanthrope, mangaka, créateur d’humanoïdes, consommatrice insatiable, homme politique nationaliste ou yakusa, la galerie des acteurs du théâtre japonais est ainsi restituée dans toute sa diversité, sa subtilité et sa poésie.