Dans ce livre émouvant, tour à tour amusant et mélancolique, Alain Claude Sulzer décrit une jeunesse – la sienne ? – dans la banlieue de Bâle. Un monde de jardinets soignés où personne ne divorce et où une femme au volant fait sensation. Une mosaïque de souvenirs des années 1960 et 1970, et dont la paisible tranquillité pourrait s’avérer mortifère si ce n’était le regard plein de malice de l’auteur qui y insuffle de la vie par sa distance taquine.
C’est dans ce monde aux volets clos que le narrateur a grandi, un des trois fils d’une mère francophone maîtrisant mal l’allemand et d’un père qui a mis toute sa fierté dans sa maison à la modernité avant-gardiste. Le toit terrasse ne sera pourtant jamais vraiment étanche et le reste de la famille n’appréciera que moyennement le noir de jais des tapisseries et moquettes. C’est là aussi qu’il découvrira son homosexualité.
Dans de brefs flashs de mémoire, Sulzer se souvient peut-être lui-même de cours de danse classique où il était le seul garçon, de Mlle Zihlmann qui se faisait conduire à son travail par son père, ou encore de son entrée dans le monde du théâtre.