Le 11 mai 2008, vers vingt-deux heures, Jean-Michel Bissonnet, soixante ans, riche homme d’affaires, rentre dans sa luxueuse villa de Castelnau-le-Lez, banlieue de Montpellier, après le repas hebdomadaire pris avec les membres du Rotary Club. Il y découvre Bernadette, son épouse, gisant sur le sol dans une flaque de sang. Sa voiture a disparu. Bernadette a été tuée par arme à feu. Très vite, Bissonnet et le vicomte Amaury d’Arcourt qui avait rendu visite à ce dernier l’après-midi du crime, orientent la curiosité des enquêteurs vers Meziane Belkacem, jardinier occasionnel du couple, lui aussi présent à la villa en ce jour fatidique. Son ADN ayant été trouvé mêlé au sang de la victime, il avoue avoir tué Bernadette avec un fusil à canon scié, lequel a disparu. Très vite, il met en cause Bissonnet comme commanditaire du crime – ce que celui-ci va nier farouchement – et implique le vicomte dans le complot. Interrogé, ce dernier finit par avouer avoir jeté l’arme du crime dans le Lez, rivière proche de la villa, où elle est retrouvée.
Se met alors en place entre les trois auteurs présumés de la mort de Bernadette une relation destructrice d’une rare violence, chacun en se démarquant des deux autres pour amoindrir son rôle ou en les installant froidement à sa place dans l’organisation du crime. Les expertises psychiatriques et psychologiques apportent seulement des clefs pour essayer d’arriver à la manifestation de la vérité.
Plutôt que de faire le récit du premier procès qui a eu lieu fin 2010 et qui, après appel, va être suivi en novembre 2011 d’un second, André Ferran s’attache à la complexité et à l’interaction de ces trois personnages venus d’horizons différents, qui jouent, à leur manière, le Huis-clos de Sartre, où « le bourreau c’est chacun de nous pour les deux autres ». La vérité, finalement, doit être trouvée derrière les postures, dans les faits eux-mêmes, car « seuls les actes décident de ce qu’on a voulu ». L’affaire Bissonnet autopsiée, les pièces anatomiques mises à la disposition du lecteur, c’est à celui-ci de construire son intime conviction, tel le juré qu’il aurait pu être.