Un père taciturne et fantasque, une mère évanescente et rêveuse, tôt disparue, une race imaginative, véhémente et passionnée : tels furent les dons du Destin pour les trois soeurs qui allaient devenir, comme le dit Virginia Woolf, « les femmes les plus attirantes du roman anglais ». Elles étaient également douées pour tous les arts. Elles aspiraient ensemble, dès l’enfance, à donner une forme à leurs songes. Elles vécurent unies jusqu’à la mort, concentrées sur elles-mêmes comme un groupe d’exilés, dans un presbytère de campagne perdu sur la lande du Yorkshire. Si, des trois soeurs Brontë, c’est Emily qui possède au plus haut point l’art de donner la vie aux mots, l’identité de leur triple génie se révèle par cette violence à voix douce qui est le ton même de la tragédie. Comme les Parques ou les Charites, les Brontë sont indissociables. C’est ainsi qu’il faut les découvrir ou les relire. D’où la justification de ce volume.