Sur l’île d’Anjouan, Dérangé est un humble docker. Avec son chariot rafistolé et ses vêtements rapiécés, il essaie modestement chaque jour de trouver assez de travail pour se nourrir. Mais un matin, alors qu’il s’est mis à la recherche d’un nouveau client, Dérangé croise le chemin d’une femme si éblouissante qu’elle “ravage tout sur son passage”. Engagé par cette femme dans un défi insensé qui l’oppose au Pipipi (trio maléfique des trois dockers Pirate, Pistolet et Pitié), le pauvre homme va voir son existence totalement chamboulée.
Avec ce troisième roman, Ali Zamir confirme la place très originale qu’il occupe dans la littérature francophone, son don pour les récits incongrus et l’usage de mots rares. Dans Dérangé que je suis, la vitalité de sa langue se met au service de l’histoire tragi-comique d’un pauvre docker. Le mélange survitaminé des genres (on passe en un clin d’œil du drame à la farce) et la puissance ininterrompue des scènes font de ce roman-film virevoltant un bonheur de lecture. Dérangé que je suis, c’est tout à la fois la folie du Surmâle d’Alfred Jarry ou de Wacky Races, la tendresse du Voleur de Bicyclette et la conviction d’avoir trouvé un nouveau Pagnol sur une île de l’océan Indien.
Prix France Télévisions 2019.